PARIS
PARIS [16.01.17] – Réfugié en France depuis quelques jours, après des accusations de viol et de violence, l’artiste contestataire envisage de demander l’asile politique. Manipulation de la police russe ou réelle agression ?
L’artiste radical pétersbourgeois Piotr Pavlenski vient d’annoncer qu’il a émigré en France, où il envisage de déposer une demande d’asile politique. Il avait quitté la Russie mi-décembre avec sa compagne Oksana Chalyguina et leurs enfants, à la suite de l’ouverture d’une enquête criminelle déposée contre lui pour « actes agressifs à caractère sexuel ».
Lundi matin, Pavlenski a expliqué à la chaîne de télévision russe d’opposition Dojd qu’une plainte a été déposée contre sa compagne et lui par une actrice de théâtre, Anastasia Slonina. Ils risquent tous les deux jusqu’à dix ans de prison. Pavlenski nie toute culpabilité et qualifie la plainte de « délation ». Il reconnaît connaitre la plaignante, qui s’est rendue une fois chez lui le 4 décembre, après quoi elle a déposé plainte.
L’avocate du couple, Olga Dinze dit n’avoir pas encore reçu de dossier judiciaire sur l’enquête.
Pour masquer la nature politique de la répression contre les opposants, la justice russe emprisonne fréquemment ces derniers sous des chefs d’accusation détournés : fraude financière, hooliganisme, atteintes aux sentiments religieux, etc.
Mais Anastasia Slonina fait partie du Teatr.doc, un théâtre expérimental qui a, au cours des deux dernières années, soutenu Pavlenski davantage que toute autre institution culturelle russe. La directrice du théâtre Elena Gremina affirme que l’affaire « n’a aucun rapport ni avec la politique, ni avec l’art, ni avec le théâtre ». Selon elle, Pavlenski a d’abord agressé le petit ami d’Anastasia Slonina (également un acteur de Teatr.doc). Une vidéo de l’agression circule déjà sur les réseaux sociaux, dans laquelle on voit un personnage ressemblant à l’artiste frapper un homme à terre, avec l’aide de complices. Selon Gremina, quelques jours plus tard, Pavlenski aurait tenté de violer Slonina et l’aurait blessé de coups de couteaux à la main.
L’artiste a été informé de l’ouverture de l’enquête le 14 décembre. Rentrant ce jour-là à Moscou de Varsovie, il fut, avec sa compagne Oksana Chalyguina, convoqué dès son arrivée à l’aéroport, par le Comité d’enquête de Russie, habituellement chargé des affaires sensibles ou à caractère politique. Selon Pavlenski, l’interrogatoire a duré 7 heures et il s’est dit « surpris d’avoir été relâché ». Pavlenski et Chalyguina ont alors pris la décision de quitter la Russie. Ils se rendent en voiture d’abord en Biélorussie, puis en Ukraine, d’où ils prennent un avion pour la France.
Connu pour des performances extrêmes, Piotr Pavlenski s’oppose frontalement au pouvoir russe, dont il s’efforce de souligner le caractère dictatorial et totalitaire. Dans le passé, il s’est tour à tour cousu les lèvres (en protestation contre l’emprisonnement des Pussy Riot) ; s’est enroulé nu dans du fil barbelé, a cloué son scrotum sur les pavés de la place rouge et s’est tranché le lobe de l’oreille. Plusieurs fois visé par des procédures judiciaires, Pavlenski a purgé 7 mois de prison l’année dernière pour « destruction d’objet appartenant au patrimoine culturel » après avoir mis le feu en novembre 2015 à une porte du siège des services secrets (FSB, ex-KGB). Le ministre de la Culture russe Vladimir Medinski estime que Pavlenski « n’a aucun lien avec l’art » et « devrait se faire soigner ».
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Accusé de viol, l’actionniste russe Piotr Pavlenski se réfugie en France
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