Allemagne - Internet - Restitutions

Une base de données des œuvres « d’art dégénéré » spoliées par les nazis mise en ligne en Allemagne

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 22 avril 2010 - 432 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [22.04.10] – La Freie Universität de Berlin met en ligne une base de données qui fournit des renseignements sur le sort de milliers d’œuvres d’art dites « dégénérées » par les nazis et saisies dans les musées allemands en 1937.

Des chercheurs du Centre de recherche sur « l’art dégénéré » de l’Institut d’histoire de l’art de la Freie Universität de Berlin ont reconstitué la trajectoire de plus de 21 000 œuvres d’art – photographies, peintures et sculptures – qualifiées par les nazis « d’art dégénéré » et confisquées aux musées allemands à partir de 1937.

Outre les centaines d’œuvres d’art pillées dans les collections privées juives, les nazis ont saisi des milliers d’œuvres dans les musées allemands. Leur objectif était de « débarrasser » les musées d’œuvres d’art moderne impressionnistes, dadaïstes, fauvistes, cubistes ou encore surréalistes qu’ils considéraient comme contraires aux idéaux aryens. En 1937, le ministre de la propagande d’Hitler Joseph Goebbels organise à Munich l’exposition « Art dégénéré » qui a attiré plus de 2 millions de personnes.

Les résultats de plus de huit années de recherches effectuées par les historiens d’art de l’université de Berlin comprennent des œuvres de Franz Marc, Emil Nolde, Otto Dix, Marc Chagall ou encore Paul Klee et Wassily Kandinsky. Le site fournit des informations sur leur emplacement actuel par exemple s’il est connu et retrace l’historique de ces œuvres depuis leur spoliation. Les chercheurs impliqués dans le projet souhaitent également attirer l’attention de leurs contemporains sur l’importante collection d’art moderne des musées allemands dans les années 1930.

Depuis sa création en 2002, le centre de recherche sur l’art dégénéré de l’Institut d’histoire de l’art de la Freie Universität de Berlin – financé principalement par la Fondation Ferdinand Möller et la Fondation Gerda Henkel – concentre ses recherches sur les méthodes de la politique artistique nazie en étudiant les fonds de sa collection, le sort des artistes engagés et les conséquences des saisies nazies sur les musées allemands, à partir des archives du ministère de la Propagande de Goebbels et des différents inventaires de musées.

Par ailleurs, cette initiative soulève également la question des demandes de restitution des œuvres spoliées par les nazis. Selon Bloomberg, les musées n’ont aucun recours juridique pour réclamer ces œuvres car la loi nazie autorisant la saisie sans compensation n’a jamais été abrogée. Les héritiers « légaux » de ces œuvres aujourd’hui en mains privées tentent toujours d’obtenir leur restitution. A titre d’exemple, le maire de Munich qui a acquis en 1982 une toile de Paul Klee saisie au Provinzial Museum à Hanovre refuse de retourner le tableau aux héritiers du propriétaire d’avant-guerre.

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