Les prix élevés qu’atteignent de nos jours les pièces mayas encouragent le pillage systématique des sites archéologiques. Au Guatemala, les cités du centre et du sud du Petén sont victimes de vols qui engendrent d’importantes dégradations sur les vestiges.
VALENCE (ESPAGNE) - Après l’effondrement de la civilisation maya “classique”, à la fin du IXe siècle de notre ère, les cités du centre et du sud du Petén, au Guatemala, ont connu la guerre, la famine, le dépeuplement, et enfin l’abandon. La forêt s’est peu à peu emparée des édifices et les a totalement ensevelis. Les sites sont restés ignorés durant près de mille ans, jusqu’à leur découverte par des artistes et des aventuriers du XIXe siècle. Mais, pour rapporter en Europe des vestiges de l’une des civilisations les plus raffinées de l’Amérique précolombienne, ces explorateurs ont causé d’importantes dégradations aux édifices et aux monuments enfouis dans la jungle tropicale. Exposées dans les musées du Vieux Continent et les grandes manifestations internationales, les extravagantes antiquités américaines ont alors développé l’intérêt pour ces cultures exotiques. Linteaux sculptés de bas-reliefs, stèles délicatement ouvragées, poteries de céramique polychromes, objets en jade, idoles de pierre ont été arrachés à leurs emplacements d’origine pour rejoindre les institutions publiques, les galeries et les collections privées du monde occidental. L’intérêt des universitaires et des scientifiques s’est également aiguisé, ces forêts leur offrant un excellent terrain d’études tant pour l’archéologie que l’environnement. Mais si, grâce à leurs descriptions et à leurs dessins, l’histoire des Mayas a pu être reconstituée, les archéologues n’ont pas toujours agi avec discernement pour la conservation des monuments. En arrachant les racines et les arbres qui y avaient poussé, ils ont malencontreusement contribué à la perte de stabilité des bâtiments et à leur écroulement. Grâce au Programme de Sauvegarde des Sites Archéologiques actuellement conduit dans le Petén sous la direction de l’Institut d’anthropologie et d’histoire guatémaltèque et avec l’aide du gouvernement allemand, il a été possible de mener des actions préventives sur les sites archéologiques de la région. Mais la forêt du Petén est constamment visitée par les voleurs. Dans les bâtiments et les monuments mayas, ils creusent des tunnels et de larges tranchées à la recherche de pièces archéologiques – céramiques polychromes, objets en jade et en coquillages, figurines en terre cuite, monuments sculptés – qui approvisionnent le marché illégal des œuvres d’art. Les pilleurs causent ainsi des dommages considérables aux architectures, allant même parfois jusqu’à emporter des façades décorées de superbes masques de stuc. Le travail des archéologues du programme de sauvegarde est de localiser chacun des sites et, après un rapide relevé topographique, de constater un par un les pillages effectués dans les édifices. Les restaurateurs ont ensuite pour mission de consolider les constructions afin d’éviter les écroulements. Étant donné la difficulté et la minutie du travail, il est impossible de réparer tous les dégâts, mais d’importants résultats ont d’ores et déjà été obtenus dans la sauvegarde des cités perdues des Mayas.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Razzia sur les Mayas
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Razzia sur les Mayas