NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Les actions en soutien à l’Ukraine se multiplient, tout comme les boycotts de personnalités russes proches du pouvoir.
Depuis le début de l’invasion russe, les institutions culturelles new-yorkaises se sont mobilisées en soutien au peuple ukrainien : lecture de poèmes avant les représentations, concerts et performances, communiqués condamnant l’agression de Vladimir Poutine, mises à pied de personnalités et d’artistes liés au pouvoir russe, ou encore happenings et discussions font désormais partie intégrante du paysage artistique et culturel de la ville.
Le Met Opera aux premières loges
Lundi 14 mars, le Metropolitan Opera (Met) a organisé un grand concert de soutien à l’Ukraine. Le baryton-basse Vladyslav Buialskyi dont la famille vit à Berdiansk, port sur la mer d’Azov actuellement assiégé par les Russes, a chanté l’hymne national ukrainien en ouverture. « Même si je suis loin, je veux faire tout mon possible pour aider », explique-t-il.
Le 3 mars dernier, le Met faisait les gros titres pour avoir mis à pied sa soprane vedette, la russe Anna Netrebko. L’institution a suspendu son contrat pour deux saisons en raison du refus de la chanteuse de condamner explicitement Vladimir Poutine, dont elle est proche. Dans le même mouvement, le Met annonçait ne plus souhaiter s’associer avec des personnalités et des institutions soutenant le pouvoir russe. Il a depuis été suivi par la plupart des institutions culturelles de la ville.
Le Guggenheim pris pour cible
Dans l’après-midi du samedi 15 mars, une quinzaine d’artistes et d’activistes ukrainiens ont pris possession du Musée Guggenheim. Ils ont fait pleuvoir, sur les très nombreux visiteurs présents ce jour-là, plusieurs centaines d’avions en papier depuis le sommet du balcon qui serpente à l’intérieur de la grande rotonde. Le happening soutenait les demandes répétées du président ukrainien Volodymyr Zelensky aux pays membres de l’OTAN d’établissement d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine. « Cet avion est en papier, mais que se passerait-il s’il était en acier, s’il lâchait des bombes sur la tête de ceux que vous aimez … » pouvait-on lire sur les avions.
Les activistes n’avaient pas choisi le Guggenheim au hasard. La semaine précédente, le musée annonçait que l’un des membres de son conseil d’administration, l’oligarque Vladimir Potanine, un très proche de Vladimir Poutine, ancien Vice-président du gouvernement de la Fédération de Russie, avait démissionné de son poste. Le musée s’est refusé à commenter sa décision mais a exprimé son opposition à l’agression russe dans plusieurs communiqués depuis. « Potanine a rencontré Poutine une semaine avant l’invasion, il est directement impliqué », commente Betty Roytburd, l’une des artistes ayant préparé le happening.
Discussions, enchères et expositions
Le 27 février, la galerie moscovite Fragment, qui dispose depuis 2021 d’un espace à New York, a organisé une rencontre autour d’artistes, de curateurs et de galeristes russes, ukrainiens et bélarusses. L’artiste ukrainien Vladyslav Vladimirov y a notamment rappelé le rôle que les arts peuvent jouer pour sauvegarder et faire exister la « souveraineté historique et culturelle » de l’Ukraine auprès de la communauté internationale à l’heure où celle-ci est directement menacée par la propagande russe.
La crypto-artiste Olive Allen, russe vivant à New York, a mis aux enchères sur la plateforme d’échange de NFT (jetons non-fongibles) OpenSea l’image d’un petit ours bleu aux sourcils jaunes tenant une pancarte « Non à la guerre ». Elle fait partie des 59 artistes invités par le magazine Time et OpenSea à créer et donner des œuvres virtuelles pour lever des fonds en soutien à l’Ukraine.
Le 2 mars, le Musée Ukrainien de New York organisait une soirée spéciale de poésie et de musique qui s’est tenue à guichets fermés. D’après Maria Shust, sa directrice, le musée prépare actuellement une exposition de photographies documentant l’invasion russe. L’Institut culturel ukrainien, sis sur la 5e avenue, vient quant à lui d’inaugurer une exposition d’art textile honorant deux artistes originaires de Lviv. « Certains Ukrainiens nous ont reproché de monter une exposition en temps de guerre, rapporte Andrew Horodysky, en charge de la programmation culturelle de l’Institut. Mais nous devons continuer à diffuser notre culture, pour qu’elle reste vivante ».
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Comment la scène culturelle new-yorkaise répond à la guerre en Ukraine
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