Le chef d’orchestre russe de la Scala paie son amitié avec Vladimir Poutine

Les bruits de la guerre entre Moscou et Kiev masquent la musique qui retentit sous les voutes de la Scala. Ils ont fait une victime collatérale culturelle : son chef d’orchestre. Le russe Valery Gergiev n’a jamais caché son amitié avec Vladimir Poutine qu’il connaît depuis trente ans. Le maire de Milan Beppe Sala et le directeur du théâtre Dominique Meyer l’ont sommé par lettre de clarifier sa position à l’égard de la crise ukrainienne en plaidant en faveur d’une « solution pacifique ». Lors de la première de l’opéra de Tchaïkovski « La Dame de Pique » mercredi dernier, une partie du public l’avait déjà hué. 

Le musicien se mure dans un silence que certains jugent coupables. À commencer par le maire de Milan. « Nous n’avons reçu aucune réponse à notre lettre, on trouvera un autre maestro » pour les prochaines représentations de l'opéra le 5 et le 13 mars, a-t-il décidé en tant que président du conseil d'administration de la Scala. « Je ne veux pas juger, précise Beppe Sala, mais d’autres personnalités du monde de l’art ou du sport se sont exprimés contre la guerre ». 

La Scala n’est pas le seul temple de la musique qui se privera de ses services. La prestigieuse salle new-yorkaise Carnegie Hall, les opéras de Vienne, de Munich et de Rotterdam l’écarteront d’une série de représentations. Valery Gergiev ne perd pas seulement sa baguette de chef d’orchestre mais aussi son agent international. « À la lumière de la guerre criminelle perpétrée par le régime russe contre une nation démocratique et indépendante et contre la société européenne dans son ensemble, explique Marcus Felsner sur Twitter, il est devenu impossible et clairement inapproprié de défendre les intérêts du maestro Gergiev ».