Ségolène Bergeon Langle est conservatrice générale du patrimoine honoraire, spécialiste de la restauration des peintures. Elle vient de publier chez Hermann, La Restauration des œuvres d’art. Vade-mecum en quelques mots.
L’Œil Vous cosignez avec Georges Brunel un vade-mecum sur la restauration des œuvres d’art. Quelle est l’ambition de cet ouvrage ?
Ségolène Bergeon Langle L’idée de départ était que l’interdisciplinarité puisse vivre. Nous trouvions que les mots n’avaient pas le même sens pour les historiens, les scientifiques et les restaurateurs. Dans la restauration, il y a beaucoup de problèmes de vocabulaire, or si on a le même langage, cela facilite l’interdisciplinarité. C’est aussi un ouvrage pédagogique pour les décideurs de travaux et pour tous ceux qui s’intéressent à la restauration, afin qu’ils aient une idée de la complexité de cette discipline.
Vous militez pour l’interdisciplinarité, mais qu’apporte-t-elle à la restauration ?
Je pense que la restauration n’est pas un catéchisme, ce n’est pas un ensemble de dogmes, c’est un sujet dans lequel il faut entrer avec modestie, en respectant l’expérience et en sachant que l’on ne sait jamais tout. La restauration devrait donc toujours être le résultat d’une étude collégiale et interdisciplinaire. Or c’est très difficile en France d’obtenir que, dans une même équipe, il y ait un restaurateur, un historien et un scientifique qui respectent tout à fait la voix de l’autre. Car l’interdisciplinarité, ce n’est pas travailler chacun dans le couloir de son intelligence et de sa discipline, et ensuite produire une juxtaposition de résultats. C’est au contraire travailler ensemble auprès des œuvres avec sans arrêt le doute chevillé au corps et en dialogue permanent avec les tenants des deux autres disciplines.
Pourquoi restaure-t-on davantage aujourd’hui ?
Le goût du public a changé, il veut des tableaux plus frais. Je pense que ce phénomène a débuté dans les années 1960, quand les publications ont commencé à reproduire les œuvres sur papier glacé, et cela continue aujourd’hui avec les écrans d’ordinateur qui offrent des couleurs intenses. Le public a donc parfois l’impression fausse que le vernis est un cache de l’objet alors qu’il donne son maximum de saturation aux couleurs et qu’il est un protecteur de sa misère
si l’œuvre est usée.
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Ségolène Bergeon Langle : le goût du public a changé, il veut des tableaux plus frais
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Abonnez-vous dès 1 €Ségolène Bergeon Langle et Georges Brunel La Restauration des œuvres d’art. Vade-mecum en quelques mots, Éditions Hermann, 32 €. Lire L’Œil n° 677.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Ségolène Bergeon Langle : le goût du public a changé, il veut des tableaux plus frais