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L’Italie fait enfin place à l’art contemporain

Une donation et un prêt du comte Panza di Biumo

Par Silvia Dell’Orso · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 652 mots

Le comte Giuseppe Panza di Biumo a fait don de sa villa de Varèse et des cent trente-trois œuvres d’art contemporain qu’elle contient au Fonds italien pour l’environnement, tandis que le Mart de Rovereto, futur musée d’art contemporain dessiné par l’architecte Mario Botta, héritera d’un dépôt décennal d’une centaine d’œuvres, qui sont exposées jusqu’au 1er décembre à Trente.

VARÈSE - Le Musée d’art contemporain de Los Angeles, en 1983, et le Musée Guggenheim de New York, en 1990, ont réussi à s’assurer le gros de la collection Panza di Biumo. Sans oublier le Musée cantonal de Lugano, qui a reçu deux cents œuvres en donation en 1994. Mais jusqu’à présent, le comte Giuseppe Panza di Biumo n’avait pas réussi à doter l’Italie d’une partie de son immense collection, après plusieurs projets de donations avortés en faveur des châteaux de Vigevano ou de Rivoli. C’est chose faite aujourd’hui grâce au Fonds italien pour l’environnement (Fondo per l’Ambiente Italiano, Fai), qui vient officiellement d’annoncer l’acquisition de la Villa Menafoglio Litta Panza, située à Biumo Superiore, près de Varèse (Lombardie). Il s’agit là d’un patrimoine d’une valeur considérable, non seulement d’un point de vue monumental – la villa, qui date de la seconde moitié du XVIIIe siècle, est entourée d’un parc de 3,5 hectares –, mais également d’un point de vue muséal, puisqu’elle abrite pas moins de 133 œuvres d’art des années soixante à nos jours, auxquelles il faut ajouter 21 objets d’art primitif africain et précolombien, 105 meubles et objets d’ameublement du XIXe siècle (provenant de Litta Visconti Arese), et 84 meubles et objets du XVIe au XVIIIe siècle.

Dernières inclinations du comte
Il faudra toutefois attendre deux ans avant que la villa de Varèse ne soit ouverte au public. L’édifice, qui restera géré par la famille Panza, requiert en effet quelques travaux, qui seront financés par la Fondation Cariplo et la province de Varèse. Celles-ci ont débloqué 3,3 milliards de lires (11 millions de francs) pour rénover l’installation électrique et le chauffage, aménager un parc de stationnement, installer une cafétéria et une billetterie, mais aussi pour transformer en espaces d’exposition des salles qui étaient jusque-là réservées à l’habitation. L’ensemble sera réalisé d’après les projets des architectes Pippo Ghidini et Guglielmo Mozzoni.

À l’exception des œuvres de Dan Flavin, Jim Turrell et Robert Irwin – qui appartiennent à la Fondation Guggenheim de New York, à qui le comte les a données en 1992, mais ont été laissées en dépôt permanent à la villa en raison de leur caractère intransportable –, la collection témoigne des dernières inclinations du comte en matière d’art contemporain et comprend des œuvres de Ruth Ann Fre­denthal, Phil Sims, Stuart Arends, David Simpson, Robert Tiemann et Allan Graham.

Travailler de concert
En outre, un dépôt décennal dotera le futur Mart de Rovereto d’un autre noyau d’œuvres exécutées dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix par des artistes américains, passion presque exclusive de Giuseppe Panza. Une exposition, jusqu’au 1er décembre au Palazzo delle Albere de Trente (catalogue Electa), anticipe de fait les projets du collectionneur. Sont exposées une centaine d’œuvres d’environ vingt artistes que le comte a suivis récemment avec un intérêt tout particulier. Il s’agit, encore une fois, de David Simpson, Stuart Arends et Phil Sims, mais aussi de Lawrence Carroll, Ford Beckman et d’autres artistes dont les œuvres seront ensuite partie intégrante du nouveau Mart de Rovereto, actuellement en construc­tion sur les plans de l’architecte tessinois Mario Botta, auteur du nouveau Musée d’art moderne de San Francisco et du Musée Tinguely à Bâle (lire p. 25).

"Nous prévoyons d’ouvrir le musée d’ici cinq ans, affirme Gabriella Belli, directrice du Mart, mais j’aimerais que Mario Botta et le comte Panza di Biumo travaillent de concert à son aménagement. Il s’agit d’une collection extrêmement sobre, voire austère, indépendante des phénomènes de mode et entièrement consacrée à la recherche. Je voudrais qu’ils réussissent à faire ressortir les valeurs socio-historiques qui la caractérisent avant tout."

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : L’Italie fait enfin place à l’art contemporain

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