Il n’est pas courant qu’une institution offre de venir voir à trois reprises la même exposition pour le tarif d’une seule entrée.
C’est pourtant bien ce que propose le Schaulager à l’occasion de la première rétrospective extensive de Steve McQueen, artiste de l’image et réalisateur. En effet, pour apprécier la vingtaine d’installations vidéo, de films et les quelques photographies de cet artiste britannique, il faut bien plus qu’une visite. Car l’œuvre est dense, physique et surtout révoltée. Sous des attraits taiseux – comme l’homme, colosse impressionnant et peu amène –, le travail prend en effet souvent position avec radicalité comme dans ses films sortis en salle : Hunger, récompensé en 2008 de la caméra d’or à Cannes, relatait ainsi la grève de la faim de l’Irlandais Bobby Sands, membre de l’IRA « sacrifié » par Thatcher.
Dans cette perspective, on ne peut regarder en toute impunité le monument aux morts de la guerre en Irak que McQueen a réalisé après s’être rendu là-bas en 2003 en tant qu’artiste de guerre officiel. Dans un sobre cabinet en chêne, il a ensuite disposé cent soixante planches de timbres inédites, imprimées à l’effigie de chacun des soldats morts pour la couronne. Queen and Country (2007-2009) est une sacrée claque.
D’ailleurs, les films que l’artiste a programmés pour l’auditorium témoignent de son engagement : Zéro de conduite de Vigo, La Bataille d’Alger de Pontecorvo ou encore Taxi Driver de Scorsese. McQueen ne laisse jamais ses spectateurs tranquilles. Et si son exposition n’est pas une partie de plaisir, elle est une mise en condition du regard hautement indispensable.
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Voir et re-revoir McQueen
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Abonnez-vous dès 1 €Schaulager, Ruchfeldstrasse 19, Münchenstein, Bâle, www.schaulager.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : Voir et re-revoir McQueen