Jean-Jacques Aillagon change de camp

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 8 mars 2012 - 420 mots

PARIS [08.03.12] – L’ancien ministre RPR a signé une tribune dans le journal « Libération » du 8 mars 2012, dans laquelle il apporte son soutien au candidat socialiste. Une décision étonnante compte tenu de son parcours.

Au fur et à mesure que les sondages confirmaient l’avance confortable de François Hollande sur son rival à la présidentielle Nicolas Sarkozy, les critiques de l’ancien ministre de la Culture contre son camp étaient de plus en plus acerbes. Aujourd’hui, Jean-Jacques Aillagon vient de franchir une nouvelle étape dans un parcours professionnel cabossé en annonçant dans Libération son soutien à François Hollande.

Ce revirement peut surprendre de la part d’un homme qui doit beaucoup à son camp, notamment au clan Chirac. C’est grâce à l’ancien maire de Paris qu’il peut rejoindre en 1985 le service des Affaires culturelles de la Ville de Paris, dont il prendra la direction en 1993. C’est toujours grâce à Jacques Chirac, arrivé entre temps à l’Élysée, qu’il prend la présidence du Centre Pompidou en 1996. C’est le même président de droite qui le nomme ministre de la Culture et de la Communication en 2002. C’est toujours son ex-camp qui va le chercher dans sa retraite dorée de Venise pour lui offrir TV5 en 2005 puis le château de Versailles en 2007.

Mais voilà, Jean-Jacques Aillagon semble refuser une alternance qu’il appelle pourtant de ses vœux dans la tribune de Libération. Il est débarqué en 2004 après une gestion calamiteuse du dossier des intermittents du spectacle. Récemment, malgré ses demandes, il n’est pas reconduit à la présidence du château de Versailles, pour cause de limite d’âge. L’ancien professeur d’histoire de Tulle donne l’impression « d’être le seul héritier légitime du droit de conduire les affaires » de la Culture, pour reprendre ses termes.

Dans un style qui tient plus de Mazarin que de Louis XIV, il justifie son attitude par des raisons assez générales pour être passe-partout, tout en évitant, cette fois, de critiquer le bilan culturel de la droite, qui est un peu le sien. Au passage, il rappelle que la réélection de Jacques Chirac en avril 2002 tient en partie à l’absence au second tour de Lionel Jospin et glisse que l’actuel occupant de l’Élysée fut un temps son « collègue ».

En 2011, les rédactions de L’œil et du Journal des Arts le désignaient comme la « personnalité la plus influente du monde de l’art ». En 2012, s’il existait un prix de l’inélégance en politique, il en serait surement le lauréat. À moins qu’il ne s’agisse d’opportunisme.

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Jean-Jacques Aillagon - 2009 - © Photo : Benoît Linero pour L'oeil

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