VENISE / ITALIE
NEW YORK (ETATS-UNIS) [10.10.13] – World Monument Fund vient de rendre public sa liste des sites à protéger à travers le monde en 2014. Des sites patrimoniaux du Mali et de la Syrie ont été pour la première fois ajoutés, tout comme la lagune de Venise, menacée par l’incessant va-et-vient des bateaux de croisière. Elle recense 67 sites à protéger.
C’est mardi 8 octobre 2013 que l’ONG américaine World Monument Fund (WMF) a publié à New York sa carte mondiale des sites à protéger en 2014, en raison des cataclysmes naturels, des conflits politiques, des manques de financement ou des pressions économiques. Cette organisation non gouvernementale contribue à la sauvegarde des monuments architecturaux menacés en finançant certaines restaurations et en publiant tous les deux ans une liste des monuments en péril. Cette dernière couvre un champ chronologique vaste, allant de la préhistoire au XXe siècle.
Elle est établie par un panel d’experts en archéologie, architecture, histoire de l’art et en conservation, qui a recensé cette fois 67 sites, certains connus, d’autres appelés à l’être. Parmi eux, le village Dogon de la falaise Bandiagara au Mali et la ville Syrienne d’Alep, mais aussi deux églises parisiennes, Notre-Dame de Lorette et Saint Merri. Depuis sa création en 1996, WMF a recensé près de 740 sites à protéger, et levé 300 millions de dollars pour leur sauvegarde.
Venise a été, elle aussi, incluse dans cette liste, en raison du danger que représentent les bateaux de croisière, de plus en plus nombreux chaque année. Sur les 5 dernières années, le nombre des croisières à Venise a augmenté de 400 %. Près de 20% des visiteurs viennent à Venise via le tourisme de croisière, qui draine à lui seul 1,5 à 2 millions de touristes chaque année. On compte en moyenne et par an, 300 bateaux au large de la lagune.
Après le naufrage du Costa Concordia au large de la Toscane en janvier 2012, l’UNESCO avait demandé au gouvernement italien, dans une lettre envoyée au ministre de l’environnement Corrado Clini, d’agir pour protéger Venise des bateaux de croisière. Les pouvoirs publics avaient fini par adopter en mars 2012 le décret Clini-Passera interdisant l’accès des eaux des canaux de la Giudecca et de Saint Marc aux navires de croisières de plus de 40 000 tonnes. Mais en octobre 2012, cette mesure n’ayant toujours pas été appliquée, une pétition avait circulé sur internet pour protester contre l’immobilisme des autorités.
Le poids des armateurs est en effet considérable, le commerce des croisières étant prospère, apportant à la ville de Venise chaque année un minimum de 300 millions d’euros, et garantissant un marché de 5 000 emplois.
Fin septembre 2013, rassemblés autour du Comité « Non aux grands navires », une vingtaine de militants se sont jetés à l’eau symboliquement pour protester contre ce qu’ils appellent le « massacre de Venise ». Silvio Testa, porte-parole du comité, souhaite que les bateaux de plus de 40 000 tonnes de jauge brute ne passent plus dans le canal de la Giudecca. Chaque navire déplace en effet quelques 89 000 tonnes d’eau, crée des vagues qui affaiblissent les fondations, et produit à chaque trajet une pollution qui équivaut au gaz rejeté par 13 000 véhicules. Chaque année, la lagune perd entre 750 000 et 1 million de sédiments.
Des équipes travaillent actuellement sur des projets de routes alternatives mais qui restent onéreux, avoisinant les 200 millions d’euros, car ils supposent soit d’aménager de nouveaux quais, soit de creuser ou d’agrandir un canal. Andrea Orlando, ministre de l’Environnement, confiait en septembre 2013 à notre confrère du Monde, qu’en attendant des travaux de grande envergure, il était pour l’instauration d’un numerus clausus de bateaux pouvant accéder aux canaux de la Giudecca et de Saint Marc.
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Venise sur la liste des 67 sites en danger du World Monument Fund
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