80 000 visiteurs attendus à la Berlin Art Week

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 16 septembre 2015 - 955 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [16.09.15] - 50 expositions, plus de 100 événements, 43 partenaires : la 4e Berlin Art Week (15-20 septembre) propose une offre foisonnante pour soutenir les deux foires commerciales ABC et Positions. Mais elle se veut aussi un événement régional pour mettre en valeur tous les acteurs de la créativité berlinoise.

Pour sa quatrième édition, qui se déroule du 15 au 20 septembre, la Berlin Art Week semble avoir enfin trouvé sa voie. Elle avait été initiée à la hâte en 2012 pour compenser la disparition de la principale foire de Berlin, Art Forum. Le budget du Land de Berlin pour l’opération s’élève cette année à 850 000 euros. Le Secrétaire d’Etat à l’Economie du Land, Guido Beermann, justifie cet investissement par l’importance toujours croissante du secteur de l’art à Berlin : « Avec plus de 2 600 entreprises et un chiffre d’affaires de près de 700 millions d’euros, le marché de l’art est devenu un puissant facteur économique ». Le secteur emploie 6 600 personnes dans la capitale.

Tim Renner, Secrétaire d’Etat aux Affaires culturelles du Land, ne nie pas l’importance économique de la Berlin Art Week autour des foires commerciales. Mais il souligne également qu’il s’agit d’un évènement régional pour promouvoir la créativité de la capitale, jusqu’au niveau ultra-local, à l’instar d’un programme élaboré par les galeries communales, réunies sous l’acronyme malheureux « KGB » (Kommunale Galerien Berlin).

La quatrième édition propose une mise en scène mettant en valeur chaque jour de la semaine les différents acteurs du monde de l’art, à commencer par les institutions publiques et privées le 15 septembre. Le jour suivant est dédié aux collections privées, toujours plus nombreuses à Berlin, et désormais réunies sur le site web www.berlincollectors.com. Les deux foires de Berlin, ABC et Positions , ouvriront leurs portes le 17 septembre. Enfin, le 18 septembre, 14 espaces-projets non commerciaux recevront un prix décerné par le Land de Berlin, assorti de 30 000 euros. Une vraie manne financière pour ces espaces qui fonctionnent généralement sur fonds propres de leurs fondateurs, le plus souvent financés à l’aide de petits boulots. Dix autres espaces-projets ont été sélectionnés et sont partenaires de la Berlin Art Week. Le même jour, la Nationalgalerie décernera son prix bisannuel. Un jury auquel participe cette année Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, choisira un lauréat parmi quatre finalistes : Florian Hecker, Anne Imhof, Christian Falsnaes et le collectif Slavs and Tatars.

En ce qui concerne le programme institutionnel, la Berlin Art Week propose tous les deux ans une collaboration entre quatre partenaires, la Berlinische Galerie, la neue Nationalgalerie, le KW et la Deutsche Bank KunstHalle, sur un thème commun, cette année « Stadt/Bild : image d’une ville ». La neue Nationalgalerie reconstituera le happening Fluids d’Allan Kaprow, datant de 1967, qui sera ensuite réinterprété les jours suivants par des artistes parmi lesquels Agnieszka Polska, Antje Majewski, et Olivier Guesselé-Garai. Le curateur Simon Njami interroge le concept de capitale dans l’exposition Xenopolis à la Deutsche Bank KunstHalle, autour d’œuvres d’Anri Sala, Theo Eshetu et Laurence Bonvin. Nul besoin d’avoir un passeport étranger pour se sentir étranger dans la capitale de son pays, précise le curateur. Au moment de l’arrivée massive de réfugiés en Allemagne, le concept de Xenopolis se pose avec acuité, affirme-t-il avant d’ajouter un message politique : « Les murs sont toujours destinés à tomber ». « Welcome to the Jungle » au KW se penche sur le subconscient des villes, par exemple autour d’une fontaine à sable de l’artiste Klaus Weber, qui questionne la place de la nature dans l’environnement urbain, ou bien l’installation Malibu Moonrise de Marianne Vlaschits. Parmi les autres expositions institutionnelles, Paul McCarthy livre une puissante mise en scène macabre, en exposant sa dépouille mortuaire ultra-réaliste en silicone au Schinkel Pavillon. A noter également, la très attendue exposition d’Alicja Kwade au Haus am Waldsee, la rétrospective Cindy Sherman à Me Collectors Room (collection privée de Thomas Olbricht) et l’exposition de Bernard Frize, récipiendaire du prix Käthe-Kollwitz de l’Académie des Arts de Berlin.

La principale foire commerciale de Berlin, ABC, assume enfin son statut de foire, après s’être longtemps revendiqué exposition-vente. Cela se traduit par la mise en place d’un comité de sélection des galeries, une scénographie entièrement revue, l’abandon de l’obligation d’exposer une position artistique unique, et un nombre resserré de galeries. Comme l’an passé, les galeries berlinoises participant à ABC proposeront en outre des vernissages et nocturnes concertés le 16 septembre, veille de l’ouverture de la foire. Parmi l’impressionnante programmation des galeries figurent les expositions de Cindy Sherman, Jenny Holzer, Barbara Kruger et Rosemarie Trockel chez Sprüth/Magers ; Wim Wenders (Blain/Southern), Camille Henrot (galerie König), Hans-Peter Feldmann (Mehdi Chouakri), Gabriel Kuri (Esther Schipper), Laure Prouvost (Carlier - Gebauer), Sol LeWitt (Konrad Fischer), Mario Garcia Torres (Neugerriemschneider), Cecily Brown et Juergen Teller (CFA) et Hito Steyrl (KOW).

Si d’aventure les visiteurs de la Berlin Art Week étaient atteints du syndrome de Stendhal devant un tel foisonnement de l’offre (maladie psychosomatique provoquée par une surstimulation visuelle), l’artiste Carmen Loch propose une cure dans son oasis / performance intitulé « Stendhal Labor ». Accueillis par l’artiste et ses assistants en bouse blanche dans une ambiance clinique, les visiteurs pourront par exemple se reposer dans une salle de méditation, ou bien acquérir une pilule placebo. « Stendhal Labor » est une coopération de deux espaces-projets, Vessel Room Project et Erratum Galerie, deux des dix espaces-projets sélectionnés pour le programme Xchange de la Berlin Art Week. Erratum Galerie a été fondée il y a deux ans par trois artistes français et franco-britanniques. Damien Sayer, co-fondateur, explique attendre de la participation à la Berlin Art Week une plus grande visibilité de la galerie, et une meilleure intégration dans la ville de Berlin.

En savoir plus

Sites Internet :
- ABC
- Positions Berlin
- Berlin Art Week
- Berlin Collectors

Légende Photo :
Awst & Walther, PSM, vue de l'installation - ABC 2014 © photo Marco Funke / www.berlinartweek.de 

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