Olivier Kaeppelin est chargé de la création d’un lieu consacré à la scène française dans la partie basse de l’aile ouest du Palais de Tokyo. Il fait le point sur ce projet
Où en sommes-nous du projet du nouveau Palais de Tokyo ?
Le 13 septembre est paru au Journal officiel l’arrêté qui met fin à l’affectation précédente. C’est la première étape qui nous permet d’avancer juridiquement. Le 8 octobre a eu lieu une réunion qui a permis de rédiger le texte stabilisé entre France Domaine [service de la direction générale des finances publiques] et le ministère de la Culture. Le bâtiment est désormais remis au ministère de la Culture pour réaliser le projet présenté en Conseil des ministres et remis en perspective par Frédéric Mitterrand lors de sa conférence budgétaire (lire p. 3). La convention définitive devrait être signée vers le 16 octobre. Nous sommes donc sur la ligne de départ. Bien sûr, nous avons commencé à travailler avec ceux qui ont porté ce projet, en premier lieu avec Marc-Olivier Wahler et l’équipe du Site de création contemporaine – site avec lequel nous avons envisagé un établissement unique ayant de nouvelles missions. Nous avons aussi travaillé sur les études architecturales à venir avec l’EMOC [Établissement public de maîtrise d’ouvrage des travaux culturels], qui va être chargé des premiers travaux, financés notamment par le plan de relance qui a permis l’apport de 1,5 million d’euros. L’EMOC a pris et va prendre un certain nombre de conseils auprès des architectes Patrick Bouchain et Lacaton & Vassal, deux grandes équipes, passionnantes, notamment sur les questions d’intervention dans des architectures déjà existantes.
Sera ensuite réalisé un plan-guide sur la manière dont on peut réaménager ce lieu à partir du cahier des charges. Nous sommes encore face à deux hypothèses : soit nous passons par des études de définition sur l’ensemble du bâtiment ; soit le plan-guide nous amène à l’idée que telle partie pourrait être traitée de manière différente de telle autre, ce qui pourrait en faire un laboratoire avec plusieurs équipes d’architectes. Le statut de société par actions simplifiée unipersonnelle [SASU] nous permettra de mettre sur pied ce que l’on appelle une procédure de dialogue compétitif, qui nous autorise à discuter étape par étape, sans dommage pour le choix final, avec les équipes qui ont été retenues.
Justement, le statut de SASU a-t-il déjà été déposé ?
Non, il est en cours d’écriture. Cela nécessite un certain nombre d’analyses juridiques et une mise sur pied des procédures afin que les équipes du Site de création contemporaine soient intégrées dans la SASU. Nous travaillons avec les services juridiques du ministère et un cabinet conseil spécialisé. Au niveau du ministère de la Culture et de la Communication, les choses sont cadrées, ce qui permet toute la mobilisation nécessaire. Le cahier des charges, les statuts de la SASU et le plan-guide architectural seront prêts successivement, le terme de l’opération étant janvier 2010. Nous pourrions commencer les travaux vers novembre 2010, avec comme objectif d’ouvrir les premières salles début 2012.
Qui sera actionnaire de la société ?
Nous avons décidé d’agir en deux temps : d’abord une SASU avec l’État comme actionnaire unique, puis avec la perspective, bien sûr, de l’ouvrir à d’autres opérateurs publics. La SASU devenant ainsi une société par actions simplifiée [SAS]. Il n’y aura pas d’opérateurs privés dans le capital de la société, car elle serait alors inéligible au mécénat, ce qui n’est pas envisageable. Avec Marc-Olivier Wahler, Mark Alizart et Agnès Wolff [dans l’ordre, directeur, directeur adjoint et administratrice du site de création contemporaine], nous avons déjà rencontré un certain nombre de mécènes potentiels, notamment dans le domaine du mécénat de compétence. Dans la SAS, nous souhaitons, avec l’équipe du site, faire entrer des opérateurs publics qui pourraient aider à la réalisation du projet, comme le Centre national des arts plastiques, des institutions de la Colline des musées, tout comme des établissements en région (centre d’art, FRAC ou musée). Nous aurons deux outils privilégiés pour associer les acteurs de l’art contemporain : le conseil de surveillance et le conseil d’orientation, qui enrichiront notre réflexion sur le plan des idées, qui joueront le rôle de garde-fou et feront des propositions pour que ce projet soit construit sur une gouvernance permettant des choix très libres, riches et ouverts. Il faut que ce lieu propose une offre qui soit différenciée de ce que d’autres proposent, à commencer par la très belle programmation du Musée d’art moderne de la Ville de Paris dirigé par Fabrice Hergott, avec qui, par ailleurs, nous envisageons des opérations communes.
Quelles seront les missions de ce nouveau lieu ?
Marc-Olivier Wahler, Mark Alizart, moi-même, mais aussi tous ceux qui nous ont aidés et nous aident à réfléchir, nous souhaitons consolider la mission existante concernant la création émergente, ouvrir et développer très activement la présentation de la deuxième mission consacrée à la scène française et ses artistes confirmés dans ses dimensions cosmopolites, multiculturelles, à un niveau national et dans une perspective internationale. Enfin, nous souhaitons qu’il soit un lieu de vie, à la suite de ce que, au Palais de Tokyo, Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud ont inventé. Nous avons observé des modèles comme le quartier Ouest à Zurich ou encore le quartier du Musée d’art contemporain à Lyon. Pour le Palais de Tokyo, le cœur en sera constitué par les arts plastiques, mais il faut aussi que ce soit un lieu ouvert sur la ville où l’on ait plaisir à s’attarder, à séjourner avec, par exemple, des centres de ressources comme des lieux de loisirs. Nous avons aussi commencé à travailler sur les parvis, en pensant l’indispensable fluidité des passages entre l’intérieur et l’extérieur. L’idée est de faire de ce parvis un lieu d’événements, d’art éphémère, mais aussi pérenne par rapport aux bassins par exemple, avec l’aide de la commande publique et dans un projet commun avec la Ville de Paris. Fabrice Hergott et David Kessler [conseiller en charge de la culture auprès du maire de Paris Bertrand Delanoë] y sont favorables et la collaboration avec la Ville de Paris est riche de promesses. Nous réfléchissons aussi à faire descendre le marché [Président-Wilson] sur le parvis. Nous allons travailler avec les architectes pour voir comment nous pouvons créer cette capillarité.
Envisagez-vous un programme de préfiguration ?
Oui. C’est avec les artistes que nous penserons et construirons ce projet, depuis les œuvres jusqu’aux politiques pédagogiques… Dans l’épisode précédent, un travail avait été commencé avec Tania Mouraud, et nous entendons le poursuivre. Ce sera la première préfiguration, qui sera fixée en 2010 à une date favorable pour l’artiste. Nous avons évoqué d’autres œuvres, qui, plus tard, pourraient prendre place de façon éphémère dans la friche. C’est pour cela que nous allons commencer tout de suite la mise en sécurité des espaces avec l’EMOC et Jean-Claude Dumont [son président], pour avoir les autorisations nécessaires pour faire ces préfigurations. L’objectif à terme est de faire de ce lieu, avec le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, un pôle ou plutôt un grand lieu de rendez-vous avec l’art moderne et contemporain de la Colline des musées et du Grand Paris.
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Entretien avec Olivier Kaeppelin, délégué aux arts plastiques au ministère de la Culture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : Entretien avec Olivier Kaeppelin, délégué aux arts plastiques au ministère de la Culture