Italie - Politique culturelle

Les grandes ambitions du ministre de la Culture italien

Par Chiara Longo · lejournaldesarts.fr

Le 1 septembre 2014 - 658 mots

PARIS [01.09.14] - Dario Franceschini, ministre de la Culture et du Tourisme italien depuis le 22 février 2014 dans le gouvernement de Matteo Renzi, veut faire de la culture un moteur de la croissance de son pays.

« J’ai été appelé à diriger le plus important ministère économique de ce pays ». La phrase sonne comme une plaisanterie, mais ne l’est pas. Son auteur, le nouveau ministre de la Culture (depuis février 2014) du gouvernement de Matteo Renzi considère le patrimoine culturel italien comme un moteur de croissance. « On marche sur un tapis de pépites d’or et on ne s’en aperçoit pas ! » se plait-il à dire.

Né en 1958 à Ferrare, cet avocat civiliste, auteur de plusieurs romans, récompensés notamment en France (prix Chambery « Premier Roman » en 2007 pour Nelle vene quell’acqua d’argento), a commencé sa carrière politique dès son plus jeune âge, au lycée. Membre de la Démocratie Chrétienne (DC) jusqu’à sa dissolution (1993), il poursuit son engagement au sein du Parti Populaire Italien (PPI), centriste. Entre 1999 et 2001 il a été secrétaire adjoint à la Présidence du Conseil des Ministres. En 2001 il figure parmi les fondateurs du parti « La Margherita » qui, en 2007, rentre dans la coalition de gauche du « Parti Démocratique ». Secrétaire national du Parti Démocratique en 2009, il devient Président des députés de son groupe au parlement jusqu’en 2013, avant d’entrer en avril 2013 dans le gouvernement d’Enrico Lotta en charge des relations avec le Parlement. Matteo Renzi en fait son ministre de la Culture et du Tourisme en février 2014 succédant à Massimo Bray. Son expérience de l’administration de culture n’est cependant pas des plus riches, ne pouvant mettre en avant que son mandat de conseiller municipal à la Culture et au Tourisme à Ferrare.

Comme Matteo Renzi, Dario Franceschini avance au pas de charge. Il a enfin mis en place un dispositif fiscal qui trainait dans les cartons face à l’opposition du ministère italien des Finances, comparable au dispositif français qui offre une défiscalisation à hauteur de 65 % des dons à la culture. La loi Cultura, approuvée le 28 juillet 2014, prévoit plus d’autonomie pour les grands musées. Plus de responsabilité pour les dirigeants dont le travail sera périodiquement évalué par des commissions formées par des experts internationaux. Un administrateur unique, expert en marketing et gestion muséale, va épauler le surintendant. Les managers seront des historiens de l’art, des archéologues, des architectes, experts en gestion muséale, s’empresse de rassurer le ministre. La surintendance renforcera alors sa mission de recherche et nouera des partenariats avec les universités et les Centres Nationales de Recherche.

Un autre objectif du ministre est de « renforcer la conservation du patrimoine qui ne s’oppose pas à sa valorisation ». Car le tourisme est depuis le 21 octobre 2013 une compétence du ministère de la Culture (MIBAC), devenu ministère de la Culture et du Tourisme (MIBACT). Le T en plus, ne change pas simplement l’acronyme mais marque surtout une évolution des mentalités. En Italie on parle souvent de culture et de tourisme comme de deux entités pas seulement séparées, mais même en opposition. Franceschini voudrait libérer l’Italie de ses autonomies régionales, qui sont en compétition l’une avec l’autre, et présenter une seule offre nationale. 85% des touristes étrangers qui vont en Italie s’arrêtent à Rome. Aujourd’hui l’Italie est en cinquième place comme destination touristique après la France, les Etats-Unis, l’Espagne et la Chine. Il fut un temps où c’était la première, rappelle le ministre. Elle reste néanmoins la première destination souhaitée, affirme-t-il.

Un ministre très offensif, qui n’hésitait pas à conclure ainsi son discours au Parlement italien le 28 juillet dernier lors du vote de loi Cultura : « On est en crise. Mais je pense à la réponse de Winston Churchill à ses généraux qui lui demandaient de supprimer le budget de la culture pour financer la guerre : « Alors, pourquoi combattons-nous ? » ».

Légende photo

Dario Franceschini, ministre des Biens et des Activités culturels et du Tourisme dans le gouvernement italien de Matteo Renzi depuis le 22 février 2014- © Photo Framino - 2008 - Licence CC BY-SA 2.0

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