PARIS
Vincent Giraudier est chef du département de l’Historial Charles de Gaulle, à Paris.
La particularité de l’Historial est de ne pas exposer d’objets : il est entièrement bâti sur l’archive. Les contenus sont présentés à travers différents dispositifs multimédias interactifs. Aujourd’hui, ce concept dont nous avons été des précurseurs se développe, par exemple, à la grotte Chauvet 2, au mémorial Charles de Gaulle de Colombey-les-Deux-Églises, ou au nouveau Mémorial de Verdun. Ce qui intéressait les musées à l’inauguration de l’Historial, c’est la façon dont nous arrivions à rendre compte de discours uniquement par la mise en situation 3D de l’image.
Dans le cadre de l’année gaullienne 2020 (qui célèbre le 80e anniversaire de l’Appel du 18 juin, en même temps que le 130e anniversaire de la naissance et du 50e anniversaire de la mort du général de Gaulle), il apparaissait nécessaire d’opérer une refonte de l’audiovisuel et une réflexion autour des techniques de l’Historial. Dans la mesure où celui-ci est un laboratoire de techniques muséographiques, il fallait le faire évoluer au regard des technologies d’aujourd’hui. Beaucoup d’animations ne pouvaient pas être développées à cause des logiciels et systèmes informatiques obsolescents. Il a fallu revenir à l’archive. Nous avons refait des ergonomies d’applications, mais aussi enrichi les contenus scientifiques.
Depuis douze ans, l’historiographie a évolué : il y a eu de nouvelles publications et de nouveaux chercheurs. Dans l’Historial rénové, nous proposons ainsi aux visiteurs de poser des questions à un historien de référence, à travers un dispositif de contrôle. L’historien sélectionné apparaîtra en vis-à-vis derrière un miroir sans tain. Le visiteur pourra ainsi en quelque sorte dialoguer avec chacun ! Notre but ? Amener le visiteur à être lui-même un historien croisant ses sources.
Ce mobile, créé par Calder en 1942, quelques mois après l’entrée des États-Unis dans la guerre, est ainsi l’autre grande œuvre politique de Calder, aux côtés de la Fontaine de Mercure, réalisée pour le pavillon républicain de l’Exposition universelle de 1937 et exposée devant Guernica. Et elle est le reflet même de ce qu’est l’Historial. L’Historial montre en effet que le général de Gaulle, c’est l’homme d’État, l’homme public : on est dans le régalien. Et cette œuvre est, elle aussi, régalienne ! En effet, l’année 1942, avant les victoires de novembre, représente le pire moment de la guerre. La bataille se joue par l’opinion publique et les médias. Dans les démocraties occidentales, les médias, en particulier les grands médias progressistes de la Côte est des États-Unis, rappellent régulièrement qu’il s’agit d’une guerre de la liberté face à la barbarie. Dans ce combat où tous les intellectuels ont leur place, un des plus grands artistes du XXe siècle, Alexander Calder, réalise une œuvre où il montre que, pour lui, la liberté s’incarne par la croix de Lorraine de la France libre.
C’est en ce jour anniversaire de la mort du général de Gaulle que le président Jacques Chirac annonce la création, au sein du Musée de l’armée aux Invalides, d’un Historial dédié au grand homme. Il sera inauguré en 2008.
C’est la durée des contenus audio présentés au sein de l’Historial, qui dispose notamment d’une salle de projection de 200 places avec 5 écrans et propose 14 nouveaux dispositifs multimédias.
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, L’Appel 1940-1942, 1954.
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Vincent Giraudier : « L’Historial Charles de Gaulle est un laboratoire muséographique »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Vincent Giraudier : « L’Historial Charles de Gaulle est un laboratoire muséographique»