PARIS - Abou Dhabi avait eu l’exclusivité, il y a un an, de la présentation d’une sélection des acquisitions menées pour le compte du futur « Louvre-Abou Dhabi ».
Le 29 avril à Paris, le président François Hollande inaugurait la version française de « Naissance d’un musée. Louvre Abu Dhabi », en présence de Cheikh Sultan ben Tahnoun Al-Nahyan, président de l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi. Un ensemble de 160 pièces allant d’une princesse de Bactriane (début du IIe millénaire av. J.-C.) aux peintures récentes de Cy Twombly donne un aperçu des quelque 400 pièces accumulées depuis 2009 par la commission paritaire d’acquisition. Doté d’un budget annuel de 40 millions d’euros jusqu’à 2019, celle-ci assure ne s’être donnée aucune limite chronologique, géographique, confessionnelle ou culturelle. Le Louvre-Abou Dhabi sera un musée universel, ou ne sera pas.
« Musée universel »
À entendre les éléments de langage (universalisme, dialogue des civilisations…) répétés par les commissaires Vincent Pomarède, directeur de la médiation et de la programmation culturelle, et Laurence des Cars, ancienne directrice scientifique de l’Agence France-Muséums, un retour sur la notion de « musée universel » s’impose. En 2002, une vingtaine de musées européens et américains, parmi lesquels le Louvre, s’étaient associés pour signer une « Déclaration sur l’importance et les valeurs des musées universels », dénoncée par le Conseil international des musées (ICOM) comme une tentative de « garantir davantage d’immunité face aux demandes de restitution ». Avec raison, le Louvre-Abou Dhabi n’a pas pour ambition de rivaliser avec ces institutions encyclopédiques centenaires. La notion de musée universel est ici invoquée pour justifier une approche à la fois chronologique et thématique, où seront mises en lumière « les similitudes liées au partage des mêmes expériences humaines par-delà les réalités géographiques, historiques et culturelles ». Ou quand un Christ bavarois en bois sculpté du XVIe siècle est flanqué d’un Sho-Kannon japonais du XIIe siècle, d’un Siva dansant en bronze du Xe siècle et d’une figure Soninké malienne du XIIIe siècle.
Identique à celui adoptée dans la Galerie du Temps du Louvre-Lens, ce décloisonnement se révèle indispensable à l’ouverture du Louvre-Abou Dhabi, qui, sans les prêts français prévus jusqu’en 2025, serait bien en peine d’offrir une présentation classique par école, technique ou matériaux. Le Louvre des sables risquera-t-il de sonner creux malgré ses trésors ? D’ici là, assure Vincent Pomarède, les acquisitions devraient contrebalancer les prêts décroissants. Dans le cas contraire, la reconduction d’un juteux contrat de prêt serait-elle envisageable ? Les liens tissés devraient être suffisamment forts pour imaginer une politique d’échange d’œuvres entre les deux pays, répond le musée.
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Louvre des sables
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Catalogue, coéd. Musée du Louvre/Tourisme and Culture Authority/Skira Flammarion, 320 p., 45 €, disponible en anglais et en arabe.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°413 du 9 mai 2014, avec le titre suivant : Louvre des sables