Deux des plus grands collectionneurs mexicains unissent leurs forces pour construire un complexe muséal au cœur de Mexico City.
MEXICO CITY - Les deux plus grands collectionneurs d’art du Mexique s’associent pour exposer leurs fonds respectifs dans un nouveau quartier muséal situé au cœur d’un parc du centre de Mexico City. Ce complexe culturel, actuellement en chantier, présentera une importante sélection de la collection Jumex d’art contemporain réunie par l’héritier des jus de fruits Jumex, Eugenio López Alonzo. À côté sera érigé le Soumaya Museum, dont les collections de maîtres anciens, d’art colonial espagnol et d’art populaire et moderne mexicain appartiennent au magnat des télécommunications, Carlos Slim Helú. À la tête d’une fortune estimée à plus de 50 milliards de dollars (33,8 milliard d’euros), Carlos Slim Helú talonnerait Bill Gates au titre de l’homme le plus riche du monde.
Les deux musées se feront face au centre d’un parc paysager du quartier de Colonia Irrigación, jouxtant le quartier chic de Polanco. Ces projets s’inscrivent dans une zone de 50 650 mètres carrés dont l’aménagement est assuré par Grupo Carso, société appartenant à Carlos Slim Helú. Sa collection de 1 600 œuvres comprend des toiles du Greco, de Murillo, Zurbarán, Titien, Cranach, Brueghel le Jeune, Hals, Van Dyck et Rubens, de nombreux impressionnistes et post-impressionnistes, plus de 130 sculptures de Rodin, et beaucoup d’œuvres d’art colonial espagnol et d’art moderne mexicain. Depuis 1994, elle était exposée au Soumaya Museum (du nom de la défunte épouse de Carlos Slim Helú), installé dans le quartier de San Angel de la capitale. Son nouvel écrin, en construction, a été conçu par le beau-fils de Carlos Slim Helú, Fernando Romero, architecte qui a travaillé avec Rem Koolhaas. Fernando Romero a dessiné une tour de verre et d’acier de cinq étages qui comportera 6 000 mètres carrés de salles d’exposition. 1 500 mètres carrés y seront dévolus aux expositions temporaires, soit cinq fois l’espace de l’actuel Soumaya Museum qui devrait fermer à l’ouverture du nouveau musée en 2010.
Orozco, Alÿs, Aitken...
Au début de l’année, Grupo Carso a vendu 2 500 mètres carrés du terrain adjacent à la Fondation Jumex qui projette d’y ériger un nouveau musée. Cet édifice abritera les 1 700 pièces de la collection d’art contemporain d’Eugenio López, comprenant des œuvres d’Olafur Eliasson, Andreas Gursky, Doug Aitken, Gabriel Orozco, Francis Alÿs [lire p.14] et autres valeurs sûres, mais aussi de jeunes artistes. Des sélections présentées en alternance ainsi que des expositions temporaires d’œuvres provenant d’autres collections ont été organisées depuis 2001 dans une galerie-entrepôt de l’usine Jumex au nord de la ville, avant qu’Eugenio López n’annonce en 2005 son projet d’édifier et de diriger un second musée en centre-ville. Selon la directrice de la fondation, Abaseh Mirvali, un architecte doit être choisi prochainement. La liste des compétiteurs comprend quelques-unes des agences internationales les plus prestigieuses, dont Abaseh Mirvali préfère pour l’instant taire les noms. Le nouveau bâtiment accueillira la collection permanente et des expositions temporaires, et innovera avec des galeries d’essai destinées aux projets d’artistes émergents. Les programmes éducatifs bénéficieront de salles de cours et d’une bibliothèque riche de 6 500 titres, tandis que des bureaux seront réservés à la fondation, principal mécène du pays pour l’art contemporain. Le budget et le calendrier du projet ne sont pas encore fixés. « Nous devons être opérationnels à la fin 2010, car les représentants de Soumaya pensent être prêts à cette date et nous voulons que nos deux musées ouvrent ensemble », indique Abaseh Mirvali.
Âgé de 39 ans, Eugenio López achète des œuvres importantes depuis de nombreuses années. Il s’est dernièrement porté acquéreur de l’un des cinq exemplaires d’Elephant, de Jeff Koons, auprès de la galerie Gagosian (New York), de deux tableaux et d’un plâtre peint de Richard Prince, ainsi que d’un éventail de jeunes artistes mexicains. Il est l’un des administrateurs du New Museum of Contemporary Art, dont le nouveau bâtiment de Manhattan compte un étage à son nom, et du Los Angeles Museum of Contemporary Art, où il a créé un fonds chargé d’acquérir des œuvres d’art latino-américain. Sa fondation a lancé une initiative pour faire voyager la collection dans les diverses provinces du Mexique, avec une première exposition prévue à Puebla au début 2008. La Fondation Jumex a également subventionné une œuvre de l’artiste mexicain Carlos Amorales présentée en novembre à la biennale Performa à New York, et une autre de Santiago Sierra prêtée au nouveau centre culturel universitaire Tlatelolco à Mexico City.
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Quand Jumex rencontre Soumaya
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°271 du 14 décembre 2007, avec le titre suivant : Quand Jumex rencontre Soumaya