La foire Art Brussels attire de grosses pointures européennes du 23 au 26 avril dans la capitale belge. De prestigieuses galeries berlinoises et londoniennes font leur entrée.
Elle a tout d’une grande. Cette publicité automobile sied à Art Brussels, la petite foire qui monte, qui monte. Les progrès d’un salon sont souvent liés à la réputation de la ville qui les accueille. La Foire internationale d’art contemporain (FIAC) en sait quelque chose, avec le buzz positif autour de Paris. De même, l’image de Bruxelles ne se limite plus au spleen du Chagrin des Belges d’Hugo Claus, ni à la Pauvre Belgique ! de Baudelaire. L’installation des galeries Barbara Gladstone (New York), Almine Rech (Paris) et Nathalie Obadia (Paris), tout comme celle des artistes Kendell Geers ou Jota Castro, profite par ricochet à Art Brussels, dont la liste a fait un bond de géant.
L’arrivée de très bonnes galeries berlinoises, à l’image de Sprüth Magers ou Esther Schipper, se double de celle de prestigieuses enseignes londoniennes, telles Maureen Paley, Annely Juda et Lisson. Pourquoi ce sursaut ? Pour le galeriste Rodolphe Janssen (Bruxelles, lire p. 27), la raison est simple : « Ils viennent voir pourquoi Gladstone s’est installée à Bruxelles et veulent rencontrer les collectionneurs belges qui, en 2008 et 2009, ont beaucoup acheté sur Art Basel Miami Beach, par exemple. »
Walter Vanhaerents a, ainsi, acquis une grande pièce de Farhad Moshiri en 2008, à Miami, chez le nouvel arrivant parisien Emmanuel Perrotin. La New galerie (Paris) s’est décidée suite à l’achat, sur la FIAC, d’une pièce de Ray Trecartin par le collectionneur belge Philippe Libert. Celui-ci avait aussi réservé le stand entier de la galerie Neue Alte Brücke (Francfort) sur la foire londonienne Frieze en octobre dernier.
La participation de Maureen Paley a été motivée par l’intérêt des amateurs locaux pour certains de ses artistes, comme Banks Violette ou Liam Gillick. Pour Tina Wentrup (Berlin), qui présentera notamment David Renggli et Timm Ulrichs, « la France et la Belgique sont actuellement les marchés les plus forts en Europe. Nous en avons conscience depuis deux ans. Nos confrères berlinois commencent à s’en rendre compte maintenant. »
Passage obligé
La foire est de fait l’un des rares événements européens à profiter de la crise. D’après Karen Renders, sa directrice, les galeries anglo-saxonnes explorent de plus en plus le marché continental. « Elles ne veulent plus expérimenter des foires exotiques et, plutôt que payer dix ans pour créer un marché, elles veulent aller là où le marché existe déjà », renchérit Rodolphe Janssen. Le tarif particulièrement raisonnable des stands n’est pas non plus pour déplaire par les temps qui courent ! Les coûts permettent d’ailleurs aux galeries de prendre le risque d’expositions personnelles, du moins sur une partie de leurs stands, comme Michel François chez Xavier Hufkens (Bruxelles), Henrik Samuelsson chez Laurent Godin (Paris) ou Julien Prévieux chez Jousse Entreprise (Paris).
Mais surtout, pour les Parisiens comme Praz-Delavallade et Lelong, les foires sont devenues des passages obligés. « Nous faisons près de 40 % de notre chiffre sur les foires. Si nous ne participons pas à Bruxelles, nous laissons les clients aux autres », remarque Jean Frémon, codirecteur de la galerie Lelong, laquelle prévoit notamment un mur de dessins de Barthélémy Toguo. Le buzz, qui a dopé la liste des participants, pourrait aussi diversifier la clientèle. « Bruxelles récupère les nouveaux acheteurs parisiens qui n’ont pas forcément les codes d’accès de la foire de Bâle et qui pensent que les œuvres y sont forcément chères, alors qu’à Bruxelles non », constate Nathalie Obadia.
Persévérance
Si l’événement conserve ses secteurs habituels, on s’étonne de retrouver, dans la section « First Call » dédiée aux jeunes galeries, des marchands plus que chevronnés comme Miguel Abreu (New York), qui arrive avec les artistes Pieter Schoolwerth et Rebecca Quaytman, ou encore Chez Valentin (Paris). Malgré son échec commercial de l’an passé, Triple V (Dijon) récidive dans la section « Young Talent », avec les artistes Sylvain Rousseau, Olivier Babin ou Blair Thurman. « Ce ne fut pas un bon cru pour nous, mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas viable, indique le codirecteur de la galerie, Vincent Pécoil. Artissima [à Turin], par exemple, fut un échec voilà deux ans, mais je ne pense pas qu’il faille la retenter. Je n’ai pas le même sentiment pour Bruxelles. »
Du 23 au 26 avril, Brussels Expo, Halls 1 et 3, 1, place de Belgique, Bruxelles, www.artbrussels.be, tlj 12h-19h. Catalogue, 25 euros
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Art Brussel : dans la cour des grands
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Abonnez-vous dès 1 €Directrice : Karen Renders
Nombre d’exposants : 170
Tarif des stands : 215 euros le m2
Nombre de visiteurs en 2009 : 28 120
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°323 du 16 avril 2010, avec le titre suivant : Art Brussel : dans la cour des grands