PARIS
Le plan « églises » commence à produire ses effets avec sept chantiers de restauration achevés en 2022. La Ville s’intéresse à ses fontaines, à commencer par les fontaines Wallace.
Paris. Lancé au début du premier mandat d’Anne Hidalgo (PS), en 2015, le « plan pour le patrimoine cultuel » d’un montant de 80 millions d’euros (depuis rallongé de 40 millions) commence à porter ses fruits. En 2022, sept chantiers de restauration entamés dans le cadre de ce plan devraient être livrés. Exemples d’un patrimoine cultuel en détresse peu à peu pris en charge par la Ville, les travaux des églises Saint-Louis-en-l’Île (4e arrondissement) et de Saint-Philippe-du-Roule (8e arrondissement) feront partie des monuments dont la restauration s’achèvera cette année.
Au début de la mandature d’Anne Hidalgo, ces deux édifices étaient particulièrement délabrés. En 2015, une partie de la croix en fonte de Saint-Louis-en-l’Île avait dangereusement chuté du haut des vingt mètres du clocher, épargnant de peu le curé de la paroisse. L’incident avait alors incité la Mairie à accélérer la restauration de l’édifice. Dans le 8e arrondissement, la toiture de Saint-Philippe-du-Roule particulièrement détériorée laissait la pluie s’infiltrer dans la nef. Couverte depuis 2012 d’un parapluie de métal – solution provisoire aux infiltrations –, l’église néoclassique se débarrassera enfin de cet échafaudage protecteur.
Ces deux restaurations emblématiques sont aussi les plus importantes livrées en 2022 : 8,55 millions d’euros ont été investis dans la réfection des toitures et parties hautes de Saint-Philippe-du-Roule, et 6,6 millions d’euros dans les toitures et façades de l’église de l’île Saint-Louis. On note également la livraison du chantier des couvertures de l’église du Saint-Esprit (12e arrondissement) : inaugurée en 1935, mêlant le style néobyzantin aux techniques du béton, elle est maintenant recouverte d’une coupole en cuivre, selon le vœu de son architecte qui n’avait pu réaliser ce projet, faute de budget.
Alors que le grand chantier de restauration de la façade de l’église de la Trinité (9e arrondissement, 26 millions engagés sur trois mandats) suit son cours, d’autres projets urgents vont pouvoir passer en phase opérationnelle : fin des études préalables et début des chantiers du massif d’entrée de l’église Saint-Eustache (1er arrondissement, 9 millions d’euros, voir ill.), dont les ouvertures sont étayées depuis plusieurs années pour stabiliser l’édifice, et de l’église Saint-Anne de la Butte-aux-Cailles (13e arrondissement). Les problèmes structurels particulièrement inquiétants sur cette dernière seront résolus par le confortement des fondations à l’aide de micro-pieux en béton. Coût du chantier : 10,5 millions d’euros. « Ça suffit ! », estime Karen Taïeb, l’adjointe au patrimoine de la ville au sujet du chantier à rebondissements de l’église de la Madeleine (8e arrondissement) : couverte d’échafaudages depuis 1998, une livraison des travaux est promise pour 2023. Avec quatre-vingt-seize édifices cultuels sous sa responsabilité, la Mairie a du mal à agir partout malgré un investissement régulier (32,5 millions supplémentaires engagés sur le budget 2022). Des édifices en souffrance demeurent sans solution, comme l’église Saint-Séverin (5e arrondissement) ou Saint-Germain-l’Auxerrois (1er arrondissement) : « Ils sont dans notre esprit, assure l’adjointe au patrimoine, et j’espère que l’on pourra commencer les études préalables avant la fin de ce mandat. »
Le patrimoine parisien ne se limite pas à ses édifices religieux et pour donner de la lisibilité à ses nombreux programmes de restauration, la Mairie de Paris impose un thème patrimonial chaque année. Si 2021 était consacrée à la statuaire parisienne, 2022 sera l’année des fontaines, « des œuvres d’art à part entière qui disparaissent du paysage parce qu’on n’y pose plus le regard », indique Karen Taïeb. Impossible ainsi d’échapper à la restauration de la fontaine des Innocents (1er arrondissement), chef-d’œuvre Renaissance de Jean Goujon, maintes fois repoussée par la Ville. La dépose des bas-reliefs devrait commencer en 2023.
Non loin de là, la fontaine Stravinsky et les sculptures de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely qui la décorent seront également restaurées. Du simple coup de propre voté initialement dans le cadre du budget participatif – à hauteur de 100 000 euros –, ce chantier devient finalement une véritable rénovation de toutes les installations techniques, pour un montant de 1,6 million d’euros. Et alors que l’on fête les 500 ans de la naissance de Molière, la fontaine dédiée à l’homme de théâtre sera également rénovée, avec l’application d’un gel anti-graffiti. 2022 sera aussi l’année du 150e anniversaire de la première fontaine Wallace : l’événement sera célébré par l’installation d’un authentique spécimen dans les jardins du Musée Carnavalet et par une exposition sur les Champs-Élysées en septembre prochain.
Côté budget, les opérations patrimoniales bénéficient de faibles apports du budget participatif (concentrés dans le 7e arrondissement) et de mécénat, sur de petites restaurations ponctuelles. La Mairie n’a pas encore trouvé la formule pour orienter ces dons vers les urgences patrimoniales, malgré l’embauche d’un responsable du mécénat. « Certes, c’est compliqué de rajouter des opérations à notre plan de charge, mais il ne faut pas empêcher le mécénat, il faut être à l’écoute », défend Karen Taïeb.
Autre piste de réflexion : la mise en valeur des riches collections de peintures conservées dans les édifices cultuels, largement ignorées des Parisiens, comme des touristes. L’adjointe au patrimoine annonce également la création d’un nouveau mobilier informatif sur l’histoire de Paris et confie apprécier l’outil QR code dans la médiation.
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Paris restaure peu à peu ses églises et ses fontaines
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°582 du 4 février 2022, avec le titre suivant : Paris restaure peu à peu ses églises et ses fontaines