NEW YORK (ETATS-UNIS) [10.03.15] – Des collectionneurs réclamaient 40 millions de dollars de dommages et intérêts à l’encontre de la Keith Haring Foundation. Leur demande a été rejetée.
La justice américaine s’est prononcée en faveur de la Keith Haring Foundation dans l’affaire du même nom. Une juge fédérale de New York a rejeté, vendredi 6 mars 2015, la demande d’indemnisation déposée le 21 février 2014 par neuf collectionneurs de (vrais ou faux) Keith Haring. Ces derniers réclamaient 40 millions de dollars de dommages et intérêts au motif que « les actions de la Keith Haring Foundation, et des autres défendeurs, interfér[aient] avec l’exposition et la vente de leurs œuvres, réduisant la valeur de leur propriété ».
Les plaignants dénonçaient « l’établissement d’une conspiration » entraînant des restrictions commerciales, l’existence d’une situation de monopole, la diffusion de fausse publicité et présentaient six autres moyens relatifs au respect des lois de l’Etat de New York. Ils ont tous été rejetés.
S’agissant de la conspiration en vue de restrictions commerciales, la juge a écarté toute hypothèse de concertation de la Keith Haring Foundation tant avec des protagonistes du marché de l’art qu’avec ses directeurs. Les premiers peuvent, en toute autonomie, refuser de vendre afin de ne pas être rattrapés par la loi en cas de faux. Les seconds ne constituent pas des entités légales séparées de la fondation sur le marché de la vente de l’art de Keith Haring. Enfin, la juge a souligné que les plaignants ne précisaient pas que la fondation était le seul organe à dispenser des authentifications.
S’agissant de la situation de monopole, la juge a estimé que les requérants n’avaient pas apporté d’informations quant à la présence de la Keith Haring Foundation sur le marché depuis 2011, ni d’éléments quant à son poids sur le marché. Elle a également relevé que le comité, dissout depuis 2012, n’authentifiait plus d’œuvres, et qu’il existait d’autres services d’authentification, et que le fait que la Keith Haring Foundation détient les droits de propriété intellectuelle sur les travaux de l’artiste ne suffisait pas à établir une situation de monopole.
C’est l’organisation de l’exposition Haring Miami : A Celebration of the Life and Art of Keith Haring, en 2013, qui a déclenché cette bataille judiciaire. Sur les 175 travaux alors présentés, la Keith Haring Foundation avait obligé les organisateurs à décrocher 165 œuvres considérées comme fausses. Elle avait également porté plainte contre les organisateurs, contraints d’afficher à l’entrée de la manifestation leur impossibilité à garantir l’authenticité des œuvres et de détruire tous les catalogues d’exposition.
L’arrêt révèle également les origines plus anciennes de ce conflit. Les collectionneurs pensent, en effet, détenir 111 œuvres authentiques de Keith Haring en provenance d’Angelo Moreno et de Delta Cortez, deux amis de l’artiste. Malgré leurs preuves, la Keith Haring Foundation a toujours refusé d’authentifier leurs œuvres et ce, sans explications. Le blocage qui en est résulté a conduit les collectionneurs à soupçonner la fondation d’entretenir la rareté de l’œuvre de Keith Haring afin d’augmenter les prix. Ils ont donc saisi la justice qui s’est prononcée le 6 mars 2015.
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La justice américaine rejette la demande d’indemnisation de collectionneurs de Keith Haring
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Abonnez-vous dès 1 €Keith Haring dans son atelier, New York, 1988 - Ce reportage a fait l'objet d'une publication "Baptiste Lignel Keith Haring, studio 30.10.1988, éditions Alternatives 48 p., 15 €" - Un extrait de ce reportage fut publié dans L'oeil n°657, mai 2013 © photo Baptiste Lignel