PARIS
Le philanthrope dresse un premier bilan de son fonds de solidarité et donne son point de vue sur l’impact de la crise.
Le 10 avril dernier Antoine de Galbert annonçait la création d’un fonds de solidarité « pour soutenir le plus possible associations culturelles ou collectifs d’artistes ». Cinq semaines plus tard, le président de la Fondation Antoine de Galbert dresse un premier bilan du programme et donne son point de vue sur le soutien à la scène artistique.
Combien d’aides le fonds de solidarité a-t-il déjà distribuées ?
Je voudrais d’abord préciser que je n’ai pas mis en place un fonds de dotation comme j’ai pu le lire récemment. J’ai simplement reporté les actions habituelles de la Fondation qui est reconnue d’utilité publique pour agir d’urgence en faveur d’artistes en difficulté par le biais d’associations qui les regroupent. En trois semaines nous avons reçu 500 à 600 demandes d’aide qui nous forcent à des arbitrages bien difficiles. La fondation a déjà répondu favorablement à une quarantaine d’entre elles dans une limite plafonnée à 5 000 euros. L'objectif d’en soutenir une centaine sera atteint et représentera une aide globale d’un peu plus de 400 000 euros, dont environ 10 % en provenance de mécènes privés.
Les aides peuvent aussi bien s’adresser aux pensionnaires de l'EHPAD de La Maison des artistes ou aux résidents des Ateliers de la Ville de Paris, qu’à des associations regroupant des artistes sur tout le territoire. Nous avons aussi soutenu une dizaine de structures à l'étranger (Cameroun, Afrique du sud, Cuba, Haïti, Palestine...).
Les très nombreuses demandes reçues m’ont fait prendre conscience de l'importance extraordinaire du tissu constitué par ces milliers d'associations disséminées sur tout le territoire, le plus souvent animées bénévolement et dont nous ne voyons que le sommet de l'iceberg dans les musées et les galeries parisiennes.
Le soutien des mécènes ou des collectionneurs à la scène artistique et culturelle ne passe-t-il pas aussi d’ailleurs par l’achat d’œuvre ?
La fondation ne collectionne pas, c’est pourquoi nous avons opté pour cette forme de soutien aux artistes. Votre question concerne donc mon activité de collectionneur privé. Sauf cas particuliers d’amis artistes très proches, je n’achète pas pour aider, mais parce que j’ai besoin d’une œuvre, c’est elle qui m’aide à me comprendre dans le monde. J’ai acquis 3 000 œuvres ou objets depuis plus de 30 ans, je ne vais pas me mettre à en acheter plus maintenant, mais je continue.
Qu’est-ce qui peut émerger de cette période ?
Je n’en sais fichtre rien. Pour les galeries cela va être très dur surtout pour celles de tailles moyennes qui sont souvent plombées par des loyers importants et qui souffraient déjà avant le Covid-19. De toute façon, il y a trop de galeries, trop de foires. L’offre est cent fois supérieure à la demande. J’ai eu autrefois une galerie à Grenoble. Lors de la crise de 1991, je n’ai rien vendu pendant un an. Je m’en suis sorti grâce à deux ou trois cacahuètes que j’avais de côté, sinon j’aurais fermé immédiatement. Le monde des galeries évolue dans des économies tellement disparates qu’il est difficile de s’en faire une idée objective, mais nous souhaitons tous qu’un maximum d’entre elles s’en sorte.
Concernant les artistes, Il serait choquant de dire qu’il y en a trop, car leur nombre de plus en plus important est un signe fort de développement culturel, mais il y en a en tout cas trop qui revendiquent un statut social que nous ne pourrons pas techniquement leur donner. Un système comparable à celui des intermittents qui aide des milliers d’artistes de l’art vivant, ne serait pas imaginable pour les arts plastiques. Vivre dans un monde artistique non-salarié est un choix personnel, social, économique, politique… car vendre une œuvre d’art contemporain restera toujours un miracle.
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Antoine de Galbert : « il y a trop de galeries, trop de foires »
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