Situé dans le désert du Sinaï, le monastère Sainte-Catherine a ouvert les portes de son musée un an après la date prévue (lire le JdA n° 108, 30 juin 2000). Exhibant une des plus prestigieuses collections de manuscrits et d’icônes, les moines orthodoxes de cette citadelle fortifiée conjuguent désormais cette nouvelle activité à leur culte quotidien.
Londres (de notre correspondant) - Le 8 décembre, le monastère Sainte-Catherine a inauguré un musée. À quelques jours de la Sainte-Catherine, les collections de ce lieu isolé dans le désert du Sinaï ont ainsi été rendues accessibles au public alors qu’elles n’étaient autrefois visibles que par les chercheurs et les hôtes privilégiés. Considérant le musée comme une “sacristie protégée”, la communauté orthodoxe séculaire dispose à présent des aménagements nécessaires pour exposer ses trésors à l’attention des milliers de visiteurs qui pourront désormais arpenter une plus grande partie de Sainte-Catherine, puisque le musée surplombe le complexe monastique. Cet espace “rénové” a, au cours du millénaire écoulé, essentiellement servi d’abri aux objets sacrés. En effet, cette enceinte fortifiée au cœur des montagnes cache l’une des plus importantes collections de manuscrits et d’icônes après celle du Vatican. Provenant de la plus vieille bibliothèque chrétienne en activité, le trésor du monastère – des pages du Codex Sinaiticus datant du IVe siècle – est le plus ancien manuscrit existant de la Bible. Bien que la majeure partie du codex soit conservée à Londres à la British Library, ces douze feuillets découverts en 1975 à Sainte-Catherine sont exposés au public pour la première fois. Sont également présentés un palimpseste du Ve siècle – le Codex Syriacus –, qui propose une traduction de la Bible en syriaque ainsi que les trois plus célèbres et anciennes icônes à l’encaustique – le Christ Pantocrator, datant d’environ 530 avant J.-C., la Vierge en majesté, légèrement postérieure, et Saint Pierre – qui étaient exposées jusqu’à aujourd’hui dans le narthex de l’église. La vocation liturgique de tous ces objets, autrefois conservés dans l’ancienne basilique, n’a pas facilité leur transfert dans les salles récemment agencées. En effet, les orthodoxes considèrent que les trésors de Sainte-Catherine sont réservés à la prière et que cette exposition les détourne de leur vocation première. Cependant, le fait que les nouvelles salles soient très proches de l’église et protégées par les murs d’enceinte du monastère a rassuré les moines qui ont accepté ces nouveaux aménagements. “Tous les objets peuvent être ramenés à la basilique et être utilisés pour le service ; ainsi, ils participent toujours à la vie de notre communauté”, a déclaré l’un des moines. En ce qui concerne le chantier de ce site situé au cœur des montagnes du Sinaï, les matériaux ont dû être transportés sur de très longues distances depuis les ports égyptiens. Dédale de constructions antiques, le bâtiment est encerclé du mur d’enceinte d’origine en granite élevé par l’empereur Justinien vers 550 avant J.-C. Accessible seulement à dos de chameau avant la Seconde Guerre mondiale, le tourisme s’y est, depuis, considérablement développé. Les horaires d’ouverture de la basilique seront limités afin de permettre aux moines de poursuivre leurs prières et leurs activités quotidiennes sans être dérangés par les pèlerins et les visiteurs.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un musée pour les icônes du Sinaï
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°140 du 11 janvier 2002, avec le titre suivant : Un musée pour les icônes du Sinaï