Archéologie - Unesco

L’épave retrouvée au large d’Haïti ne peut pas être le navire de Christophe Colomb selon l’Unesco

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 7 octobre 2014 - 572 mots

PARIS [07.10.14] - L’épave retrouvée en mai 2014 au large d’Haïti est d’une époque plus récente que la Santa Maria, a annoncé l’Unesco lundi 6 octobre. L’Organisation spécialisée des Nations unies appelle à poursuivre les recherches pour la localiser et à adopter les mesures législatives nécessaires à la protection du patrimoine subaquatique.

L’explorateur sous-marin américain Barry Clifford pensait avoir retrouvé au nord des côtes haïtiennes, entre trois et cinq mètres de fond, l’épave bien conservée de la Santa Maria, le navire amiral à bord duquel Christophe Colomb avait découvert l’Amérique en 1492. Il avait affirmé lors d’une conférence de presse à New York le 14 mai 2014 que tous les indices convergeaient en ce sens. A la demande des autorités haïtiennes, l’Unesco avait décidé le 23 juin d’envoyer une mission afin d’évaluer l’état de l’épave, exprimant aussi son inquiétude sur des risques de pillage.

Cette mission d’expertise, menée par l’Espagnol Xavier Nieto Prieto, spécialiste reconnu des épaves espagnoles, a procédé du 9 au 14 septembre à des fouilles sous-marines sur le site. Ses conclusions ont écarté l’hypothèse de Barry Clifford. « Les éléments de fixation trouvés sur le site (...) témoignent d’une technique d’assemblage remontant à la fin du XVIIe ou au XVIIIe siècle », selon l’Unesco. Ils sont en effet en cuivre alors qu’auparavant « les éléments de fixation utilisés dans la construction navale étaient en fer ou en bois », relève l’organisation. « Par ailleurs, au vu des récits d’époque - notamment le journal de bord de Christophe Colomb retranscrit par Bartolomé de Las Casas -, l’épave se trouve trop loin du rivage pour être celle de la Santa Maria », souligne encore l’Unesco.

Les experts préconisent que des explorations supplémentaires soient menées afin de localiser la véritable épave de la Santa Maria. Et le rapport de l'Unesco recommande l'adoption par Haïti d'une législation plus protectrice pour le patrimoine subaquatique, notamment en matière d'autorisation des fouilles des sites archéologiques immergés.

Un patrimoine encore mal protégé
Bien que les océans recouvrent la plus grande partie de notre planète, la richesse du patrimoine culturel subaquatique mondial est encore sous estimé. Reconnaissant le besoin urgent de préserver et de protéger un tel héritage, l'UNESCO a élaboré en 2001 la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique. Le texte fixe les principes de base relatifs à la protection de ce patrimoine et fournit des règles pratiques pour la coopération, le traitement et la recherche sur le patrimoine culturel subaquatique. Selon son article 1, on entend par patrimoine culturel subaquatique toutes les traces d'existence humaine reposant ou ayant reposé sous l'eau et présentant un caractère culturel, historique ou archéologique. La France l’a ratifié le 7 février 2013 et Haïti le 9 novembre 2009.

Selon l’Unesco, ce patrimoine constitue un important témoignage d’événements historiques et de catastrophes naturelles qui peut révéler des aspects de l’histoire encore inconnus. Les vestiges trouvés dans les fonds marins témoignent aussi des échanges culturels qui ont eu lieu depuis le commencement de l’humanité. Par ailleurs, ces vestiges sont souvent bien mieux préservés que sur terre car l’oxygène qui aurait contribué à leur détérioration est présent en beaucoup plus faible quantité en milieu marin. Enfin, et cette raison n’est pas négligeable en Haïti, ce tourisme subaquatique peut représenter un atout économique considérable. La région d’Haïti est riche en restes de navires naufragés et les experts recommandent de dresser un inventaire des épaves importantes gisant au fond des eaux de cette zone.

Légende photo

Une réplique de la Santa Maria, navire de Christophe Colomb - © Photo Dietrich Bartel - 2005 - Licence CC BY-SA 2.0

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