Ce magnifique uniforme datant de la IIIe République fait une entrée remarquée dans les collections du Musée de l’armée.
Le Musée de l’armée vient de s’enrichir d’une pièce exceptionnelle puisqu’il a reçu de la part de Madame Lachal la tenue pratiquement complète d’un de ses ancêtres, le soldat de première classe Gabriel Chesnard, du deuxième régiment de Zouaves. S’il est fréquent que les familles d’officiers conservent des effets personnels, il est très rare que des descendants de « simples soldats » préservent avec un tel soin les tenues de leurs aïeuls. Cet ensemble constitue donc un témoignage précieux du quotidien de l’armée d’Afrique.
Les descendants ont non seulement conservé la tenue mais aussi une photographie prise lors de l’intégration de leur ancêtre dans son corps d’infanterie, ainsi que toute la correspondance échangée avec ses proches durant son service militaire (de 1882 à 1887). Ces soixante-sept lettres reliées, également données au musée, nous renseignent sur la vie et les préoccupations du jeune soldat depuis son départ, à 21 ans, de son village natal en Bourgogne. Elles renferment ses impressions sur son voyage, son débarquement, mais aussi des anecdotes.
Cette tenue est quasi complète : ne manquent que les souliers et la ceinture. Elle comprend une coiffe traditionnelle, un gilet, deux pantalons de type sarouel – un garance (non présent sur la photo) et un blanc – deux paires de guêtres, ainsi qu’une veste bleu foncé. Préservée dans un état presque parfait, à l’exception de quelques boutons manquants et d’infimes lacunes, la tenue a été conservée avec soin par la famille. Des restes de tabac ont par exemple été découverts dans la malle de transport, une protection jadis courante contre les nuisibles.
Le motif ovale brodé sur la veste nous renseigne sur son affectation. Les tombeaux sont blancs, ce qui signifie que le paquetage appartient à un membre du deuxième régiment basé à Oran. Caporal puis sergent, Chesnard a notamment participé à l’expédition du Tonkin. Il appartient à un corps atypique créé au lendemain de la prise d’Alger et composé à l’origine de troupes « indigènes ». À partir de 1841 ces derniers incorporent le régiment des tirailleurs, tandis que les zouaves intègrent uniquement des Français et des métropolitains.
Cette acquisition exceptionnelle par sa qualité et son caractère nominatif est emblématique de la politique d’enrichissement volontariste que le musée mène depuis peu pour mieux rendre compte de l’histoire de la colonisation et de la décolonisation. Ces sujets sensibles feront l’objet d’un parcours dédié dans la future extension qui devrait ouvrir au sein des Invalides à l’horizon 2030. L’établissement espère ainsi jouer un rôle historique, citoyen et politique afin d’aborder de manière objective ce débat de société.
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Une tenue de zouave
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : Une tenue de zouave