Réprimée et surveillée par le régime chinois, la minorité musulmane Ouïghour voit aussi son patrimoine religieux détruit.
Sous prétexte de lutte contre le terrorisme islamique, l’Etat chinois mène une politique de répression et de marginalisation à l’encontre de la minorité musulmane ouïghoure. La langue et la religion de ce peuple turcophone sont les première cibles de Pékin, qui criminalise leur pratique afin d’en décourager l’usage. Depuis mars 2019, plusieurs sources s’inquiètent aussi d’attaques contre le patrimoine religieux des Ouïghours, en se basant notamment sur la comparaison d’images satellites.
Le 2 avril 2019, Shawn Zhang, un étudiant américain d’origine chinoise, poste sur Twitter deux images satellites du même lieu, à neuf mois d’intervalles, les accompagnant de ce texte « Où est passé la mosquée ? La mosquée Keriya Aitika, vieille de plus de 800 ans, a disparu début 2018, malgré son inscription au patrimoine architectural chinois fin 2017 ».
L’examen des photos laisse peu de doute, comme l’a vérifié le checknews du journal Libération : là où une large bâtisse projetait l’ombre de ses minarets, se trouve désormais un terrain vierge de toute construction. D’autres mosquées historiques du pays ouïghours soulèvent l’inquiétude des internautes.
Shawn Zhang connaît particulièrement bien le sujet de la répression des Ouïghours : c’est lui qui avait attiré l’attention des médias internationaux sur la multiplication des centres de détention dans la province du Xinjiang, en utilisant également des images satellites. Dans ces centres, les détenus sont soumis à un programme d’endoctrinement, quand ils ne subissent pas des traitements humiliants et des violences physiques.
La destruction des mosquées, qui selon certaines sources est systématique depuis 2017, s’inscrit dans une stratégie visant à effacer l’identité culturelle des Ouïghours : éradication des symboles, internement forcé, criminalisation des actes de piété.
La destruction du patrimoine peut aussi être une conséquence indirecte de la surveillance totalitaire des populations. Le centre-ville historique de la ville de Kashghar, un labyrinthe d’adobe vieux de 600 ans a été rasé en grande partie, laissant place à de grandes artères qui facilitent le travail de patrouille et de surveillance de l’armée.
L’ONG Human Rights Watch a dénoncé toutes ces pratiques. Le contrôle de la population par l’armée, qui vérifie notamment qu’une application de surveillance est bien installée sur les smartphones, est pointé par l’organisation comme une atteinte aux droits de l’Homme.
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Au Xinjiang, Pékin est suspecté de détruire des mosquées
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