Dans la chapelle Palatine de Palerme, chef-d’œuvre de l’art arabo-normand, un échafaudage masque le plafond à muqarnas depuis 1989. La fin de la première phase de restauration vient de se terminer, mais les travaux doivent se poursuivre sur les mosaïques et les dallages.
PALERME (de notre correspondante) - La chapelle Palatine, conçue comme une église indépendante, a été par la suite englobée entre les deux cours du palais propriété des Altavilla avant d’être celle de Frédéric II Hohenstaufen. Construite en 1130 par la volonté du roi Roger II, la chapelle est un exemple unique de l’art arabo-normand. En fait, le splendide décor en mosaïque d’influence byzantine représentant de “très catholiques” sujets bibliques, coexiste harmonieusement avec le rarissime plafond de bois à muqarnas, inspiré par les iconographies profanes apparues au IXe siècle dans les cours des califes abbassides d’Irak.
La première tranche des travaux a surtout concerné la structure même de la chapelle. La démolition de ce qu’on appelait la fabrique de cire, construite au XIXe siècle sur le toit, a permis de retrouver la toiture d’origine en terre broyée et en crépi, plat, comme dans les premiers monuments normands. Désormais, une protection en matière synthétique le préservera des intempéries. Cette restauration, menée sous la responsabilité de Guido Meli, directeur du Centre régional de la planification et de la restauration, a également rendu plus lisible la structure externe de la chapelle, et a libéré les fenêtres jumelées du revêtement de carton qui les protégeait, permettant à la chapelle d’être de nouveau éclairée par la lumière naturelle. Parallèlement aux interventions structurelles, des essais de restauration ont été exécutés sur les mosaïques et le dallage de marbre avec des techniques d’avant-garde. Étant donné les résultats positifs, ces restaurations seront poursuivies lors de la dernière phase des travaux, qui concernera l’ensemble des décorations de la chapelle. La plus grande difficulté pour les mosaïques concerne les lacunes. Les parties manquantes ont été remplacées par des tesselles transparentes qui laissent entrevoir le dessin coloré à la sinopia en dessous, tel qu’il a été conservé, ce qui respecte totalement le critère de la réversibilité des interventions.
Malgré la fin des travaux sur l’édifice, il ne sera pas encore libéré des échafaudages qui cachent depuis plus de onze ans le splendide plafond de bois à muqarnas, considéré comme le plus grand ensemble de peinture musulmane médiévale conservé à ce jour. Cette envahissante structure métallique installée en 1989 ne devait pas soutenir le plafond, mais elle a prouvé son utilité pour les travaux de restauration. D’ici la fin de l’année, la directrice des Beaux-Arts de Palerme, Adele Mormino, attribuera à des entreprises les travaux de nettoyage, de consolidation et d’intégration des mosaïques et des dallages, dans le cadre d’un budget de 1,5 million d’euros, pour une durée prévue de dix-huit mois.
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Une influence arabe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°147 du 19 avril 2002, avec le titre suivant : Une influence arabe