FRANCE
Quel est son pouvoir d’influence ? Cette question, les journalistes de L’œil et du Journal des arts, publications du groupe Artclair, se la posent tous les jours à propos de tel ou tel conservateur, galeriste, collectionneur ou directeur d’institution, pour mieux comprendre mécanismes et décisions du moment.
Grâce à leur connaissance intime des réseaux, cercles d’influence et autres liens d’amitié qui unissent les acteurs de l’art et de son marché, ils ont pu établir une hiérarchie provisoire entre ces acteurs. L’œil publie le classement des 50 personnalités françaises, ou vivant depuis longtemps dans l’hexagone, les plus influentes dans l’art en France, tandis que le Journal des arts propose dans son édition du 18 février le classement des 100 personnalités les plus influentes dans le monde. Les enjeux n’étant pas les mêmes, les 50 personnalités du classement « France » ne figurent pas nécessairement dans le classement international.
Un classement annuel
Cette hiérarchie est provisoire, car le monde de l’art enregistre depuis une vingtaine d’années des mutations structurantes : développement des musées, multiplication des expositions, essor du marché de l’art. Ces mutations continues, entretenues par la mondialisation en cours et la révolution numérique, remettent en cause presque chaque année les positions acquises. Voilà pourquoi il nous a paru utile d’annualiser ces classements. Nous avons estimé que l’influence dans le monde de l’art se mesure à la capacité d’un individu à peser sur la cote d’un artiste, sur la programmation d’une exposition, sur une nomination, sur le cadre législatif ou réglementaire, ou à attirer un mécène ou les médias. Nous avons aussi posé que chaque domaine se valait en refusant de hiérarchiser entre eux. C’est pourquoi trois directeurs de musée, un collectionneur et un artiste figurent dans les cinq premières places. Et comme les réalisations sont un indicateur important du pouvoir, nous avons pris en compte l’actualité en 2010 pour mesurer l’influence. Bien sûr, les journalistes d’art ont été exclus des classements, même si leurs opinions, quand elles sont publiées dans des supports reconnus, pèsent d’un poids non négligeable. Cela a conduit à évincer de nombreux commissaires d’exposition indépendants qui vivent aussi de leur plume. En revanche, les hommes politiques ont été pris en compte, mais pour leur seule influence dans le monde de l’art.
Un jury composé de dix journalistes des deux rédactions a ainsi délibéré pendant de longues heures, passant au crible des centaines de noms. Jean-Jacques Aillagon s’est imposé naturellement à la première place. Pas sûr qu’il la garde l’année prochaine.
1 - Jean-Jacques Aillagon
Président de l’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles
Dimanche 12 septembre 2010, Bernadette, François, la famille royale du Qatar, des animateurs-vedettes de la télévision : les beautiful people se pressent pour célébrer le maître des lieux et son hôte Murakami. C’est la consécration pour celui qui a dû batailler pour obtenir le renouvellement en juin de son mandat. Ils sont bien loin les sifflets des intermittents du spectacle.
Cela fait trente ans que JJA évolue dans un milieu qu’il connaît comme sa poche et où il a su nouer de précieuses amitiés : la Mairie de Paris du temps de Chirac, le Centre Pompidou, le ministère de la Culture, le Palazzo Grassi et son puissant propriétaire… Bosseur et flamboyant, le roi de Versailles empoche les bénéfices de la politique de restauration du Château tout en récupérant une partie de la notoriété de l’ouverture de Pompidou-Metz, un autre de ses projets. Les médias se l’arrachent, on le sollicite pour des expositions à Versailles, les courtisans se précipitent. Mais le compte à rebours a commencé : le 2 octobre 2011, il sera atteint par la limite d’âge, son réseau saura-t-il lui obtenir d’aller jusqu’au bout de son mandat ?
2 - Christian Boltanski
Artiste
Ce fut une importante et mémorable année pour Boltanski que 2010 ! Non seulement il a été le héros de « Monumenta » au Grand Palais, mais il était dans le même temps et en complément celui du Mac/Val à Vitry-sur-Seine (94). Par ailleurs, il a vu se réaliser un rêve : celui de pouvoir installer définitivement ses Archives du cœur. Pour cela, il a bénéficié des largesses du richissime mécène japonais Soichiro Fukutake qui a acheté un grand terrain en bordure de mer sur l’île de Teshima au Japon et lui a construit un bâtiment propre à accueillir son œuvre. Enfin, cerise sur le gâteau, Christian Boltanski a été choisi pour représenter la France à la Biennale de Venise au mois de juin prochain.
3 - Henri Loyrette
Président du Louvre
Assurément, présider le plus grand musée du monde, qui a encore accueilli 8,5 millions de visiteurs en 2010, permet de jouir d’une certaine influence. Et celle-ci dépasse les limites de l’Hexagone quand son président-directeur général a pris le parti de sillonner le monde pour mettre en œuvre des projets de coopération culturelle internationale, comme ce dernier vient de le faire avec les musées syriens. Dix ans après son arrivée à la tête du musée, Henri Loyrette poursuit toujours la même ligne : réaffirmer la vocation universelle du Louvre. Un choix qui semble satisfaire sa tutelle qui l’a confirmé à son poste jusqu’en 2013.
4 - François Pinault
Collectionneur
Depuis qu’il a cédé la direction opérationnelle de PPR à son fils en 2005, François Pinault met les bouchées doubles pour devenir le plus grand collectionneur d’art contemporain du début du xxie. En amont, il repère les belles pièces ou revend discrètement grâce à Christie’s (qui a fait l’objet d’une offre d’achat par le Qatar) et, en aval, il expose sa collection à Venise. Autant dire qu’il possède une belle force de frappe pour valoriser la cote d’un artiste et faire la pluie et le beau temps sur le marché. Tout le monde le craint et le ménage, espérant que le milliardaire breton accorde un jour ses faveurs. L’acmé de l’influence.
5 - Laurent Le Bon
Directeur du Centre Pompidou-Metz
Être influent dans le monde des musées n’est pas l’apanage des années. Le quadragénaire Laurent Le Bon talonne ses aînés qui président les plus grands musées français. Lui n’est encore que directeur (depuis 2008) mais qu’importe. Ce conservateur du patrimoine s’est fait un nom en acceptant de mener à son terme le projet Pompidou-Metz, inauguré tambour battant en mai 2010. Spécialiste de l’art contemporain, ce pince-sans-rire est aussi l’inventeur de quelques expositions médiatisées : celles consacrées à l’art contemporain à Versailles, dont la dernière était dédiée à Murakami.
6 - Fabrice Hergott
Directeur du musée d’Art moderne de la Ville de Paris
À son corps défendant... mais pas uniquement. Quatre ans après son arrivée à la tête du musée d’Art moderne de la ville de Paris, le discret Fabrice Hergott a fait beaucoup parler de lui en 2010. Trop sûrement, lorsqu’il est question du vol de cinq tableaux de la collection, puis de l’interdiction d’accès aux mineurs de son exposition Larry Clark, imposée par le maire de Paris. Mais sa programmation plaide en sa faveur. Il peut en effet se targuer d’avoir atteint un record de fréquentation avec la rétrospective Basquiat (près de 350 000 visiteurs).
7 - Christophe Girard
Maire adjoint en charge de la Culture à la mairie de Paris
Un pied dans le privé, au sein du groupe de luxe LVMH, et l’autre dans la politique culturelle municipale parisienne : rien de tel pour jouir d’une certaine autorité dans le monde de l’art. Initiateur de la Nuit blanche parisienne, ce pape de l’événementiel culturel qui se rêve en locataire de la Rue de Valois entend désormais effacer les couacs de l’un de ses grands projets, le 104, avec l’achèvement de la rénovation de la Gaîté-Lyrique, un lieu inédit dédié aux cultures numériques…
8 - Jack Lang
Député
L’éternel ministre de la Culture tient toujours à compter dans le milieu. Alors s’il ne rechigne pas à accepter quelques postes honorifiques, comme la présidence de l’Association pour le développement du Centre Pompidou, Jack Lang n’hésite pas davantage à jouer de son influence pour servir certaines causes. Comme promettre à la Corée du Sud d’œuvrer en faveur du retour au pays de manuscrits royaux appartenant aux collections publiques françaises. Un engagement obtenu fin 2010 grâce à quelques accointances avec l’Élysée.
9 - Daniel Buren
Artiste
Après avoir bataillé ferme avec l’État pour exiger la rénovation de son œuvre, l’auteur des colonnes rayées de marbre du Palais-Royal a emprunté la route de la soie. Invité par la marque Hermès, Buren a réalisé une version de son fameux carré qui en dit long sur son talent à s’adapter à toutes les situations. Comme il l’a aussi démontré en confrontant ses rayures aux silhouettes étiques de Giacometti dans une exposition organisée par l’artiste, la galerie Kamel Mennour et la fondation Alberto et Annette Giacometti.
10 - Emmanuel Perrotin
Galeriste
S’il a quitté définitivement Miami, il a en revanche avantageusement agrandi sa galerie parisienne. Le trajet parcouru par Emmanuel Perrotin depuis le tout début, il y a quelque vingt années dans une chambre de bonne du VIe arrondissement, est impressionnant. Toujours à l’affût de nouveautés, il n’est pas moins soucieux de faire entrer dans son team des figures aînées au risque de certains grands écarts. La récente arrivée de Claude Rutault dans la galerie qui défend Murakami en a surpris plus d’un.
11 - Frédéric Mitterrand
Ministre de la Culture et de la Communication
Que le ministre de la Culture figure dans ce palmarès n’est pas une surprise, mais qu’il n’en occupe que la 11e place pourrait en revanche en être une. C’est qu’il a plus d’entrées personnelles dans le monde de la télévision et du cinéma que dans celui de l’art. Nommé par le Président en 2009, confirmé en novembre 2010 alors qu’on le donnait partant, il découvre progressivement musées, marché de l’art et création artistique en s’appuyant sur ses conseillers. Il bénéficie du soutien mesuré de Nicolas Sarkozy qui compte sur lui pour construire « sa » Maison de l’histoire de France.
12 - Philippe Starck
Architecte et designer
Même s’il s’avère que « l’éolienne pour tous », dessinée par Philippe Starck, coûtera beaucoup plus cher que ce qu’il avait prévu, le designer français ne cesse d’être sollicité. Le Royal Monceau, qu’il a relooké en espace de vie, de culture et d’art, avec sa librairie spécialisée, ses expositions et ses projections, devrait s’imposer comme un lieu incontournable. De plus, Starck a décidé de lancer un « laboratoire de recherche fondamentale sur la créativité » destiné à s’interroger sur le pourquoi et le comment de la naissance des idées.
13 - Guy Cogeval
Président du musée d’Orsay
L’impétueux président d’Orsay n’a pas démérité en 2010. Artisan du plus grand succès de l’année, l’exposition Monet du Grand Palais (plus de 900 000 visiteurs), Guy Cogeval a orchestré en parallèle les travaux du musée, fermé au tiers de ses espaces, tout en proposant une ambitieuse programmation d’expositions, faisant le grand écart entre un sujet dédié à la peine de mort et une rétrospective consacrée au peintre pompier Gérôme. Le tout en se faisant VRP de la circulation tarifée mondiale des chefs-d’œuvre du musée.
14 - Jean Nouvel
Architecte
Si l’architecte poursuit son développement international en raflant la mise pour le futur musée national du Qatar, sa réputation est aussi devenue plus fluctuante. Nouvel a en effet conçu le projet controversé de transformation de l’hôtel de la Marine porté par Alexandre Allard, son associé dans l’édition de revues. Il vient aussi de dévoiler son projet pour aménager l’île Seguin. Curieux retournement pour celui qui avait signé une tribune hostile à la démolition des usines Renault (« Boulogne assassine Billancourt »)… en 1999.
15 - Pierre Bergé
Président de la fondation Pierre Bergé–Yves Saint Laurent
L’homme d’affaires et ancien compagnon d’Yves Saint Laurent ne cesse d’occuper les médias malgré son âge (80 ans): ventes Saint Laurent-Bergé, sortie contre le Téléthon, rachat du Monde. Propriétaire d’une maison de ventes, il mécène des expositions et en organise à travers sa fondation. Ses amis socialistes savent compter sur son argent et son réseau, comme Laurent Fabius qui lui a confié la présidence du festival Normandie impressionniste en 2010.
16 - Jennifer Flay
Directrice de la Fiac
Tout le monde s’inquiétait de savoir comment Jennifer Flay, qui se retrouvait toute seule en charge de la Fiac après le départ de Martin Béthenod, allait réussir à s’en sortir, et tous conclurent que la foire avait été un franc succès. Si le lâchage d’un certain nombre de galeries attendues et estimées au bénéfice du retour de grosses galeries étrangères et de l’arrivée de nouveaux venus a souvent été jugé rude, on s’interroge sur la prochaine Fiac, compte tenu que c’en est fini de l’occupation de la Cour carrée du Louvre.
17 - Alfred Pacquement
Directeur du Musée national d’art moderne
Difficile de trouver plus discret qu’Alfred Pacquement et pourtant... Celui qui œuvre pour le Musée national d’art moderne depuis le tout début des années 1970 et en a pris la direction en 2000, après un détour par d’autres institutions, est l’un des grands manitous de l’art contemporain en France. Des foires aux expositions, Pacquement arpente tous les événements, non pour se faire voir mais pour voir. Un travail qui paie puisqu’il s’est vu confirmé à son poste pour trois années supplémentaires.
18 - Bernard Arnault
Président de LVMH, collectionneur, mécène
Après avoir voulu être un acteur dans le monde de l’art (maisons de ventes De Pury & Luxembourg, Tajan, Artprice), le patron de LVMH s’est progressivement délesté de toutes ses participations (sauf le magazine Connaissance des arts) pour se recentrer sur ses activités de collectionneur et de mécène. Annoncée pour 2010, la fondation Louis Vuitton tarde à ouvrir, empêtrée dans les conflits juridiques avec les riverains. Le cash flow de LVMH, ses amis politiques et ses camarades du CAC 40 font de Bernard Arnault un personnage très courtisé.
19 - Alain Seban
Président du Centre Pompidou
Malgré une fréquentation du Centre Pompidou en baisse en 2010, son président peut se féliciter d’une belle année avec l’ouverture réussie et très médiatisée du Centre Pompidou-Metz, dont il partage la vedette avec Laurent Le Bon. Il a su aussi éviter une nouvelle grève malgré la poursuite de la réduction du personnel. Il a eu les honneurs d’une communication lors du dernier Conseil des ministres de l’année. Cependant, ce surdiplômé, habitué des palais de la République, doit étoffer son réseau dans le milieu de l’art international…
20 - Thomas Grenon
Directeur général du Muséum d’histoire naturelle
Sa position à la tête de la RMN lui conférait un poids qu’il aura sans doute moins au Muséum d’histoire naturelle, qu’il a rejoint en fin d’année. Il peut mettre à son actif d’avoir rétabli les comptes de la RMN, organisé deux expositions qui feront date (« Picasso et les maîtres » et Claude Monet), « inventé » les nocturnes du Grand Palais, remporté en 2010 l’appel d’offres du Sénat et mis un pied en Italie. Il sait pouvoir compter sur le réseau des polytechniciens pour compenser une certaine réserve naturelle.
21 - Bruno Racine
Président de la Bibliothèque nationale de France
Les rafales de vent qui soufflent sur le parvis de la BnF n’atteignent pas la présidence. Pourtant, après la polémique sur la numérisation des contenus, l’année 2010 a encore été difficile pour Bruno Racine. Mais le normalien et énarque a tenu bon et obtenu sa reconduction, malgré les assauts d’une ancienne ministre désireuse de lui rafler son bureau avec vue sur la Seine. Bruno Racine a pu compter sur de solides réseaux tissés lors de son passage au Quai d’Orsay puis à Matignon, insuffisants toutefois pour contrecarrer la restitution des manuscrits coréens.
22 - Yvon Lambert
Galeriste
En 2010, le célèbre marchand de la rue Vieille-du-Temple a frappé deux coups très forts. Il a fait entrer dans sa galerie l’excellent Roman Opalka et lui a offert l’occasion d’une double exposition à Paris et à New York. Par ailleurs, il a obtenu de la ville d’Avignon la reconduction de la convention du dépôt de sa collection en l’hôtel de Caumont. Il y a donc fêté joyeusement ses dix ans en organisant une exposition intitulée « Je crois aux miracles », réunissant la plupart des artistes qui y avaient été montrés.
23 - Kamel Mennour
Galeriste
Si l’exposition « Daniel Buren & Alberto Giacometti » était un coup tout à la fois médiatique et esthétique surprenant, le dynamique marchand n’en est ni à son premier, ni à son dernier. Fidèle d’Art Basel où il s’est appliqué à promouvoir Claude Lévêque, il a rejoint les accros du virtuel en adhérant avec enthousiasme au projet VIP Art Fair, cette foire créée sur Internet, accessible gratuitement à tous en visiteur, mais par un code VIP aux acheteurs potentiels.
24 - Laurent Fabius
Député et président de la communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe
Pas à pas, l’ancien Premier ministre prend pied dans le monde de l’art. Après avoir pris des parts en 2008 dans une maison de ventes, il est à l’origine du festival Normandie impressionniste qui revendique 500 000 visiteurs en 2010. Il a su jouer de son poids pour obtenir des collectivités locales normandes un financement conséquent. Une seconde édition est à l’étude. Dernière actualité en date, qui lui permet de peaufiner son image et de faire parler de lui, la publication du Cabinet des douze, livre qui s’apparente à un petit manuel d’histoire de l’art.
25 - Pierre Soulages
Artiste
Le peintre de l’outrenoir est enfin rassuré. Après nombre de tracasseries, la première pierre du musée à son nom a été posée à Rodez, sa ville natale, le 20 octobre dernier. Actualité chargée en 2010 pour cet artiste qui compte 91 ans passés. En juin, il était à la galerie Bernard Jacobson de New York ; en octobre, la rétrospective quelque peu modifiée du Centre Pompidou était accueillie au Martin Gropius Bau de Berlin et, en novembre, l’artiste collaborait avec la chorégraphe Carolyn Carlson !
26 - Pierre Huyghe
Artiste
Depuis quinze ans qu’il occupe l’une des toutes premières places, Pierre Huyghe, 48 ans, qui vit et travaille à New York, accumule les prix. Le dernier en date n’est pas le moindre puisqu’il s’est vu décerner en 2010 le neuvième et prestigieux Prix de l’artiste contemporain de l’année, récompense décernée par le Smithsonian American Art Museum de Washington. Pierre Huygue peut en être d’autant plus flatté que le jury a salué une carrière dont certaines œuvres « ont changé le cours de la viédo et du cinéma contemporains ».
27 - Marc-Olivier Wahler
Directeur du Palais de Tokyo
Nommé en 2006, reconduit à son poste jusqu’en 2012, le directeur du Palais de Tokyo s’est exceptionnellement associé avec le musée d’Art moderne de la Ville de Paris, son voisin, pour organiser une exposition d’une quarantaine de jeunes artistes émergents. Une première dans l’histoire de ces deux institutions qui a participé à faire voir le potentiel du vivier artistique que recèle la scène nationale.
28 - Guillaume Cerutti
Président de Sotheby’s France
Pur produit du service public au sein duquel il a gardé de nombreux amis, cet ancien directeur de cabinet de Jean-Jacques Aillagon est passé au privé en 2007 en prenant la direction de Sotheby’s France. Il y a trouvé ses marques au point de faire jeu égal avec Christie’s en 2010. Sa double culture public/privé le désigne pour les missions type rapport Zelnik, remis en janvier, ou la présidence de l’Institut de financement du cinéma et des industries culturelles. Bon communicant, il sait entretenir son image…
29 - Raymond Depardon
Photographe et réalisateur
Infatigable observateur des mutations sociales et du territoire, Raymond Depardon a enfin obtenu la reconnaissance des institutions, avec une exposition de la BnF consacrée à ses photos de la France d’aujourd’hui. Perfectionniste de l’image, Depardon a aussi porté sur les fonts baptismaux le Bal, lieu parisien indépendant dédié à l’éducation du regard par l’image, créé par l’Association des amis de Magnum qu’il préside. Il a aussi été élu « personnalité culturelle de l’année » par le groupe Radio France.
30 - Stéphane Martin
Président du musée du Quai Branly
Six millions de visiteurs en quatre années d’existence : Stéphane Martin peut se prévaloir du très bon bilan du jeune musée du Quai Branly, qu’il préside depuis son ouverture. Militant de la coopération culturelle, ce haut fonctionnaire très policé a géré avec habileté la disparition de bijoux en or africains conservés dans les réserves du musée.
31 - Olivier Poivre d'Arvor
Directeur de France Culture
Découragé par la faible ampleur de la réforme de la diplomatie culturelle, Olivier Poivre d’Arvor attendait un poste d’ambassadeur pour pouvoir quitter CulturesFrance. Ce sera finalement, depuis septembre, la radio France Culture. Ses nouvelles responsabilités conjuguées à son ancienneté dans le réseau culturel lui confèrent une capacité d’influence significative, mais limitée par l’esprit traditionnel d’indépendance des journalistes et animateurs de la station.
32 - Olivier Kaeppelin
Directeur du projet Palais de Tokyo
Après avoir occupé le poste de délégué aux arts plastiques pendant cinq ans, Olivier Kaeppelin a été nommé à la direction du projet du Palais de Tokyo. S’il a pour charge la création d’un lieu consacré à la scène française dans la partie basse de l’aile ouest du bâtiment, sa nomination inclut l’ensemble du site de sorte à orchestrer une politique cohérente avec l’existant et revivifier l’image de la scène artistique au regard de l’extérieur.
33 - Martin Bethenod
Directeur de la fondation Pinault à Venise
Alors qu’il occupait le poste de commissaire général de la Fiac et travaillait en binôme avec Jennifer Flay, Martin Béthenod a soudainement quitté le terrain. Il est allé rejoindre le camp Pinault pour prendre la direction du Palazzo Grassi et de la Punta della Dogana à Venise. En revanche, il a tout en même temps rempli son contrat avec la Ville de Paris qui l’avait nommé à la direction artistique de la Nuit blanche pour 2010.
34 - Suzanne Pagé
Future directrice de la fondation LVMH
En attendant l’ouverture des portes du futur musée de la fondation Louis Vuitton pour la création dont elle assurera la direction, Suzanne Pagé fait ses emplettes. Toujours aussi attentive à tous les effets d’époque, la très dynamique ancienne directrice du musée d’Art moderne de la Ville de Paris l’est particulièrement à la peinture. Aussi ses visites sont-elles attendues par tous les galeristes avec grande impatience.
35 - Jean-François Hebert
Président du château de Fontainebleau
Il est depuis 2009 la cheville ouvrière de la mission de préfiguration du musée de l’Histoire de France, une charge qu’il occupe en même temps que la présidence du château de Fontainebleau. À ce titre, il a contribué au choix du site des Archives nationales pour le siège de cette maison chère à Nicolas Sarkozy. Il appartient à cette caste des conseillers ministériels tentés par l’aventure de la direction d’un grand établissement culturel.
36 - Tatiana Trouvé
Artiste
Depuis une dizaine d’années, Tatiana Trouvé n’a cessé de grimper les marches du succès. Considérée aujourd’hui comme l’une des meilleures artistes françaises de sa génération, elle multiplie les expositions en galeries et dans les institutions. Elle était notamment en 2010 au Migros Museum de Zürich, en Suisse, puis à la galerie Emmanuel Perrotin, avec de superbes dessins. À l’étranger, elle est représentée à New York par Larry Gagosian et à Berlin par Johann König.
37 - Jean-Paul Cluzel
Président du Grand Palais et de la RMN
L’ancien président de Radio France n’aura pas attendu longtemps pour présenter (en avril) son ambitieux projet pour la rénovation du Grand Palais. Nommé en 2009 président du Grand Palais puis de la RMN, il entend donner de la cohérence à ce lieu central. Énarque, inspecteur des Finances, son parcours dans les cabinets ministériels, à l’Opéra de Paris, à RFI puis à Radio France lui ouvre bien des portes.
38 - Christian Deydier
Antiquaire, président du Syndicat national des antiquaires
Le bouillonnant antiquaire, spécialiste des arts asiatiques, a retrouvé son poste de président du prestigieux SNA qu’il avait dû abandonner à Hervé Aaron en 2008. Ce proche de Jacques Chirac dispose d’un carnet d’adresses particulièrement fourni en personnalités politiques et de nombreuses entrées en Chine. Son mandat lui confère une position statutaire dans les multiples organismes relevant du marché de l’art.
39 - Gilles Fuchs
Collectionneur, président de l’Adiaf
Président-fondateur de l’Association pour la diffusion internationale de l’art français, Gilles Fuchs est à l’origine de la création du prix Marcel Duchamp qui a fêté son dixième anniversaire l’an dernier. Parallèlement, il a initié une manifestation triennale, dite « De leur temps », dont le troisième numéro a été présenté à l’automne au musée de Strasbourg et au Frac Alsace, et il a stimulé les actions de l’association à l’étranger, comme à l’occasion de l’ouverture de l’Exposition universelle à Pékin.
40 - François de Ricqlès
Président de Christie’s France
Le commissaire-priseur a pris les rênes de Christie’s France en début d’année. Il avait rejoint la maison de ventes de François Pinault en 2002, emmenant avec lui son étude et ses relations. Il a su conserver la première place avec un chiffre d’affaires de 176 millions d’euros tout en réalisant la plus haute enchère jamais atteinte en France avec une sculpture de Modigliani (43 millions d’euros).
41 - Adel Abdessemed
Artiste
À la Fiac, l’an passé, il a une nouvelle fois créé la polémique. Avec son cube de fauves empaillés, présenté par la galerie David Zwirner de New York chez qui il est entré récemment, Adel Abdessemed n’est pas passé inaperçu et il a frisé le scandale. Steven Cohen, le fulgurant trader et collectionneur, gérant de SAC Capital Advisors, compte parmi ses adeptes ; ses achats ont participé à faire grimper significativement la cote de l’artiste.
42 - Guillaume Houzé
Collectionneur
Directeur du mécénat du groupe des Galeries Lafayette, Guillaume Houzé, 29 ans, est à l’origine de l’action de l’entreprise en faveur de l’art contemporain. Non seulement il y a créé « Antidote », une exposition attendue chaque année par tout le monde de l’art à la Galerie des Galeries, mais il a positionné le magasin familial en partenaire de nombreuses institutions dont la Fiac, où il chaperonne tout un secteur de galeries émergentes.
43 - Marin Karmitz
Producteur
On lui prédisait un statut de ministre de la Culture bis, mais son action demeure bien confidentielle. Nommé en 2009 délégué général du Conseil de la création artistique (CCA), une invention du président de la République, Marin Karmitz a dû faire face à la fronde des milieux culturels. De fait, les projets du CCA pilotés par ce collectionneur d’art contemporain n’ont guère brillé par leur caractère révolutionnaire.
44 - Daniel Templon
Galeriste
En 2010, Daniel Templon ne comptait pas moins de quarante-cinq années d’activité. Les quelque quatorze expositions réparties entre ses deux galeries qu’il a organisées sont fidèles à l’image d’éclectisme et d’internationalisme qu’il n’a cessé de défendre. Toujours à l’affût de nouvelles propositions – la Bulgare Oda Jaune et l’Indien Anju Dodiya sont ses dernières recrues –, il demeure l’un des poids lourds de la scène française.
45 - Cyprien Gaillard
Artiste
Parisien de naissance, Cyprien Gaillard est allé faire ses études à Lausanne et a choisi de vivre à Berlin. Une façon de ne pas se laisser enfermer dans la spirale d’une image exclusivement hexagonale. Lauréat du prix Marcel Duchamp 2010, il s’intéresse plus spécialement à l’architecture moderniste. Il voit dans les barres d’immeubles désaffectées de véritables « sculptures artistiques » et rêve de créer un « cimetière de ruines ».
46 - Saâdane Afif
Artiste
Comme tous les lauréats du prix Marcel Duchamp, Saâdane Afif, qui l’a remporté en 2009, a été invité l’automne dernier à occuper l’Espace 315 au Centre Pompidou. Le succès qu’a rencontré son exposition intitulée « Anthologie de l’humour noir » est à la mesure d’une carrière fidèlement soutenue par les galeries Michel Rein à Paris et Mehdi Chouakri à Berlin et qui a très
vite gagné un rang international.
47 - Laurent Salomé
Conservateur
Jean-Paul Cluzel annonçait vouloir recruter une personnalité d’envergure internationale, c’est finalement le jeune responsable des musées de Rouen qui a obtenu le poste de directeur scientifique de la RMN et du Grand Palais. Il faut dire que ce pur produit des musées, arrivé à Rouen en 2001, a su hisser vers les sommets son musée des Beaux-Arts. Tout en montrant, avec « Une ville pour l’impressionnisme », sa capacité à monter une exposition blockbuster…
48 - Dominique Perrault
Architecte
S’il a multiplié les réalisations à l’étranger et obtenu le grand prix 2010 de l’Association des architectes français à l’export (Afex), Dominique Perrault a connu sa traversée du désert en France depuis l’épopée de la BnF. Mais après le commissariat du pavillon français de la Biennale de Venise, il revient en force dans l’Hexagone avec plusieurs grands projets. L’architecte a notamment été désigné pour rénover le musée Dobrée à Nantes et pour construire le Grand Théâtre d’Albi.
49 - Alexia Fabre
Directrice du Mac/Val à Vitry-sur-Seine
Belle année pour Alexia Fabre ! Non seulement le Mac/Val (musée d’Art contemporain du Val-de-Marne) a surfé sur la vague du succès de Christian Boltanski à « Monumenta » en accueillant le second volet de son exposition, mais l’institution qu’elle dirige a aussi fêté ses cinq ans. Cerise sur le gâteau, avec son complice Frank Lamy, elle a été nommée à la direction artistique de la prochaine Nuit blanche 2011.
50 - Antoine de Galbert
Collectionneur, fondateur de la Maison rouge
Créateur en 2004 d’un lieu unique en son genre sur la place parisienne, Antoine de Galbert poursuit sa politique d’expositions articulée sur le principe de collection. Se tenant à l’écart du brouhaha médiatique et pailleté du petit monde de l’art, il prend plaisir à convoquer les propositions les plus diverses, n’hésitant pas à présenter comme il l’a fait sa collection de coiffes… proprement décoiffante !
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Les 50 personnalités de l'art les plus influentes en France
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°633 du 1 mars 2011, avec le titre suivant : Les 50 personnalités de l'art les plus influentes en France