VILLERS-COTTERÊTS
Emmanuel Macron veut faire de ce lieu hautement symbolique un « laboratoire de la francophonie ».
Villers-Cotterêts. Suivre scrupuleusement les recommandations du rapport d’Erik Orsenna (lire JdA n° 496 du 2 mars 2018) pour étendre les horaires des bibliothèques ; construire à l’automne une maison des étudiants francophones à la cité universitaire de Paris... Le 20 mars dernier, le président de la République a annoncé une série de mesures destinées à renforcer la place de la langue française dans le monde. Les amateurs de patrimoine attendaient en particulier les dispositions prises pour le château de Villers-Cotterêts, que le président avait annoncé vouloir remettre en activité en en faisant « l’un des piliers symboliques de (la) francophonie ».
L’idée n’est pas neuve : le projet d’installer dans ce château royal bâti sous François Ier un lieu consacré à la francophonie était voulu par différents acteurs depuis un certain nombre d’années. Il faut dire que c’est dans ce château qu’a été signée l’ordonnance du mois d’août 1539 consacrant le français comme langue officielle dans les administrations. Une souscription nationale devait être lancée au début des années 2000 (lire JdA n° 284 du 20 juin 2008) et via une proposition de loi, des députés avaient essayé de créer en 2009 une fondation destinée à installer au château des événements en lien avec la langue française. Sans résultat. Pourtant ce château royal devenu dépôt de mendicité au XIXe siècle, puis maison de retraite, a vu ses attributions se réduire au fil des temps et cherchait une nouvelle destination, tandis que son état se détériorait grandement. Sans doute fallait-il attendre que la maison de retraite gérée par la Ville de Paris, qui occupait d’anciens communs du château, ne déménage en 2014 (elle ne répondant plus aux normes d’accueil) pour que l’État, propriétaire principal du site, n’envisage de reprendre les commandes du lieu.
Jacques Krabal, député de l’Aisne, a sans doute senti que les voyants étaient désormais au vert, lorsqu’il a invité Emmanuel Macron à faire un arrêt au château durant la campagne présidentielle en pleine semaine de la francophonie. Difficile de ne pas prendre la mesure de la dégradation du lieu : pour des raisons de sécurité, le candidat ne peut pénétrer dans les plus belles parties du château. Et le lieu cumule suffisamment de symboles (site étatique en déshérence, rattaché à l’histoire de la langue française dans la ville natale d’Alexandre Dumas, qui est aussi une ville « à reconquérir », car passée en 2014 au Front national…) pour que Macron ne voie pas en Villers-Cotterêts l’opportunité de bâtir l’un des grands chantiers culturels de son quinquennat. Le 20 mars, le président a annoncé que le lieu avait été confié au Centre des monuments nationaux (CMN). À charge de l’opérateur culturel, qui a largement fait ses preuves et dont le portefeuille de monuments ne cesse d’augmenter, d’en faire un « laboratoire de la francophonie », qui serait un lieu d’expositions, de résidence d’artistes et de chercheurs, de rencontres ou encore de spectacles. Le CMN devra restaurer le site en cœur de ville composé de plusieurs corps de bâtiments, qui comprennent le logis Renaissance – dont les décors conservés lui confèrent une haute valeur patrimoniale –, mais aussi aménager les dépendances : on parle notamment d’un hôtel de luxe. Pour mener le chantier à bien, il faudra trouver des investisseurs publics et privés, mais aussi obtenir de la mairie que les enclaves du château appartenant à la Ville rejoignent le giron de l’État, les multipropriétés du lieu ayant longtemps gangrené l’activité du site. La tâche est lourde et le calendrier serré, la présidence de la République espérant voir le lieu ouvert avant les prochaines élections présidentielles et législatives en 2022.
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Un château de la francophonie à Villers-Cotterêts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°498 du 30 mars 2018, avec le titre suivant : Un château de la francophonie à Villers-Cotterêts