Anne Hidalgo saisit la justice après le vote négatif du Conseil de Paris sur la tour Triangle

La cinquième commission du Conseil de Paris s’est prononcée lundi 17 novembre contre le déclassement du terrain où la Tour Triangle est projetée, sur le site de la Porte de Versailles dans le 15e arrondissement. Sur les 163 conseillers de Paris, 83 ont voté contre, 78 pour ; un bulletin nul et un non votant ont été comptabilisés. Même si Anne Hidalgo avait avoué avoir un problème de majorité sur ce projet, l’issue du scrutin n’était pas ficelée car plusieurs élus UMP avaient fait savoir leur intention de voter pour (Jérôme Dubus, Pierre Lellouche ou encore Dominique Tiberi). Mais le vote a confirmé – de peu – la majorité de la coalition des « contre ».

Vote secret non respecté
Conformément à la volonté du PS, le vote devait se dérouler à bulletin secret, afin de permettre aux élus de « s’exprimer en toute liberté ». Or, les élus UMP (à l’exception de Rachida Dati), des centristes (UDI-Modem) et écologistes (EELV), qui avaient plaidé pour un vote public et nominal afin de garantir la « transparence », ont montré leur bulletin pendant le vote, sans entrer dans l’isoloir. « La loi n’a pas été respectée dans la mesure où, délibérément, des conseillers de Paris ont montré leur bulletin préalablement au passage devant l’urne ». Au regard de la loi « ce scrutin est nul, et je demande [...] qu’il soit déféré au contrôle de légalité, et déféré au tribunal administratif », a déclaré Anne Hidalgo à l’issue du scrutin. Ce rejet suspend l’étape suivante du projet qui devait être l’approbation du permis de construire, en cours d’instruction.

L’adjoint de la maire de Paris chargé de l’urbanisme, Jean-Louis Missika, a précisé quelles seraient les suites possibles de l’affaire : « Soit tous les votes qui ont été montrés sont déclarés nuls, et la délibération est adoptée, soit il doit être procédé à un nouveau vote ».

Un projet fer de lance des grands projets d’urbanisme de la mandature
« Ce projet, Paris en a besoin [...] On serait la seule ville au monde à refuser un investissement de 500 millions d’euros [le géant de l’immobilier commercial Unibail-Rodamco prévoit d’y investir 520 millions d’euros] en période de déprime, où l’investissement public sauf à Paris va être en panne partout ailleurs, et où l’investissement privé a besoin d’être stimulé et encouragé », clamait Anne Hidalgo avant le scrutin. Après quatre décennies sans constructions de ce type, la tour Triangle devait être l’une des trois tours à voir le jour à Paris dans les années à venir, avec le nouveau palais de justice des Batignolles (17e) et le projet Duo à Massena-Bruneseau (13e).

La Tour Triangle a été dessinée par le cabinet suisse Herzog et de Meuron - lauréat du prix Pritzker en 2001 et auteur notamment de la réhabilitation de la Tate Modern qui a eu lieu entre 1998 et 2000 à Londres et de la construction du stade de Pékin entre 2004 et 2008. La tour pyramidale de 180 mètres s’inscrit dans un ensemble immobilier totalisant une surface de 92 200 m2 environ de surface de plancher, essentiellement à vocation économique, avec notamment 79 600 m2 de bureaux (dont de nouveaux sièges sociaux à dimension internationale), 5 000 m2 de restaurants d’entreprises et un centre de conférences de 1 900 m2. Le projet comprend également 5 700 m2 d’espace accessible au public (crèche, centre de santé, commerces de proximité, jardin public), le tout dans un « espace respectueux de l’environnement ».

Les élus de l’UMP, du Centre, d’EELV et du Parti de gauche se sont relayés pour remettre en question l’utilité de la tour, à l’heure où Paris compte « plus d’un million de m2 de bureaux vides ». D’après Jean-Louis Missika la tour Triangle va, au contraire, « permettre de signaler un quartier métropolitain » en reliant Paris et les Hauts-de-Seine.