MARSEILLE
Entretien avec Xavier Rey, directeur des musées de Marseille.
En 2013, « Marseille-Provence capitale européenne de la Culture » a profondément modifié le centre d’équilibre de la ville avec l’inauguration du MuCEM et la réhabilitation des quartiers de la Joliette et du Panier, mais aussi du Vieux Port, qui est redevenu un lieu de visite. Le palais Longchamp n’est pas dans ce triangle touristique, ce qui veut dire que les visiteurs qui passent moins de 48 heures à Marseille risquent de ne pas aller jusqu’au palais. Nous avons donc saisi l’opportunité du 150e anniversaire du monument pour donner un petit coup de projecteur sur lui et les institutions qu’il abrite : le Musée des beaux-arts et le Muséum d’histoire naturelle. Muséum dont on célèbre par ailleurs le bicentenaire de la création. Ce dernier a bénéficié de travaux de modernisation de la présentation des spécimens naturalisés et de la médiation, tout en conservant son extraordinaire esprit du XIXe siècle.
L’histoire de la collection des peintures est en effet compliquée ; c’est même un contre-cas d’école que l’on enseigne dans les formations de restaurateur. Dans les années 1970-1980, la collection a été attaquée par le stegobium : un insecte qui se nourrit de sucre et qui s’est infiltré dans les rentoilages faits à la colle au sucre sur la quasi-intégralité de la collection. Ce drame a contraint à des restaurations lourdes et coûteuses qui, malgré les campagnes successives, ne sont pas encore terminées. Il reste une part importante de la collection à traiter. Nous avons, par exemple, une très belle nature morte de Snyders à restaurer, mais aussi tout un programme portant sur les grands formats. Grâce à ce chantier de fond, nous avons pu pour le 150e anniversaire présenter plus d’une cinquantaine d’œuvres restaurées des réserves. L’idée est de donner régulièrement rendez-vous à notre public, de l’inviter à revenir pour découvrir les nouvelles œuvres restaurées au fil des campagnes successives. Ce qui est important, c’est de pouvoir alimenter ce programme de restauration et d’investissement avec des projets scientifiques intéressants qui vont continuer de renouveler l’accrochage. Pour le nouveau parcours, nous avons, par exemple remis en avant la peinture provençale pour laquelle nous avons de très beaux exemples et qui est un axe que nous continuons à renforcer par nos enrichissements, comme récemment avec l’acquisition d’un paysage et d’une marine d’Henri d’Arles.
Il faut garder à l’esprit qu’il y a une segmentation, car les collections de la ville sont réparties dans différents musées. Contrairement aux autres grands musées de beaux-arts, nous ne conservons pas l’antiquité ni l’art moderne, qui sont dans d’autres sites du réseau. Cette absence de couverture historique et encyclopédique dilue la notoriété et les moyens. Cela crée un véritable déficit de notoriété pour le musée. Mais en même temps la dynamique de réseau est indispensable et elle va bien avec la physionomie de cette ville qui est très étendue.
Réouverture
Le 17 septembre, le Muséum d’histoire naturelle de Marseille rouvre ses portes au sein du palais Longchamp au terme d’importants travaux.
35 000
C’est le nombre de visiteurs qu’accueille chaque année le Musée des beaux-arts de Marseille. Un chiffre bien en deçà des ambitions de ce site prestigieux mais qui pâtit d’un déficit de notoriété et d’une histoire compliquée.
« La construction du palais Longchamp s’est achevée sous Napoléon III en 1869. Il aura donc fallu trente ans pour réaliser ce trésor de l’architecture du Second Empire, qui abrite un château d’eau mais aussi deux musées dans ses ailes. » Laetitia Gentili, La Provence, 14/08/2019
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Xavier Rey : "Les 150 ans du palais Longchamp sont l’occasion d’un coup de projecteur"
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°736 du 1 septembre 2020, avec le titre suivant : Xavier Rey : "Les 150 ans du palais Longchamp sont l’occasion d’un coup de projecteur"