Le nouveau président du Centre des monuments nationaux poursuit son audit des sites dont il a la charge. Si la restauration du patrimoine reste une équation difficile, il expérimente de nouvelles sources de financement.
Isabelle Manca : Comment est né le partenariat entre le CMN et le site de financement participatif My Major Company ?
Philippe Bélaval : Le ministère de la Culture nous a rapprochés dans le cadre de sa recherche de démarches innovantes. My Major Company souhaitait s’ouvrir au mécénat du patrimoine et le CMN disposait d’un grand nombre d’opérations à financer. Le partenariat s’est ainsi concrétisé naturellement, et les premiers résultats sont très encourageants. Cela prouve que les nouvelles technologies et les réseaux sociaux sont devenus des médias incontournables pour créer un élan populaire autour du patrimoine, et plus spécifiquement auprès de la jeunesse.
I.M. : Avez-vous d’autres projets comparables pour faire face à la rigueur budgétaire ?
P.B. : Cette opération avait un caractère expérimental, nous n’avons pas encore de programmes définis, mais nous allons travailler de plus en plus dans cette direction. Face aux difficultés économiques, il n’y a pas une solution miracle, mais un cocktail de solutions à mettre en œuvre. À cause de la baisse des subventions, l’établissement va de la sorte être obligé, dès 2013, de procéder à des économies de fonctionnement et de décaler ou d’étaler dans le temps certains projets. Cela ne nous empêche pas de lancer de grands chantiers, comme la restauration du château d’Azay-le-Rideau ou du dôme du Panthéon. Cependant, nous avons conscience que nous devrons certainement ajuster l’enchaînement des différentes phases de ces opérations en fonction de l’évolution de la conjoncture. La restauration du péristyle du Panthéon pourrait ainsi être reportée si la situation économique ne permet pas d’engager ces travaux après la fin de ceux du dôme.
I.M. : Quelles sont les pistes pour engendrer davantage de ressources propres ?
P.B. : Outre la conservation, notre mission est l’animation du patrimoine. Cela nous permet non seulement de faire vivre les monuments, mais aussi de maintenir un haut niveau de fréquentation et, donc, de ressources propres. Par ailleurs, nous souhaitons également développer la location d’espaces.
I.M. : L’abandon de la saison culturelle thématique, la dernière étant « Monuments et imaginaires », ne risque-t-il pas d’avoir une incidence négative sur la fréquentation ?
P.B. : Je ne le pense pas, car l’actualité nous fournit de nombreuses thématiques que nous pouvons décliner de façon signifiante dans plusieurs monuments, comme l’anniversaire de Soufflot en 2013 ou celui de Viollet-le-Duc en 2014. De plus, le thème unique avait certainement un effet de carcan sur les équipes qui pouvaient se sentir limitées dans leurs actions.
I.M. : De nombreuses tensions ont été signalées au CMN ces dernières années, quelles sont les conclusions de l’audit que vous avez lancé à votre arrivée ?
P.B. : Dans cet établissement, il y a des tensions structurelles de longue date, entre les monuments et le siège, et entre les monuments eux-mêmes. Il faudra du temps pour résoudre ces tensions. L’intérêt des projets à venir est aussi de fédérer les équipes autour d’un programme partagé et de leur redonner confiance. Pour ma part, je n’entends pas piloter cet établissement en regardant dans le rétroviseur, et c’est résolument droit devant que j’invite les équipes à porter leur regard.
Nommé président du Centre des monuments nationaux (CMN) en juin 2012, Philippe Bélaval a auparavant occupé le poste de directeur général des Patrimoines dès sa création en 2010.
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Philippe Bélaval - Président du Centre des monuments nationaux
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Établissement public administratif, le CMN gère près de cent monuments parmi les plus visités de France, comme le Mont-Saint-Michel ou l’Arc de triomphe.
9 millions
C’est le nombre de visiteurs par an. Une fréquentation qui impose le CMN comme le premier opérateur public culturel et touristique français.
« La volonté du grand public de s’impliquer est très forte. Il s’agit d’une tendance de fond. […] Nous allons chercher les gens via un média populaire. »
Victor Lugger, directeur général de My Major Company, Challenges, 8 novembre 2012.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Philippe Bélaval - Président du Centre des monuments nationaux