BERLIN (ALLEMAGNE) [24.09.13] - La Berlin Art Week a présenté pour sa deuxième édition une coopération institutionnelle renforcée. Malgré ce programme de qualité, peu de collectionneurs internationaux ont répondu à l’appel.
La deuxième Berlin Art Week, qui s’est tenue du 17 au 22 septembre, a démarré en fanfare avec une grande fête de rue et une intervention du maire de Berlin, Klaus Wowereit. A quelques jours des élections au Bundestag, cette fête avait plus l’allure d’un meeting électoral mais a eu le mérite d’amener le grand public dans les galeries d’art. Saucisses et bières à la main, hipsters et badauds cohabitaient avec galeristes, représentants des institutions, et collectionneurs, dans un grand brassage social dont l’Allemagne a le secret.
Le maire de Berlin a souhaité la bienvenue aux collectionneurs, en affirmant qu’ils permettent aux galeries et artistes berlinois de subsister. Après avoir mentionné la vitalité créatrice de la capitale allemande, il a également rappelé les difficultés auxquelles la scène de l’art était confrontée : renchérissement de la vie quotidienne et des loyers. En réponse, la mairie propose un soutien actif pour conserver les artistes dans le centre de Berlin et éviter qu’ils ne soient toujours renvoyés plus loin à la périphérie de la ville. Klaus Wowereit ne l’a pas mentionné dans son discours, mais le budget culturel de la ville augmentera jusqu’en 2015, fait rarissime au moment où les autres Länder réalisent des économies budgétaires dans ce secteur. Une city tax, taxe de séjour sur les nuitées d’hôtels, devrait être mise en place en 2014, et une partie des revenus viendra soutenir la scène artistique indépendante.
Grande nouveauté par rapport à l’année dernière, trois institutions publiques, le KW, la Neue Nationalgalerie et la Berlinische Galerie, et une institution privée, la Deutsche Bank Kunsthalle ont élaboré un projet commun intitulé « Painting Forever », la peinture pour toujours. Fidèle à son désir de présenter les outsiders de l’art, Udo Kittelmann présente à la Neue Nationalgalerie quatre quadragénaires, appréciés du public mais malmenés par la critique d’art. Malgré la faiblesse de l’argument curatorial, l’exposition présente de manière réussie un panorama de la peinture actuelle, de l’abstraction de Thomas Scheibitz, à l’art figuratif ironique de Martin Eder et aux œuvres riches en références historiques et culturelles de Michael Kunze, en passant par le kitsch flamboyant d’Anselm Reyle.
La Deutsche Bank Kunsthalle rétablit la parité, sujet sensible s’il en est en Allemagne, en présentant quatre femmes artistes : trois artistes contemporaines, Antje Majewski, Katrin Plavcak et Giovanna Sarti, choisies justement pour leur engagement féministe et politique par la curatrice Eva Scharrer. Celles-ci répondent aux œuvres tardives de Jeanne Mammen (1890-1976). Le KW présente 74 peintres basés à Berlin, dont bon nombre d’entre eux n’avaient jamais exposé dans un cadre institutionnel, dans un accrochage à la manière des salons, qui n’est pas sans rappeler le projet Macht Kunst de la Deutsche Bank Kunsthalle au printemps dernier.
Alors que ces trois institutions privilégient dans l’ensemble un rapport classique à la peinture s’exprimant sur une toile, celle de Franz Ackermann déborde à loisir des toiles dans une composition murale qui encadre ses œuvres. « C’est une tradition de la Berlinische Galerie d’utiliser cet espace pour des expositions non conventionnelles, et de laisser carte blanche aux artistes pour réaliser des projets in situ », déclare le directeur du musée Thomas Köhler.
La Berlin Art Week a été l’occasion de remettre une pluie de prix artistiques : l’Académie des Arts de Berlin a remis le prix Käthe-Kollwitz 2013 à l’artiste israëlien Eran Schaerf ; le Secrétaire d’Etat aux affaires culturelles de la ville de Berlin, André Schmitz, a remis un prix assorti de 30 000 euros à sept espaces non commerciaux. Une aide plus que bienvenue pour bon nombre d’entre eux, et notamment pour le Kreuzberg Pavillon qui organise une nouvelle exposition chaque samedi, mais fonctionne sur les fonds propres de ses organisateurs, avec un budget mensuel de 160 euros par mois. Enfin, Udo Kittelmann a remis le prix de la Nationalgalerie, équivalent allemand du prix Marcel Duchamp, à la Mexicaine Mariana Castillo-Deball, en présence du ministre de la Culture allemand et de 800 invités.
Selon ses organisateurs, la Berlin Art Week a attiré 60 000 visiteurs. 28 000 d’entre eux ont également visité la foire d’art contemporain de Berlin, ABC, soit 4 000 de plus que l’an passé. Malgré ce meilleur résultat, on croisait peu de collectionneurs internationaux, hormis 50 collectionneurs français invités par l’Institut français. Du côté des ventes, les galeries affichaient un léger mieux par rapport à l’an passé, même si bon nombre d’entres-elles repartent bredouille.
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Un programme institutionnel renforcé pour la deuxième Berlin Art Week
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Abonnez-vous dès 1 €Conférence de Presse de la Berlin Art Week fin août 2013 : Moritz van Dülmen (Kulturprojekte Berlin GmbH), Johannes Odenthal (Akademie der Künste), Udo Kittelmann (Nationalgalerie – Staatliche Museen zu Berlin), Svenja Gräfin von Reichenbach (Deutsche Bank KunstHalle), Christofer Habig, (Deutsche Bank), Stephan Erfurt (C/O Berlin), Cornelia Yzer (Senatorin für Wirtschaft, Technologie und Forschung), Karin Rebbert (nGbK), André Schmitz (Staatssekretär für kulturelle Angelegenheiten), Marius Babias, (n.b.k.), Gabriele Horn (KW Institute for Contemporary Art), Rüdiger Lange (PREVIEW BERLIN ART FAIR), Ralf Schmitt (PREVIEW BERLIN ART FAIR), Anne Maier (Haus der Kulturen der Welt), Maike Cruse (abc art berlin contemporary), Thomas Köhler (Berlinische Galerie), Maik Schierloh (Autocenter), Joep van Liefland (Autocenter). © Photo Oana Popa / Courtesy Berlin Art Week