PARIS [08.01.18] - Arte diffuse à partir de ce soir lundi le premier épisode d’À musée vous, à musée moi, sa nouvelle série consacrée à l’art. Un format court et distrayant parfois un peu trop débraillé.
On reproche souvent aux émissions sur l’art d’être ennuyeuses et interminables. Arte a décidé de contourner ces deux griefs, en proposant une série de trente numéros brefs et vivants. Il s’agit d’aborder, en deux minutes trente maximum, un chef-d’œuvre, dont les personnages sont incarnés par des comédiens. Chacune des toiles animées, de La Joconde au Tricheur à l’as de carreau, en passant par American Gothic, se décline en trois épisodes, afin de ne pas saturer le téléspectateur d’informations.
Ce concept, signé Fouzia Kechkech, vient d’être nommé Meilleur programme court au Festival de la fiction TV de la Rochelle 2017. Une distinction prometteuse : la chaîne franco-allemande aurait-elle trouvé le bon format pour traiter l’art à l’écran ? Cet espoir donne a priori envie d’allumer son poste tous les soirs (sauf le mardi) à 20h45 précises.
Chaque épisode s’ouvre sur un plan large, lequel se resserre progressivement afin d’inviter le spectateur à entrer dans le tableau filmé. Le gros plan obtenu, fixe jusqu’à la fin, souligne la qualité des reconstitutions picturales. Costumes, couleurs, expressions, postures des personnages ont été respectés à la lettre. Les acteurs, dont le plaisir de participer au projet transparaît à l’écran, prennent leur rôle à coeur sans pour autant verser dans la caricature.
Malheureusement, A musée vous, à musée moi souffre de deux défauts majeurs. Les anachronismes et les dialogues censés marquer son originalité tombent le plus souvent à plat. La série s’adresse de toute évidence à une audience qui ne s’y entend pas en histoire de l’art. Ce postulat explique un désir de modernité, auquel répond parfaitement le générique du DJ Cut Killer, interprété par le rappeur JoeyStarr. À l’inverse, le parallèle entre Évariste de Valernes et Arnold Schwarzenegger, dont le point commun serait de porter un « nom à coucher dehors », laisse perplexe. Mona Lisa se plaint des « mains baladeuses » de Tom Hanks sur le tournage du Da Vinci Code… Autrement dit, les décalages entre présent et passé, conçus comme autant de traits d’humour, ne convainquent pas toujours.
Si toute initiative nouvelle justifie la recherche d’un moyen d’expression simple et intelligible, nul besoin de céder à la grossièreté. « J’ai la mâchoire déglinguée », dit La Joconde. « Il est con, lui en fait. » Ainsi la servante parle du naïf dans le tableau susmentionné de Georges de La Tour. Et Edgar Degas de lancer à son ami : « Tu as de la chance de te trouver dans mon autoportrait car un autoportrait, c’est seul. Alors camembert ! ». « Vous avez vu la touriste japonaise, comment elle me matait tout à l’heure ? », demande la face du Cardinal Richelieu à ses deux profils, immortalisés par Philippe de Champaigne.
Malgré ces quelques incongruités, l’ensemble reste distrayant. La prochaine fois, la production devrait seulement garder en tête que vulgarisation n’est pas synonyme de vulgarité.
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Arte diffuse un nouveau format court sur l’art
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