Dès l’origine, le Théâtre de la reine à Trianon a été un lieu plus ou moins privé où Marie-Antoinette jouait la comédie avec sa petite troupe. Grâce à sa discrétion, il semble avoir échappé aux vicissitudes de l’Histoire et conserve une bonne partie de ses décors, encore plus somptueux après la restauration qui vient de s’achever. Ils ont pourtant été réalisés à l’aide de techniques aussi économiques que le carton-pâte.
VERSAILLES - C’est un des lieux les plus secrets de Versailles. À proximité du Petit Trianon, dans un bâtiment à l’architecture anodine, que seul un porche à l’antique flanqué de deux colonnes ioniques distingue, se cache le Théâtre de la reine, un somptueux écrin bleu et or destiné à une comédienne inattendue, Marie-Antoinette. Construit par l’architecte Richard Mique entre 1778 et 1779, ce théâtre abritait les représentations données par la reine et sa troupe pour un cercle d’intimes. On y jouait ses auteurs préférés, Sedaine et Grétry, mais aussi Rousseau. En 1784, une dernière représentation y est donnée, celle du Barbier de Séville, un opéra-comique de Paisiello, d’après la pièce de Beaumarchais. L’écrivain y assistait, dit-on. Et son œuvre sera jouée pour la réouverture du petit théâtre en 1810.
Auteur par la suite du Hameau de la reine, Richard Mique s’inspire ostensiblement de l’Opéra royal de Gabriel, dont il reprend le plan ovale. Le parterre est encadré de deux baignoires ceinturées de balustrades, tandis qu’un balcon soutenu par des consoles figurant des dépouilles de lions court tout autour. Au-dessus, des loges sont dissimulées par des oculi grillagés. Même si le mobilier a été dispersé en 1794, le décor sculpté réalisé en carton-pâte a été conservé, à l’instar des deux figures féminines tenant les candélabres. Toutefois, l’état de ces ornements et du reste nécessitait une restauration, réalisée pour un montant de cinq millions de francs grâce au mécénat de World Monuments Fund, maître d’ouvrage de l’opération. Sous la direction de l’architecte en chef des Monuments historiques Pierre-André Lablaude, les travaux ont visé à stabiliser les structures, mais aussi à restituer la loge royale au premier étage. Par ailleurs, les décors de faux marbres ont été restaurés, de même les dorures à deux tons d’or. Quant aux tissus, ils ont été restitués en respectant leur hiérarchie qualitative et décorative d’origine. Si la machinerie, victime de malheureuses interventions passées, ne peut plus être utilisée, il existe encore au château de Versailles de nombreux décors de théâtre dont une partie a été dépoussiérée et dont les châssis ont été consolidés. Merveilles d’ingéniosité décorative, ces décors, qui circulaient d’une résidence royale à l’autre, constituent un patrimoine encore peu étudié.
- Des visites thématiques sont organisées aux dates suivantes : 16/11, 20/11, 27/11, 4/12, 11/12 et 18/12. Réservation obligatoire au 01 30 83 77 89, tarif : 72 F.
- À VOIR ÉGALEMENT : COLLECTIONS DE MARIE ANTOINETTE : LES LAQUES DU JAPON, jusqu’au 6 janvier, château de Versailles, appartements de Madame de Maintenon, 78100 Versailles, tél. 01 30 83 78 00, tlj sauf lundi 9h-17h30. Catalogue.
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Plaisirs secrets
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : Plaisirs secrets