Réhabilitation

Vers un nouveau musée de Montmartre

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2011 - 560 mots

Menacé de fermeture en 2009, le musée devrait renaître en 2014 dans une version modernisée et agrandie.

PARIS - Marc Restellini, le controversé directeur de la Pinacothèque de Paris, rêvait de prendre possession de ce bel ensemble immobilier situé rue Cortot (Paris-18e), sur les contreforts de la butte Montmartre, pour y organiser ses expositions. Sans toutefois s’embarrasser des collections du musée qui y étaient abritées depuis la fin des années 1950. 
Les instances municipales ont balayé ce projet. Le 27 juin, la Ville de Paris a en effet présenté officiellement le nouveau locataire du Musée de Montmartre, désigné à la suite d’un appel à projets lancé en juillet 2010. Il y a peu, l’établissement était encore menacé de fermeture, après que la Ville s’était émue des errements de la gestion de la Société d’histoire et d’archéologie « Le Vieux-Montmartre », propriétaire des collections – comptabilisant près de 6 000 pièces –, et gestionnaire du musée installé dans des immeubles municipaux. Le transfert arbitraire de ses collections au Musée Carnavalet et à diverses institutions parisiennes a même été envisagé.

Gestionnaire de plusieurs lieux culturels privés, comme les châteaux de Castelnaud (Dordogne) et de Langeais (Indre-et-Loire), mais aussi concessionnaire du chemin de fer du Vivarais (Ardèche), c’est donc Kléber Rossillon, dont les grands-parents avaient déjà tenté de sauver le Bateau-Lavoir avant son incendie dans les années 1970, qui a su convaincre les édiles municipaux de la pertinence de son projet de valorisation. « Ce candidat, choisi par la Ville, nous convient », a précisé sobrement mais avec conviction Daniel Rolland, président de la Société archéologique. La volonté de Kléber Rossillon de collaborer avec cette structure, qui a depuis fait son mea culpa sur sa gestion passée, n’a pas été étrangère à sa désignation. Cette dernière continuera ainsi à occuper une partie des lieux pour y animer un centre culturel et à y organiser divers événements, tout en s’occupant de collecter du mécénat à destination du musée. De son côté, le nouveau gestionnaire aura la charge de réhabiliter l’ensemble des bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles, dont une partie a compté des occupants prestigieux tels que Pierre Auguste Renoir, Maurice Utrillo ou Suzanne Valadon. Ils seront agrandis par l’adjonction d’un immeuble mitoyen, l’hôtel Demarne, inhabité depuis une vingtaine d’années, et qui aurait pu être vendu par la Ville. « Cet agrandissement permettra, en renforçant la vocation culturelle du site, de financer les importants travaux de réhabilitation du bâti », précise Kléber Rossillon. Au total, ce dernier investira 12 millions d’euros dans la rénovation sur la durée totale du bail, soit cinquante-trois ans. « C’est un musée dans lequel le patrimoine bâti a beaucoup d’importance, précise le nouveau directeur du musée. Mon projet est autant un projet de réhabilitation patrimoniale que de rénovation d’un musée ».  

Les années Montmartre
L’établissement devrait donc rouvrir dans sa nouvelle mouture en 2014, après seulement quelques semaines de fermeture au public. Il offrira un ensemble agrandi, un parcours muséographique rénové mais toujours centré sur les grandes années de Montmartre, entre 1870 et 1914, ainsi que des jardins restaurés – et inspirés des jardins de Renoir –, offrant une vue sur la vigne de Montmartre.  Les objectifs de son gestionnaire ne manquent pas d’ambition : faire passer la fréquentation de 40 000 à 200 000 visiteurs annuels. L’exposition d’ouverture, consacrée à « Renoir et Montmartre », devrait y contribuer.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Vers un nouveau musée de Montmartre

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