Politique

Éditorial

Plaidoyer pour la francophonie

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 1 avril 2018 - 362 mots

Mondialisation. Les Français entretiennent un rapport paradoxal avec la francophonie, cela ne les passionne pas ou peu, alors que l’enjeu est considérable.

Estampe, <em>Vue et perspective du château royal de Villers-Cotterêts</em>, 2e moitié 17e siècle,  Perelle Adam (dessinateur, graveur) ; Poilly Nicolas le Vieux de (éditeur)
Estampe, Vue et perspective du château royal de Villers-Cotterêts, 2e moitié 17e siècle, Perelle Adam (dessinateur, graveur) ; Poilly Nicolas le Vieux de (éditeur)
Photo Wikimedia

Pendant longtemps ce désintérêt a aussi concerné l’Europe jusqu’à ce que les politiques s’en mêlent et que certains en fassent un bouc émissaire facile. Encore récemment, la blague favorite des producteurs de télévision était : « Une émission sur la culture ou l’Europe ne fait que 1 % d’audience, mais une émission sur la culture en Europe cela fait 0 %. » Pourtant, à l’heure de la mondialisation, l’Europe et la francophonie sont deux atouts majeurs pour notre pays qui ne pèse que 4 % du PIB mondial et moins de 1 % de la population de la planète. Le discours d’Emmanuel Macron sur la francophonie à Villers-Cotterêts le 21 mars est ainsi passé inaperçu, à l’exception de la réhabilitation du château. Il est vrai qu’il annonçait surtout une stratégie et des objectifs qui devront être détaillés par les ministres concernés.

Un passage important du discours retient particulièrement l’attention : par calcul ou par conviction, le président considère que le « français s’est émancipé de la France ». En procédant ainsi, il dit clairement aux Belges, Suisses, Canadiens ou Africains que notre langue est tout autant la leur. Ce décentrement est peut-être le verrou symbolique qu’il faut faire sauter pour que les francophones des autres pays utilisent et promeuvent davantage leur langue française et que les Français, piqués au vif, s’intéressent davantage à ce trésor. Qui pourrait encore affirmer que les Américains, Néozélandais ou Australiens sont à la périphérie de l’Angleterre ? C’est parce que l’anglais est devenu une « langue archipel » qu’il s’est imposé dans le monde entier. Il sera difficile au français de supplanter l’anglais ; mais si l’Afrique se développe comme l’Inde et la Chine, il y a là une opportunité à saisir pour résister – ne serait-ce qu’à l’espagnol poussé par la démographie de ses locuteurs dans les trois Amériques.

Cela ne doit pas pour autant affranchir la France d’évangéliser le français et d’y consacrer plus de moyens notamment dans son réseau culturel à l’étranger. Le candidat Macron avait mis au même niveau « Promouvoir la francophonie » et « Regrouper les forces à l’international ». On attend le regroupement.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°498 du 30 mars 2018, avec le titre suivant : Plaidoyer pour la francophonie

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