LONDRES / ROYAUME-UNI
Une commission parlementaire dénonce son coût trop élevé et ses audiences trois fois plus faibles qu’attendues.
Lancé en 2018 par la Première ministre de l'époque Theresa May , le festival Unboxed: creativity in the UK devait célébrer la créativité britannique et « marquer ce moment de renaissance nationale » que représentait la sortie de l’Union européenne pour le Royaume.
Rapidement surnommé « le festival du Brexit », l’évènement a coûté 120 millions de livres sterling (près de 140 millions d’euros) et comprenait 10 projets artistiques, scientifiques et technologiques. Présentés dans une centaine de lieux à travers tout le pays, de mars à novembre 2022, ces événements gratuits prenaient la forme d’installations et d’expériences numériques comme un son et lumière immersif racontant 13,8 milliards d'années d'histoire du Big Bang au présent (About Us), d’un parcours sculptural de 8 km recréant le système solaire (Our Place in Space) ou d’une installation d’art (See Monster) sur une plateforme pétrolière désaffectée de la mer du Nord.
Selon des données récemment publiées, l’évènement n’aurait attiré que 18 millions de personnes au total, la plupart ayant regardé les manifestations sur Internet ou à la télévision. Un peu moins de trois millions de personnes se sont déplacées physiquement pour y participer. Ces chiffres sont très loin de l'objectif ambitieux de 66 millions de personnes fixé par le directeur de la création du festival, Martin Green, qui a quitté Unboxed le mois dernier pour organiser le concours de l’Eurovision qui se tiendra à Liverpool l'année prochaine. Le festival a semble-t-il souffert dès l’origine d’un problème de médiatisation, causé par l’image négative pour certains du Brexit et le manque de cohérence programmatique des projets.
L’échec est tel que la commission culturelle du Parlement a demandé à un organisme de surveillance des dépenses publiques, le National Audit Office, d'enquêter sur la gestion du festival pour comprendre « comment autant d'argent du contribuable a pu être dilapidé pour si peu en retour ». Le président de cette commission parlementaire, le député conservateur Julian Knight, a dénoncé à la BBC une « utilisation irresponsable de l'argent public », ajoutant que les chiffres définitifs représentant plus de 50 € déboursés par chaque visiteur, « ne font que confirmer l'opinion [de la commission] selon laquelle Unboxed a été un échec ». La commission a ainsi précisé que le coût du festival pour le contribuable britannique avait été quatre fois plus élevé que celui du Jubilé de Platine de la Reine Elizabeth en juin dernier.
Le directeur exécutif du festival, Phil Batty s’est défendu en parlant de « véritable investissement pour le contribuable », mettant en avant l’accès gratuit à la culture pendant ces huit mois. « Le programme a permis de créer des milliers d'emplois, non seulement dans le secteur culturel, mais aussi dans les domaines de la science, de la technologie, de l'ingénierie et dans les communautés locales. Il y a donc un retour sur investissement, à la fois en termes de participation culturelle et de bénéfices […] pour les endroits où nous sommes allés » a-t-il justifié au Guardian.
Stuart Andrew, ministre du tourisme et de la société civile a également abondé dans ce sens en déclarant que le festival avait « attiré de nouveaux publics vers les arts et la culture » et Martin Green l'a décrit comme le « plus grand et le plus ambitieux programme créatif public du Royaume-Uni à ce jour ».
Le rapport du National Audit Office est quant à lui attendu pour la semaine prochaine.
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Au Royaume-Uni, le « Festival du Brexit » sous le feu des critiques
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