BARCELONE / ESPAGNE
Cette année, on prévoit un budget de l’ordre de 400 millions de pesetas (16,6 millions de francs) pour continuer les travaux de la Sagrada Familia de Gaudi. Le chantier sera informatisé. Mais les polémiques continuent quant à l’opportunité de reprendre les travaux entrepris d’après les plans de Gaudi.
BARCELONE - Depuis la reprise des travaux en 1952, à l’occasion du centenaire de la naissance de Gaudi, les polémiques sur l’opportunité de continuer les travaux, et les critiques faites à Josep Maria Subirachs, auteur de la façade très controversée de la Passion, n’ont jamais cessé. "La Sagrada Familia est un temple et, en tant que tel, elle doit être construite grâce aux dons des fidèles" explique Teresa Martinez, porte-parole de la fondation de la cathédrale. "Les dons ont beaucoup augmenté ces dernière années, montrant ainsi clairement la volonté du public de poursuivre la construction. Nous continuerons les travaux tant que les fonds le permettront."
Informatiser pour réduire les coûts
L’architecte en charge des travaux, Jordi Bonet i Armengol, a annoncé que, grâce à la collaboration de l’Universidad Politecnica de Cataluña, un système de dessins par ordinateur sera utilisé. Il permettra de diminuer les délais et de réduire les coûts. "L’ordinateur crée une représentation graphique qui remplace le traditionnel plastique, et la marge d’erreur est beaucoup plus faible" a expliqué Bonet, qui est le fils d’un collaborateur de Gaudi. "Grâce à l’informatique, une partie du toit de la nef centrale sera prête d’ici deux ans, avec une économie de 40% par rapport aux prévisions."
Jordi Bonet est fidèle au projet de Gaudi, qui a laissé un plan général détaillé. Actuellement, 40 % de la cathédrale environ ont été construits : la crypte – où se trouvent les tombeaux de Gaudi et des fondateurs –, l’abside, les façades de la Passion et de la Naissance, les nefs latérales et les fondations de toutes les colonnes qui maintiennent la nef centrale. Quoi qu’il en soit, la fin des travaux est encore lointaine. "La cathédrale pourrait être achevée en 2100" disent les architectes, mais le rythme de travail dépend des dons, et est de ce fait irrégulier. Il reste encore à édifier la façade de la Gloire, qui sera la façade principale, à installer le toit et à construire six tours.
Josep Maria Subirachs s’est installé un atelier à l’intérieur de la Sagrada Familia, où bientôt surgiront les deux derniers piliers de la nef centrale, au milieu de tas de ciment, de plans d’architectes, du bruit des grues et de la poussière qui recouvre tout. Subirachs déclare d’une voix assurée : "Travailler à ce temple est un privilège. Il me paraît absurde que l’on ait hésité à poursuivre les travaux, alors que la cathédrale est prévue pour durer des siècles. Gaudi disait qu’il n’était pas possible pour une seule génération de bâtir un tel temple."
L’architecte, qui travaille à la façade la Passion depuis le 10 juin 1986, n’a pas de réticence à parler des critiques soulevées par son travail, même s’il n’a jamais voulu y répondre publiquement. Il n’a pas plus réagi il y a deux ans, quand un groupe d’intellectuels a organisé une manifestation de protestation sous ses fenêtres : "Je suis d’accord dit-il, avec Salvador Dali qui disait que l’important, c’est que l’on parle de vous et que si l’on en dit du mal, c’est encore mieux".
Sérieux, il ajoute : "Je suis un fervent admirateur de Gaudi, c’est pourquoi je n’ai pas voulu pénétrer dans son domaine. Je n’aurais jamais pu l’imiter. J’ai donc préféré créer, même si les références à son œuvre sont nombreuses." En effet, l’une des statues représente Gaudi, et les casques des soldats ont la même forme que les célèbres cheminées de la Pedrera, la maison du Paseo de Gracia. La façade de la Passion, qui comporte une centaine de sculptures, devrait être prête pour la fin de 1995.
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Sagrada Familia, la polémique continue
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Sagrada Familia, la polémique continue