Professionnels français et étrangers analysent le marché de l’art. Domaine par domaine, ils évoquent les ressorts qui le feront rebondir dans les mois qui viennent.
Martin Bethenod, commissaire général de la FIAC, auteur du rapport en faveur du développement du marché de l’art en France
Remis en mars 2008, le rapport que m’a commandé à la fin de 2007 Christine Albanel, ministre de la Culture, avait pour but de lancer des pistes pour redynamiser le marché de l’art en France, renforcer sa compétitivité, valoriser ses acteurs. Pour l’ensemble des propositions retenues, il s’agissait de prendre en considération les enjeux de politique culturelle forts, non seulement en termes économiques mais aussi du point de vue du rayonnement international de la France ou de l’enrichissement de son patrimoine. Le développement des collections privées en était un des grands axes. Plusieurs mesures sont en train d’être mises en place, telle celle permettant aux petites et moyennes entreprises ou aux professions libérales d’acquérir des œuvres d’art par un mécanisme d’incitation fiscale attractif. Concernant l’évolution du volet réglementaire ayant pour objectif de moderniser les conditions d’exercice de l’activité de ventes volontaires publiques, les choses avancent plus lentement, notamment parce qu’elles dépendent d’une concertation interministérielle.
Marc Blondeau, courtier à Genève
Depuis quelques années, nous étions en pleine crise. Celle-ci commence par une spirale ascensionnelle des prix. La correction arrive très tard, elle aurait dû commencer il y a deux ou trois ans. Les gens sont actuellement anesthésiés. Il y a une difficulté psychologique, un peu comme le choc post-11 Septembre. Les collectionneurs ont l’esprit ailleurs et cela durera jusqu’à l’été prochain. Ils vont se réveiller, s’habituer et s’adapter à la crise. Les collectionneurs auront plutôt des demandes sur mesure, pour compléter telle ou telle période. Il faudra six à neuf mois pour que le marché se corrige et trouve son seuil de résistance. Trois séries de ventes seront nécessaires avant d’avoir de nouvelles références de prix pour certains artistes. Pour les artistes reconnus, il y aura une rectification de 10 % à 25 %. Pour les choses plus spéculatives, celle-ci sera plus sévère, de 35 % à 50 %. Damien Hirst va en prendre plein la figure car il a trop produit. Les maisons de ventes auront un produit de vente diminué de moitié et devront baisser leurs estimations. Mais vendre à 20 % ou 30 % en dessous des anciennes estimations, lorsque celles-ci étaient énormes, c’est déjà très bien. Qu’un tableau d’Agnes Martin qui, voilà quatre ans, valait dans les 750 000 dollars chez Pace Wildenstein (New York), se vende pour 1,5 million de dollars au lieu de 2,5 millions, qui s’en plaindra ? On reverra aussi des artistes en retrait du marché comme Charles Ray, Peter Saul ou Ed Kienholz.
Guillaume Cerutti, P.-D.G. de Sotheby’s France
Dans un contexte de crise économique et financière, j’ai le sentiment que le profil de l’année 2009 dépendra de la capacité du marché de l’art à proposer à la vente des œuvres d’art de très grande qualité, à la provenance irréprochable, et avec des estimations de prix réalistes. Ce marché est désormais guidé par les acheteurs, qui sont en quelques mois redevenus des acteurs essentiels. C’est pourquoi Sotheby’s continuera d’axer sa politique sur l’excellence, à l’image de notre fin d’année 2008, où nous avons réalisé coup sur coup deux records mondiaux, l’un pour un exceptionnel dessin de Georges Seurat, l’autre pour un tableau historique de Pierre Soulages. Sans parler du succès de la vente de la collection Levy, dispersée quelques semaines auparavant. Et j’espère que la réforme de la réglementation que tout le monde attend sera rapidement concrétisée, et apportera au marché de l’art français le « relais de croissance » dont il a tellement besoin. La possibilité de réaliser des ventes privées serait notamment un instrument particulièrement utile dans la période actuelle.
Jean-Marc Decrop, expert en art contemporain chinois et commissaire d’exposition
L’art contemporain chinois a vu ses prix littéralement exploser à partir du printemps 2005. Les prix des tableaux des dix premiers artistes chinois, qui valaient 5 000 à 10 000 dollars au milieu des années 1990, sont montés à 60 000 dollars à la fin des années 1990 et jusqu’à 2 millions de dollars à la fin de l’année 2007. La crise financière a entraîné une correction de 40 % à 50 % sur ces prix, visible notamment dans les ventes publiques de Hongkong de l’automne 2008. Celles-ci ont affiché des taux d’invendus de 30 % à 40 %, des chiffres somme toute comparables à ceux des artistes occidentaux. C’est la fin d’une exubérance, mais il reste une base solide. Pour les artistes historiques précurseurs comme Zhang Xiaogang, Liu Xiaodong ou Liu Wei dont les œuvres novatrices antérieures à 2000 sont rares, la demande à venir est considérable, notamment de la part des futurs musées publics et privés chinois et internationaux. La crise va créer une réévaluation des œuvres des différents artistes (certains seront confirmés, d’autres oubliés) et va donner sa chance à la nouvelle génération très créative.
Laurence Graff, joaillier basé à Londres
Le premier semestre de 2008 a été vraiment très bon pour l’industrie du diamant. L’heure des réajustements a sonné en septembre avec l’annonce de la crise économique mondiale. Mais même pendant des périodes de difficulté financière, les gens continuent d’acheter des bijoux comme valeur refuge. C’est plus sûr que de placer son argent en Bourse, où il risque de s’envoler à tout moment. Avec le temps, les diamants, plus qu’aucune autre pierre précieuse, voient leur valeur augmenter. Si la demande en diamants porte sur des pierres pesant en moyenne 5 à 12 carats, nous continuons à vendre de façon régulière d’importantes gemmes, c’est-à-dire de 20 carats et plus, partout dans le monde. Actuellement, nous avons un diamant blanc de forme poire de 100 carats D Flawless, soit d’une couleur et d’une pureté parfaites. Pour cette pierre baptisée « le Flame », il a fallu un an de taille et de polissage avant de parvenir à un tel résultat à partir d’une pierre brute de 225 carats. Il y a toujours quelqu’un qui cherche un gros et beau diamant.
Sandy Heller, conseiller en art auprès de gestionnaires de « hedge fund »
2009 sera une gageure, mais on verra aussi une augmentation des choses de qualité disponibles sur le marché. Certains devront vendre des œuvres, n’oublions pas que nous sommes dans une tempête financière. Je pense qu’à un très haut niveau il y aura des pièces à acheter, et qu’à ce niveau-là les prix resteront forts. Les artistes ne seront pas non plus dans l’urgence de produire. Les nouvelles œuvres qui sortiront seront plus profondes et réfléchies. La plupart des grands mouvements sont nés en période de crise. Même s’ils viennent du monde de la finance, mes clients sont encore intéressés. L’art fait partie de leur vie, ce n’est pas juste du luxe ou de l’investissement. Leur idée est de construire un héritage, un patrimoine. On regarde tous les jours les œuvres offertes. Nous avons acheté ces derniers mois, mais moins il est vrai. Je pense aussi que les gens auront moins confiance dans l’idée de mettre des œuvres en ventes publiques et qu’il y aura plus de ventes privées.
Philip Hoffman, président du Fine Art Fund basé à Londres
Les très bonnes œuvres, celles valant entre 1 et 10 million(s) de dollars et qui sont fraîches sur le marché, engendreront encore des records en 2009. Concernant l’art contemporain, le premier marché restera assez fort pour les artistes établis. Le second marché en revanche sera calme et les gens les plus fortunés ne vont rien vendre, car ils savent qu’il y aura un réajustement à la baisse des prix de l’ordre environ de 30 %. Pour certaines œuvres, comme les trop nombreux Richard Prince ou les Damien Hirst récents, on peut même s’attendre à une baisse des prix de 50 %. Les pièces anciennes de Hirst, datées de 1995-1996, pourront encore rapporter de l’argent. Plus généralement, toutes les œuvres produites en masse, sans valeur ajoutée en termes de rareté ou d’innovation, verront leurs prix baisser. En revanche, le marché de l’art ancien va rester stable, voire progresser de 5 % à 10 % pour les pièces dont la valeur s’échelonne entre 1 et 5 million(s) de dollars. Il y aura des affaires à faire dans l’impressionnisme et l’art moderne. L’art chinois ou indien souffrira aussi, car c’est un marché de spéculateurs. Seuls 5 % de notre portefeuille d’œuvres ont perdu de leur valeur. Notre fonds n’avait par exemple dépensé qu’un million de dollars dans l’art indien. Je crois que 2009 offrira les meilleures opportunités d’achat que l’on puisse imaginer au cours des dix prochaines années. Nous avons 60 % de « cash » dans notre fonds et nous comptons acheter dans tous les domaines.
Nicolas Iljine, vice-président du développement international de Global Cultural Asset Management, société créée par Thomas Krens
Je pense que la proportion d’acheteurs russes baissera de 15 % à 25 % dans les douze prochains mois. Les prix de l’art russe chuteront de 30 % aussi bien en galerie qu’en ventes publiques, et les collectionneurs sérieux continueront à acheter les meilleures pièces. D’un autre côté, l’émergence de femmes puissantes comme Daria Joukova et Maria Baibakova encouragera de nouveaux collectionneurs. Daria Joukova m’a confirmé qu’elle continuerait à acheter. Maria Baibakova a récemment publié l’édition russe de Owning Art [éd. Cultureshock Media Ltd., 2006] de Louisa Buck et Judith Greer, un ouvrage qui a été bien reçu par une majorité de collectionneurs russes. Le nombre de riches Russes augmente même si les grandes sociétés ont été touchées par la crise. Mis à part les fameux oligarques, il ne faut pas oublier que la Russie compte 30 milliardaires et plusieurs milliers de millionnaires, et deux événements récents attestent de leur souhait d’acheter et de se divertir. La Foire des millionnaires de Moscou fut bien fréquentée et, lors de l’ouverture du Concert Hall Barvikha, 900 personnes ont payé entre 700 et 5 000 dollars pour un concert d’Elton John.
Didier Krzentowski, galeriste de design à Paris
En art comme en design, nous avons vécu quatre à cinq années extrêmement clinquantes, où certains artistes et designers ont répondu au marché avec des produits « marketés ». J’espère que ce temps est révolu. En 2009, on reviendra vers des pièces plus réfléchies, des valeurs réelles. Il y aura aussi des renversements dans les salons de design. À la FIAC, la section de design à huit galeries fonctionne bien. Les autres foires comme Design Miami et Bâle ou Design Art London devront faire des choix stratégiques, éviter peut-être ce qui s’apparente à de la décoration. Tous les designers qui ont connu de fortes hausses en ventes publiques vont accuser de graves secousses. Mais Mark Newson est serein. Il doit avoir moins d’une soixantaine de pièces en série limitée. Il n’est pas impossible qu’on lui produise demain une exposition avec un matériau dont le prix serait différent de celui des autres pièces. Pour l’instant en tout cas, je n’ai aucune raison de ne pas continuer à produire. Nous avons néanmoins planifié l’an prochain une baisse dans les ventes. Nous avions profité des achats des gens issus de la mode, lesquels se sont, depuis, retirés du marché. Mais je ne changerai pas mes prix pour autant. Globalement, hormis Newson, nos tarifs plafonnent à 50 000 euros. Il est toutefois possible que nous montrions aussi d’autres choses. Il faut donner à nouveau envie aux gens, qu’ils n’aient pas peur.
Dimitri Mavrommatis, homme d’affaires et collectionneur grec installé à Genève
Bien conseillé, je n’ai pas été touché par la crise à laquelle je m’attendais depuis quelque temps. Je n’ai jamais beaucoup cru dans les fonds de placement et je me suis séparé de mes investissements en actions à temps. À l’été 2007, j’ai pris la décision de me séparer de ma collection de tableaux anciens, laquelle s’est extrêmement bien vendue chez Sotheby’s à Londres en décembre de la même année. Quelques mois plus tard, en juillet 2008, cela a été le tour des meubles et objets XVIIIe de ma résidence londonienne. J’habite Genève à présent. Aujourd’hui, il faut attendre que la tempête financière passe. Mais dans ce contexte, je continue à collectionner. Je reste féru de mobilier XVIIIe, mais j’aime aussi m’entourer d’art moderne et d’après guerre partout où je vis. En mai 2008, j’ai acheté de gré à gré un Pope (1957) de Francis Bacon et, en juillet, une grande éponge d’Yves Klein chez Sotheby’s à Londres pour 1,55 million de livres sterling (1,9 million d’euros). Puis, à la FIAC 2008, je me suis fait plaisir en emportant un Concetto spaziale de Lucio Fontana proposé 4 millions d’euros par la galerie florentine Tornabuoni Arte ; un « tableau fleur » de Marc Quinn (galerie Hopkins-Custot, Paris) ainsi qu’un dessin de Pablo Picasso (Van De Weghe Fine Art, New York).
Jérôme de Noirmont, galeriste à Paris
Les acteurs du marché de l’art réalisent aujourd’hui combien nous avons tous été gâtés ! Nous avons fait une année record en 2008, mais actuellement, nous vendons principalement des œuvres en dessous de 100 000 euros. Au-dessus, la rapidité d’acquisition a bien changé ! Le travail ne se ralentit pas, à l’inverse du commerce. Je m’attends à une baisse de chiffre d’affaires conséquente. J’ai, du coup, changé ma stratégie en galerie en supprimant les expositions dont les coûts de production seraient trop lourds en début d’année. J’avais prévu un solo show en février-mars, mais je me suis dit que le contexte serait peut-être difficile avec la publication à ce moment-là des bénéfices des entreprises. Je ferai donc une exposition de groupe très pop, fraîche, gaie. J’ai prévu en avril un jeune artiste, Benjamin Sabatier, qui travaille sur le rapport de l’art avec les systèmes économiques actuels de consommation, de production et de distribution, et dont les prix des œuvres sont inférieurs à 8 000 euros. Une vraie expo d’actualité ! Mais je pense qu’au final les galeries s’en sortiront mieux que les maisons de ventes, dont la supposée neutralité n’est plus évidente aux yeux des collectionneurs. Les galeries françaises devraient aussi être moins touchées que leurs homologues américaines ou britanniques car elles ont moins joué des effets de marketing et ont été moins expansionnistes. Enfin, de vrais collectionneurs, qui n’arrivaient plus à acheter depuis deux ans à cause des prix faramineux, commencent à revenir. On s’achemine vers une normalité !
François de Ricqlès, vice-président de Christie’s France
La collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé sera dispersée les 23, 24 et 25 février en cinq ventes dirigées par Christie’s en association avec la maison Pierre Bergé & associés. Elle est estimée raisonnablement 200 à 300 millions d’euros au total. C’est une grande satisfaction que la vente ait lieu à Paris. Ces deux esthètes à la personnalité forte, guidés par leur goût et leur culture, leur intelligence aussi, ont eu le courage d’acheter en dehors des modes. Ils ont collectionné en privilégiant toujours la qualité : choix des artistes, des sujets, des dates d’exécution, et avec le souci de l’état de conservation des œuvres comme celui de leur provenance. Je n’ai jamais vu une telle accumulation d’œuvres fabuleuses. C’est une collection avec un grand « C ». On pourrait dire que, avec tout l’argent du monde, il serait sans doute impossible aujourd’hui d’acquérir un ensemble comparable. Dans le contexte actuel, je ne doute pas du résultat de cette vente, mais, compte tenu de son caractère exceptionnel, servira-t-elle de référence au marché ?
Marc Spiegler, codirecteur d’Art Basel et d’Art Basel Miami Beach
En 2009, les galeries repenseront leurs participations aux foires. Celles qui en faisaient sept à huit par an en feront moins et s’attacheront aux salons qui leur permettront de voir leurs clients dans les meilleures conditions. Dans un marché moins agressif qu’avant, elles testeront moins, arbitreront en fonction des résultats de leurs précédentes participations. De la même manière que les collectionneurs auront tendance à acheter des artistes dotés de vrais curriculum vitae, les galeristes vont se concentrer sur les salons qui sont des valeurs sûres. Art Basel et Art Basel Miami Beach se trouvent dans une position privilégiée du fait d’une tradition établie et de la gamme importante de services proposés. À l’automne, deux semaines après la crise financière, on a eu un taux record de candidatures pour Bâle. Même s’il y avait moins d’Américains à Bâle en 2008 et que la crise financière était à son pic au moment de Miami, les marchands ont mieux vendu que ce à quoi qu’ils attendaient.
David Zwirner, galeriste à New York
On va vers un réajustement des prix, aussi bien sur le premier que sur le second marché. Notre philosophie avait toujours été d’avoir des prix à 50 % en dessous des records en ventes publiques. Les changements de prix de nos artistes ont toujours été logiques. Nous allons même peut-être augmenter les prix de certains artistes, encore trop modestes, comme ceux de Mamma Andersson. Mais ceux qui ont moins d’audience baisseront d’environ 20 %. Sur le second marché, on prévoit 10 % à 30 % de changement de prix. Sur Art Basel Miami Beach, on s’attendait à si peu que, finalement, on a été contents, nos ventes ont rejoint le niveau de 2006. L’an dernier, en six heures, nous avions fait presque la totalité de nos ventes. Aujourd’hui, les transactions sont plus dilatées. La frénésie est finie. Mais nous avons vendu en 2008 plusieurs pièces importantes de la collection Lauff, y compris dans les trois derniers mois de l’année. Nous prévoyons aussi d’en vendre en 2009 car les gens se replient sur la qualité. Tout New York procède à des licenciements, mais je ne compte pas en faire. J’ai même donné des bonus de Noël à mes employés. Je n’ai pas besoin de virer des gens pour augmenter la valeur de mon action et rassurer un conseil d’administration. Il y a deux choses distinctes : la panique générale et le fait de regarder son business mois après mois. Mais je vais être prudent et réaliste pour ce qui est de la production.
À la demande de l’Observatoire du marché de l’art, le Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et de la Communication a entrepris une analyse originale des données économiques relatives au marché de l’art pouvant être extraites de l’enquête annuelle de l’Insee sur les entreprises de commerce pour 2006. L’enquête fait apparaître l’existence en France de 1 170 galeries œuvrant quasi exclusivement dans le domaine de l’art moderne et contemporain, pour un chiffre d’affaires de 417 millions d’euros. La vente d’antiquités, d’objets d’art et de meubles anciens dénombre près de 6 000 commerces ayant une spécialité de vente d’antiquités et quelque 4 000 commerces se livrant à la vente d’occasion. Les premières réalisent un chiffre d’affaires de 1,25 milliard d’euros, les secondes, de 163 millions d’euros. Les opérations de courtage intéressent 779 entreprises cumulant 33 millions d’euros de commissions. Le secteur des livres anciens et d’occasion représente 1 332 entreprises, pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros. Enfin, la vente d’objets de récupération en direction des particuliers rassemble 2 386 entreprises pour un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros.
Cet inventaire de l’activité commerciale relève un chiffre d’affaires total de près de 2 milliards d’euros et 10 000 emplois directs, ces chiffres étant vraisemblablement sous-estimés dans une proportion de 10 % à 20 %. Ces données n’incluent ni les ventes publiques (800 millions d’euros en 2006), ni les ventes directes des artistes (380 millions d’euros en 2006 d’après les déclarations faites à la Maison des artistes, montant sans aucun doute fortement minoré et qui devrait plutôt s’établir autour de 650 millions d’euros), ni les ventes entre particuliers (parmi lesquelles celles qui se font via Internet), ni, à plus forte raison, les opérations effectuées avec règlement hors du territoire national. L’ensemble des opérations participant au marché de l’art représente donc un total qui peut être estimé entre 3,5 et 4 milliards d’euros, dans lequel les ventes commerciales représentent environ 62 %, les ventes publiques autour de 21 % et les ventes des artistes environ 17 %. On est donc loin des affirmations de certaines études privées récentes créditant les ventes publiques d’un pourcentage égal à la moitié du marché de l’art.
Philippe Limouzin-Lamothe, président de l’Observatoire du marché de l’art, Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°295 du 23 janvier 2009, avec le titre suivant : 2009 dans le viseur