L’un des objets restitués à la Grèce serait un faux connu

Après une bataille judiciaire de dix-sept ans, la Grèce s’apprête à récupérer 351 antiquités pillées sur son sol. Cependant, une révélation de l’archéologue Christos Tsirogiannis, travaillant pour l’UNESCO à l’identification des antiquités volées, vient ternir cette restitution. En effet, parmi les objets qui seront restitués, il a identifié un vase du Ve siècle dont la décoration est en réalité une contrefaçon connue datant des années 1990. 

Il s’agit d’une olpé, un vase antique utilisé pour contenir et verser le vin, datant du Ve siècle avant J. -C, dont la décoration représente un satyre portant une grande amphore avec une chèvre qui apparaît à l’arrière-plan. 

En 1998, le chercheur Dietrich von Bothmer révélait dans un article publié dans la revue d’archéologie Minerva que cette olpé était une « contrefaçon moderne ». Si le vase date bien du Ve siècle, ce n’est pas le cas des décorations qui datent des années 1990. Dans son étude, Dietrich von Bothmer explique que le faussaire a utilisé des techniques d’écaillage et d’abrasion pour donner à la surface un aspect ancien. Cependant, il « ne se rendait pas compte que son objet, s’il avait été fabriqué dans un atelier attique [dans l’Antiquité], aurait eu une bande rouge ajoutée autour de son milieu comme seule touche de couleur. Cette ligne rouge apparaît maintenant sous et au-delà des chiffres fraîchement ajoutés, un détail négligé qui qualifie le produit fini de contrefaçon moderne ».

Christos Tsirogiannis a qualifié le travail du gouvernement grec de « honteux », compte tenu des recherches publiées par von Bothmer. La ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a souligné que son équipe avait « travaillé systématiquement et méthodiquement » pour étudier les artefacts retrouvés, « en particulier ces trois dernières années ». 

« Cela expose le niveau réel de recherche. Ils ont eu dix-sept ans pour mener cela correctement, d’autant plus que la ministre de la Culture est elle-même archéologue », a déclaré Christos Tsirogiannis au Guardian. « Elle l’inclut triomphalement comme vase du début du Ve siècle en raison de la décoration. C’est époustouflant, extrêmement embarrassant ».

Un porte-parole grec a déclaré que la ministre de la Culture ne pourrait pas commenter, car un nouveau ministre la remplacera bientôt. Cependant, la direction du ministère a indiqué que « dans les cas de récupération d’antiquités faisant l’objet d’un trafic illégal, toute recherche supplémentaire sur celles-ci est effectuée lorsque les antiquités sont de retour dans les musées grecs. Ce n’est qu’alors qu’il est possible de les étudier en profondeur et, si nécessaire, d’effectuer des analyses de laboratoire ».

La bataille pour récupérer les artefacts, lesquels remontent du Néolithique et vont jusqu’à l’époque byzantine, a commencé en 2006 alors que les autorités grecques enquêtaient sur le marchand d’antiquités, Robin Symes (né en 1939), identifié en 2016 comme l’un des acteurs clefs d’un réseau international de trafic d’antiquités qui a notamment alimenté les collections du J. Paul Getty Museum de Los Angeles. Parmi les pièces notables de la collection d’antiquités récupérées, il y a une statuette de l’ère néolithique taillée dans la pierre blanche datant de 4 000 ans avant J.-C., une figurine cycladique datant d’entre 3 200 et 2 700 avant J.-C., une statue en marbre endommagée de Korè archaïque datant de 550-500 ans avant J.-C., ainsi qu’une statue en bronze fragmentée représentant Alexandre le Grand jeune et datant de la deuxième moitié du IIe siècle.