Vol

Breitwieser rechute

Un récidiviste derrière les barreaux

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 13 avril 2011 - 595 mots

STRASBOURG

Après avoir écumé les musées entre 1995 et 2001, c’est dans les galeries et salles des ventes européennes que le voleur Stéphane Breitwieser aurait recommencé à perpétrer ses larcins. Interpellé le 7 avril, il a été mis en examen et incarcéré pour vol et recel aggravé. L’homme se serait livré à la revente via Internet.

STRASBOURG - Le voleur d’art en série qui sévissait dans les musées au cours des années 1990, Stéphane Breitwieser (âgé de 40 ans), a récidivé, repris par sa passion des œuvres d’art. Il été interpellé le 7 avril à son domicile de Marmoutier dans le Bas-Rhin et placé en garde à vue. Le lendemain, il a été mis en examen par le parquet de Strasbourg pour vol et recel aggravé d’objets d’art, avant d’être incarcéré. Il a reconnu une partie des faits. Sept autres personnes de son entourage parmi lesquelles sa mère, Mireille Stengel, son père et sa compagne actuelle, ont également été placées en garde à vue. Toutes ont finalement été remises en liberté sans charge.

Une enquête a été ouverte début 2007 par la section de recherche de la gendarmerie de Strasbourg, à la suite de la disparition d’un vase Gallé chez un antiquaire de Benfeld dans le Bas-Rhin où Breitwieser a fait un passage. En septembre 2009, l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) est co-saisie du dossier : l’homme est alors soupçonné d’avoir dérobé des tableaux et objets d’art chez des marchands européens, notamment en Belgique et en Allemagne où il visite galeries d’art et salles de ventes. Le 6 avril, une perquisition dans son appartement a permis aux enquêteurs de mettre la main sur plusieurs dizaines de tableaux et objets d’art. Au milieu du butin saisi, ont été retrouvées des œuvres d’art signalées comme volées dont une huile sur cuivre de l’école de Bruegel dérobée chez un antiquaire belge de Namur en 2009. À Sélestat, en Alsace, non loin du domicile de la mère de Breitwieser, les plongeurs de la brigade fluviale ont remonté une dizaine d’objets d’art (chandeliers, calices et autres pièces d’orfèvrerie) du fond de l’étang dans une propriété privée appartenant à une connaissance de Breitwieser. Ces objets pourraient provenir de vols plus anciens. 

Pulsions
Amateur d’art, Stéphane Breitwieser avait dérobé plus de 230 tableaux et objets d’art dans plusieurs musées européens entre 1995 et 2001 – un trésor évalué à près de 15 millions d’euros, en partie détruit. Il avait été arrêté en Suisse en 2001 où il a été condamné à quatre ans de prison ferme en 2003, puis à trois ans de détention dont dix mois avec sursis en France en 2005. Peu après son incarcération en Suisse, sa mère s’était débarrassée d’une centaine d’œuvres volées et dissimulées par son fils, en les jetant dans le canal Rhin-Rhône, et avait détruit plusieurs toiles précieuses parmi lesquelles un Cranach et un Bruegel. 

Lors de ses divers procès, Breitwieser est apparu comme un collectionneur-voleur compulsif : dévoré par sa passion pour l’art, il voulait se constituer une collection personnelle, comme il l’explique encore dans Confessions d’un voleur d’art, paru en 2006 (éd. Anne Carrière). Une psychothérapie entamée à sa sortie de prison ne l’a pas guéri de ses pulsions. Pire, sans emploi ni revenu et donc dans le besoin financier, Breitwieser aurait tiré bénéfice de ses derniers larcins. Lors de leurs investigations, les enquêteurs ont pu constater qu’il se livrait à la vente d’objets d’art sur Internet (un trafic non évalué) et qu’il possédait plusieurs comptes en banque approvisionnés. De quoi écorner l’image d’Arsène Lupin qu’il s’était forgée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°345 du 15 avril 2011, avec le titre suivant : Breitwieser rechute

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