COLOGNE (ALLEMAGNE) [28.09.11] – Le procès des quatre Allemands accusés d’avoir réalisé et vendu de faux tableaux de maîtres se tient depuis le début du mois de septembre à Cologne. Trois des accusés se sont exprimés pour la première fois la semaine dernière et sont revenus sur leurs parcours respectifs. Portraits de faussaires de génie.
Wolfgang Beltracchi, sa femme Helene et l’un de leurs proches se sont exprimés pour la première fois face au tribunal de Cologne la semaine dernière, alors qu’ils sont accusés d’avoir réalisé et vendu au moins quatorze faux tableaux de maîtres. Pas un mot sur l’affaire en elle-même, les trois inculpés se sont pour le moment contentés de retracer les principales étapes de leurs vies. Un récit très distrayant et imagé si l’on en croit Damian Zimmermann de artnet.de qui qualifie toute cette affaire de « feuilleton ».
Wolfgang Beltracchi raconte être né en 1951 dans « un petit village dans la forêt », en Rhénanie du Nord-Westphalie. Son père travaille comme peintre d’église et restaurateur, sa mère est femme au foyer. Beltracchi, qui s’appelle alors encore Fischer, est accepté après le lycée dans une école d’art à Aix-la-Chapelle mais il se rend uniquement aux cours de dessin anatomique, de sculpture et de sérigraphie. Le reste l’ennuie. « J’en savais déjà beaucoup à 17 ans », répond-il au juge. « Je ne voulais apprendre que ce que je ne savais pas encore. » S’ensuivent des années folles, que l’artiste qualifie de « voyage d’étude ». Des années rock’n roll durant lesquelles il visite l’Europe et teste les différentes drogues « très in à l’époque dans le monde de l’art », qu’il énumère avec malice au tribunal.
De retour en Allemagne, il vend ses premières œuvres et rencontre sa femme, Helene, dont il prend le nom en 1993. Le couple Beltracchi est né. Tous deux voyagent quelques années puis achètent en 1999 pour deux millions de francs le « Domaine des Rivettes » dans le sud de la France. Comme leur fille part étudier à Fribourg, ils achètent également une maison là-bas. Helene dresse un portrait dithyrambique de son mari. Elle loue son humour, sa fantaisie et déclare devant un tribunal amusé qu’il a « le talent d’inventer spontanément des histoires ». Une qualité plutôt utile pour des faussaires accusés d’avoir accumulé 16 millions d’euros en imaginant des tableaux de maîtres ainsi que les collections fictives « Jägers » et « Knops ».
Le récit de Otto Schulte-Kellinghaus, accusé lui d’avoir introduit les faux tableaux sur le marché, est un peu plus posé mais tout aussi épique. Laborantin de formation, il travaille tour à tour dans la chimie et la gastronomie. A Krefeld, où Wolfgang Beltracchi a vécu un temps, il s’improvise manager d’un petit groupe d’artistes, travaille dans une galerie, organise des fêtes… Sans jamais beaucoup de succès. Peut-être s’est-il par la suite révélé meilleur en matière de commerce d’art ?
Les trois complices ne sont qu’au début de leur procès. Celui-ci devrait durer plusieurs mois, alors que de faux tableaux continuent toujours d’être démasqués. Quarante-quatre sont à ce jour en cours d’expertise.
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Qui sont donc les faussaires Beltracchi ?
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Abonnez-vous dès 1 €Max Pechstein - Liegender weiblicher Akt mit Katze (Nue allongée avec chat), un faux mis sur le marché par les faussaires