PARIS - La pression monte, à quelques jours de la remise du rapport de la commission de réflexion sur l’avenir de l’hôtel de la Marine, à Paris, présidée par l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Le 28 juin, Alexandre Allard, l’homme par qui le scandale est arrivé, a enfin présenté à la presse son projet baptisé « la Royale ».
Allard est celui que l’historien Pierre Nora avait qualifié de « barnum commercial » dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde. « Sans jamais l’avoir vu ! », s’emporte Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la Culture reconverti, après son éviction du gouvernement, en éminence grise de l’homme d’affaires. Et pour cause. Le projet n’avait été dévoilé jusqu’à présent qu’à une poignée de happy few triés sur le volet. Dans un discours emporté et brouillon, Alexandre Allard a tenté d’expliquer son ambition de créer, dans un hôtel de la Marine qui serait « relooké » par Jean Nouvel, un lieu d’un genre nouveau, dédié au marché de l’art et à l’artisanat mais aussi à la musique, la littérature ou la gastronomie. Ce « lieu de création permanente », conçu comme un « écosystème de la création », serait financé en grande partie par de riches mécènes, qui, en contrepartie, pourraient jouir du privilège de dormir sur place dans la soixantaine de suites de luxe aménagées spécialement. Le duo le jure encore la main sur le cœur : jamais il n’aurait été question de transformer le lieu en hôtel. C’est pourtant bien ce type de projet mixte, associant commerces, espaces culturels et programmes hôteliers, qui sont développés à l’étranger, en Chine et au Brésil, par le Groupe Allard.
« Choc des cultures »
Pourquoi donc mener aujourd’hui cette opération de communication, après avoir entretenu si longtemps le mystère ? L’audition devant les membres de la commission aurait été difficile. « Un vrai choc des cultures, confesse l’ancien ministre de la Culture. On nous a enterrés, mais je veux croire à une résurrection. » En d’autres termes, susciter un retournement de l’opinion, dans un élan qui rappellerait l’abandon par François Pinault de son projet pour l’île Seguin. Car l’équipe Allard mise aussi sur la déception que pourrait susciter l’annonce de la décision de la commission sur le devenir de l’hôtel de la Marine. Valéry Giscard d’Estaing aurait ainsi rappelé à plusieurs reprises à la raison les membres de sa commission. « Dites-vous bien que, quoi que l’on vous dise, l’État n’y mettra pas un centime », martèlerait ainsi l’ancien président. Dans un tel contexte, les options envisageables se réduisent donc comme peau de chagrin et seuls les projets financés par les institutions candidates tiendront la route. À ce jeu, le Louvre est logiquement favori pour la valorisation des appartements historiques de l’hôtel. Et pour la partie arrière du bâtiment, qui comprend des milliers de mètres carrés de bureaux, tous les grands organismes de l’État, locataires de leurs locaux dans le secteur privé, du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, sans oublier le nouveau Défenseur des droits, auraient été contactés.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Dernier round