BERLIN (ALLEMAGNE) [13.09.16] - Le rendez-vous de l’automne berlinois poursuit son expansion. Plus de 50 partenaires proposent environ 120 événements du 13 au 18 septembre. Le responsable culturel du Land ironise sur les peintres français pour touristes.
Pour sa cinquième édition, qui se tient du 13 au 18 septembre, la Berlin Art Week poursuit son expansion. 50 partenaires, du plus global à l’ultra local, des grandes galeries internationales aux galeries communales, des institutions, deux foires, des collectionneurs privés, collaborent afin d’attirer le plus grand nombre de visiteurs dans la capitale allemande. Près de 120 événements sont ainsi proposés sur 6 jours.
Ces événements viennent soutenir les deux foires d’art contemporain ABC et Positions (15-18 septembre). Cornelia Yzer, sénatrice (Ministre régionale) à l’Economie du Land de Berlin, a rappelé l’importance économique du secteur de l’art, qui rapporte 700 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
Pour conserver les artistes à Berlin, il faut naturellement soutenir les galeries berlinoises, mais également les projets non commerciaux, explique Tim Renner (voir encadré). A cet effet, son administration remettra pendant la Berlin Art Week à 20 espaces d’exposition indépendants un prix assorti d’une récompense de 30 000 euros. L’espace Lage Egal, créé il y a 6 ans par l’artiste-curateur français Pierre Granoux, est l’un des lauréats de ce prix. L’an passé, Lage Egal avait également été sélectionné pour un projet dans le cadre de la Berlin Art Week. La participation à l’événement lui avait procuré une reconnaissance professionnelle dans le milieu de l’art berlinois, une exposition médiatique avec un effet immédiat dans les réseaux sociaux en termes de « like » et de commentaires, un afflux de public autrement difficilement atteignable, un public plus sérieux, plus intéressé, qui demande à voir les CV des artistes. Comme la plupart des espaces d’exposition indépendants, Lage Egal est financé sur fonds propres de son créateur. La récompense de 30 000 euros du Sénat de Berlin correspond à la somme investie sur deux ans par Pierre Granoux dans son espace. Cette somme va lui permettre de souffler, de prendre du recul sans devoir toujours chercher un financement. « Cette reconnaissance d’une part, et l’argent qui y est afférant, me serviront à prendre un nouvel élan, peut-être une nouvelle direction », explique-t-il. Cette année, il présente une exposition consacrée aux livres et publications d’artistes, qui sont érigés en œuvres d’art. La Berlin Art Week met à l’honneur les espaces d’exposition indépendants le 16 septembre.
Dans les musées
Du côté des institutions, le musée Hamburger Bahnhof présente dans son ancien hall de gare le deuxième opus d’Angst, l’opéra performance d’Anne Imhof, récipiendaire du prix de la Nationalgalerie 2015. La deutsche Bank Kunsthalle se penche sur l’art polonais contemporain. La Berlinische Galerie présente DADA Afrika, une exposition qui juxtapose œuvres DADA, afin de célébrer le centenaire du ce mouvement artistique, et artefacts d’origine extra-européenne, ainsi qu’une exposition d’Andreas Greiner, ancien étudiant d’Olafur Eliasson, et lauréat du prix GASAG. Le Hau Hebbel am Ufer propose deux performances du chorégraphe français Jérôme Bel, ainsi qu’une installation d’Halil Altindere. Cet artiste turc, dont la vidéo Homeland présentée à la Biennale avait été remarquée, est également exposé à la NBK. Il y interroge les possibilités de créer une colonie de réfugiés syriens sur la planète mars, et revisite de manière ironique l’histoire d’un astronaute syrien, anciennement héros soviétique, désormais réfugié à Istanbul pour avoir critiqué le régime d’Assad. Les collections privées proposent des horaires d’ouverture élargis pendant la Berlin Art Week. C’est ainsi l’occasion de découvrir deux nouvelles collections privées qui viennent de s’installer à Berlin, la collection Feuerle et la collection Julia Stoschek.
Pour la première fois, la Biennale de Berlin participe à l’événement, grâce à un financement du Sénat (gouvernement) du Land de Berlin qui a permis de prolonger l’exposition. Le 14 septembre, la Biennale propose un programme spécial de 12 heures en forme de bouquet final. Parmi les autres grandes nouveautés, la fondation Haubrok créée par le couple de collectionneurs du même nom, s’associe au cinéma Kino International pour présenter un imposant programme de films d’artistes, de 11h à 24h le 14 septembre.
Enfin, en marge de la Berlin Art Week, le Bureau des Arts plastiques de l’Institut français célèbrera ses 20 ans d’activités dans la capitale allemande avec la parution d’une publication intitulée « Zeitgeist / L’esprit d’un temps ».
Tim Renner, Secrétaire d’Etat aux Affaires culturelles du Land, n’a pas sa langue dans sa poche. Il affirme ainsi que Berlin domine déjà pratiquement la scène artistique mondiale : 51 % des artistes présents à l’avant-dernière Biennale de Venise résidaient à Berlin. Mais la capitale allemande ne domine pas le marché de l’art, loin s’en faut. L’objectif de la Berlin Art Week est de mettre en relation artistes et collectionneurs. Tim Renner dénonce de manière ironique l’exemple négatif d’autres villes telles que Paris ou Londres dans leur effort de rester attractives pour les artistes. « A Paris, il y a ce programme totalement absurde de 2,9 millions d’euros par an, pour attirer des peintres à Montmartre, qui pour certains d’entre eux gribouillent dans la rue des motifs de carte postale pour les touristes », ironise-t-il. Avec Frieze et l’attention accordée au développement du marché de l’art, Londres réussit un peu mieux que Paris, ajoute-t-il.
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La cinquième Berlin Art Week prend du poids
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Abonnez-vous dès 1 €Andreas Greiner, Heinrich (totus corpus), Photographie digitale, 2015, exposé à la Berlinische Galerie le temps de la Berlin Art Week © Theo Bitzer, Andreas Greiner