La Maison nationale des artistes compte six décès liés au Covid-19

Alors que les maisons de retraite sont très affectées par l’épidémie de Covid-19, la Maison nationale des artistes à Nogent-sur-Marne n’a pas été épargnée. Cet Ehpad géré par la Fondation des artistes (ex FNAGP) accueille depuis 1945 des artistes vieillissants grâce au vœu de Madeleine Smith-Champion et de Jeanne Smith qui en contrepartie du legs de leur propriété, souhaitaient la voir affectée « à la création d’une maison de retraite pour des artistes et des écrivains ». 

Depuis, les résidents sont plasticiens, musiciens, écrivains ou poètes et côtoient la jeune garde de l’art contemporain séjournant en résidence ou travaillant dans les ateliers installés dans le grand parc de la propriété. La maison de retraite jouxte en effet le centre d’art contemporain de la Maison d’art Bernard Anthonioz. Tout dans la résidence est organisé pour que ces retraités puissent conserver une activité artistique. D’ailleurs, le couloir et le salon principal accueillent constamment des expositions, généralement des œuvres de résidents ou d’anciens résidents comme les toiles bleues de Jacques Monory (1924–2018), mort entre ces murs.

18 décès depuis le 15 janvier
En début de pandémie, la résidence accueillait 77 artistes retraités dont la moyenne d’âge était de 88 ans. Alors qu’une campagne de dépistage a été menée auprès des résidents du 6 au 16 avril, les résultats ont révélé que 13 résidents étaient positifs. Le premier résident a été hospitalisé le 1er avril avec des symptômes du Covid-19, et emporté en moins de 48h. 

Trois autres pensionnaires testés positifs ont été hospitalisés dans les jours qui ont suivi et sont décédés à l’hôpital. Aujourd’hui six sont malheureusement décédés et quatre dans un état grave à l'hôpital de Nogent-sur-Marne. Alors qu’une source interne qui désire garder l’anonymat, sonnait l’alerte de 18 décès, Laurence Maynier, directrice de la Fondation des artistes clarifie la situation. « Parmi les 18 décès qu'évoque votre source, 6 se sont avérés liés au covid-19, explique-t-elle. Or, nous avons eu à regretter 12 autres décès intervenus depuis le 15 janvier à la Maison nationale des artistes dont 4 de ces victimes avaient été testées négatives au virus, les autres, ne présentant pas de symptôme du coronavirus, n’avaient donc pas été testés avant le début de la campagne systématique ». 

La disparition du médecin coordonnateur
Juste avant la pandémie, la Maison des artistes a eu aussi à regretter en janvier, le décès de son médecin coordonnateur qui était hospitalisé depuis décembre. « La procédure de recrutement d'un nouveau médecin a été interrompue par la pandémie, précise Laurence Maynier.  Nous n'avons cependant, et fort heureusement, pas eu de difficultés grâce à l'investissement des médecins traitants des résidents et, tout particulièrement, de deux d'entre eux qui se sont rendus disponibles et ont par exemple, établi les ordonnances pour la campagne des tests ». Aujourd’hui, la maison de retraite travaille « à une reprise progressive d’activités à caractère culturel, comme des concerts organisés dans le parc et accessibles depuis les fenêtres des résidents ou des rendez-vous téléphoniques poétiques organisés par le Théâtre du Châtelet », souligne Laurence Maynier. L’objectif est de renouer progressivement avec l’activité culturelle précieuse pour le bien-être des résidents.