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ENTRETIEN

Chantal de Singly, présidente des Nouveaux commanditaires : « Plus de 500 œuvres ont été réalisées »

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2024 - 750 mots

Grâce aux Nouveaux commanditaires, des citoyens commandent à des artistes des œuvres qui participent à l’aménagement de leur territoire.

Chantal de Singly. © François de Singly
Chantal de Singly.
© François de Singly

Chantal de Singly, présidente de la Société des Nouveaux commanditaires, revient sur le fonctionnement de ce dispositif qui permet à des groupes de citoyens de commander des œuvres d’art dans un contexte d’intérêt général.

Quelle est l’origine de cette association loi 1901 et sa structure actuelle ?

Pendant une trentaine d’années, la Fondation de France a géré ce dispositif, créé par l’artiste François Hers. La Fondation faisait le lien entre les commanditaires et les médiateurs qu’elle rémunérait. En 2020, la Fondation de France a souhaité passer la main ; une vingtaine de médiateurs et médiatrices se sont alors constitués en association pour continuer à piloter ce dispositif. Le ministère de la Culture a accepté de financer l’association par le biais d’une convention pluriannuelle, mais a souligné la nécessité d’adopter une gouvernance externe ; j’ai donc été nommée à sa présidence en 2022. Le conseil d’administration a également été élargi. Il compte désormais parmi ses membres des personnalités comme Alexia Fabre, la directrice de l’École des beaux-arts, Martin Béthenod, Jean-François Chougnet, Marie-Pierre Bouchaudy, l’artiste Marie Voignier

L’action des Nouveaux commanditaires permet à des particuliers de commander des œuvres d’art à des artistes dans un but d’intérêt général. Comment est-ce que cela fonctionne ?

Concrètement, on part d’une demande (aménager un nouveau quartier, construire des liens entre des habitants, valoriser un patrimoine…). Le rôle des médiateurs est de traduire cette demande en cahier des charges et de trouver l’artiste capable d’y répondre, puis de faire en sorte que l’œuvre soit produite.

Comment ce programme est-il financé ?

L’association a deux financeurs principaux, le ministère de la Culture et la Fondation de France. Nous sommes très heureux d’avoir trouvé un autre soutien du côté de la Fondation Daniel et Nina Carasso qui nous verse une subvention pour 2024 afin de développer notre action. Notre budget nous permet pour l’instant de financer deux salaires : un poste de direction et un chargé de mission. Nous avons besoin d’argent pour faire fonctionner l’association, mais il nous faut aussi des moyens pour produire les œuvres d’art. L’association des Nouveaux commanditaires finance l’amorce de la commande en rémunérant les médiateurs pour le temps qu’ils consacrent au dialogue avec les commanditaires, à l’élaboration du cahier des charges et à la recherche de l’artiste. L’étape d’après, la réalisation de l’œuvre, reste à financer, sachant que nous nous efforçons d’être vigilants en amont sur sa faisabilité.

Quels sont en moyenne les montants de production des œuvres ?

Ils s’échelonnent entre 40 000 et 100 000 euros. Nous ne fixons pas de plafond. Au démarrage, la Fondation de France finançait la réalisation et certaines œuvres ont pu excéder cette somme.

Combien d’œuvres ont-elles été réalisées depuis la création de ce dispositif, dans les années 1990, et constatez-vous une évolution des demandes ?

Plus de 500 œuvres ont été réalisées, dont 400 en France (les Nouveaux commanditaires ont également des relais en Belgique, en Allemagne, en Italie…). Les attentes reflètent les préoccupations qui traversent la société : le rapport à l’environnement, la biodiversité, le vivant sont des thèmes très présents. Les projets qui résultent de ces demandes sont souvent au croisement de l’art et de la science. Les réponses émanent d’artistes en dialogue avec des médecins, des chercheurs, comme l’œuvre Réespiration de Samuel Bianchini, qui sera inaugurée en octobre à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris.

Ces œuvres sont-elles documentées et peut-on consulter leur inventaire ?

Il existe une ébauche d’état des lieux sur le site belge www.nouveauxcommanditaires.eu. Nous sommes en train de travailler sur notre propre base de données. Il est évident que nous avons besoin d’un centre de ressources de tout ce qui a été produit, avec un classement par discipline, par lieu… La création d’un site Internet à jour est une de nos priorités et figure à ce titre dans la convention pluriannuelle signée avec le ministère de la Culture.

Que faut-il vous souhaiter pour les prochaines années ?

Nous avons besoin d’être mieux connus du public et davantage identifiés par les artistes comme acteur culturel. D’autant que le ministère de la Culture souhaite que l’expertise que nous avons développée puisse servir par exemple aux collectivités locales, dans le cadre de projets d’aménagement en relation avec les citoyens. Nous disposons d’un savoir-faire dans ce domaine. Pour que nous puissions le transmettre, il faut le formaliser. Pour l’instant, il existe une préparation diplômante au métier de médiateur à l’université de Lille. Nous étudions des partenariats avec d’autres universités.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°634 du 24 mai 2024, avec le titre suivant : Chantal de Singly, présidente des Nouveaux commanditaires : « Plus de 500 œuvres ont été réalisées »

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