Faut-il encore présenter le Voyage à Nantes ? Créé en 2012 dans la continuité de feu Estuaire – programme qui a permis, entre 2007 et 2011, d’enrichir en œuvres d’art les rives de la Loire de Nantes à Saint-Nazaire –, le festival d’arts plastiques s’attache à promouvoir un parcours artistique pérenne au sein de l’ancienne capitale ducale.
L’objectif affiché par la municipalité et par son directeur Jean Blaise – Voyage à Nantes étant constitué en une Société publique locale qui englobe l’Office du tourisme – ne souffre aucune ambiguïté : dynamiser le tissu commerçant local, modifier l’image de la ville en France et à l’étranger, développer le tourisme et engendrer des retombées économiques ! De fait, la culture aura été, à Nantes, un facteur de changement profond d’image et de transformations de la ville. Rien que pour les retombées économiques, une étude les chiffrait à 51,1 millions d’euros en 2016 pour un investissement de 2,7 millions d’euros.
Matérialisé par une ligne verte peinte au sol, le parcours nantais de plusieurs kilomètres relie ainsi entre eux des sites remarquables, des expositions temporaires et des œuvres commandées à des artistes pour être installées, parfois de manière permanente, dans la ville. Si les grincheux ont pu parfois reprocher un caractère de fête foraine à la manifestation, ils en seront pour leurs frais cette année en découvrant une édition plus subtile que celles des années précédentes. En 2018, la ville choisit en effet de faire l’éloge de ce pas qui fait se décentrer pour voir le monde autrement : le pas de côté. Le titre est emprunté à la sculpture que Philippe Ramette a réalisée pour la place du Bouffay, étrangement restée vide de tout monument à la gloire d’un « grand homme ». Pour combler cette absence, l’artiste français a imaginé la statue en bronze d’un homme – l’artiste, comme toujours chez Ramette – en bras de chemise, le regard tourné vers l’horizon, le pied gauche bien planté sur sa stèle et le droit reposant dans le… vide. Cet Éloge du pas de côté« incarne parfaitement l’esprit nantais, assure Jean Blaise. Nantes est une ville surréaliste ! » Celle-ci accueillera-t-elle de manière pérenne l’œuvre de Ramette sur sa place du Bouffay ? L’idée ne déplaît pas au directeur du Voyage à Nantes, qui a disposé ailleurs dans la ville d’autres Éloges de l’artiste : « de la transgression » cours Cambronne, « de la paresse » passage Pommeraye, etc.
Au théâtre Graslin, le drapeau noir de Nicolas Darrot présenté en 2017 cède sa place à une œuvre moins lourde de sens mais tout aussi mystérieuse : Inside de Daniel Firman est une sculpture en néon représentant un homme-flux décharné, baignée dans une nappe musicale. Michel Blazy, artiste du périssable, s’est quant à lui vu proposer la fontaine de la Place-Royale, dont il a déréglé les écoulements. Après Ange Leccia en 2016 et Dewar et Gicquel en 2017, l’exposition monographique de la Hab Galerie revient cette fois à Céleste Boursier-Mougenot, cet artiste-musicien qui fait tintinnabuler les bols, jouer les oiseaux de la guitare et danser les arbres. Le plasticien revient à Nantes neuf ans après avoir occupé la place du Bouffay dans le cadre d’Estuaire.
Labellisées par le Voyage à Nantes, deux expositions aux antipodes mais d’envergure internationale se tiennent au château des ducs de Bretagne et au Musée d’arts de Nantes. Si la première revisite le mythe des Vikings (« Nous les appelons Vikings », jusqu’au 18 novembre), la seconde immerge les visiteurs dans une installation historique de James Turrell : Cherry (1998). Immanquable.
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Nantes, un pas de côté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Nantes, un pas de côté