Les conditions d’exercice de la profession ont beaucoup changé ces derniers temps au point où la demande d’archéologues est supérieure à l’offre.
Italie. Fouiller le passé est devenu un métier d’avenir. C’est le constat que dresse l’Associazione Nazionale Archeologi (ANA) en présentant les chiffres de son tout dernier recensement. Il a été mené à l’occasion de la trentième rencontre annuelle de l’European Association of Archeologists (EAA) qui s’est tenu du 28 au 31 août à Rome. Le thème choisi cette année était « Persisting with Change ». Un changement dont se félicitent les plus de 7 000 archéologues italiens dont la profession a profondément évolué au cours de la dernière décennie
« Notre rôle a finalement changé grâce à la reconnaissance normative de notre métier dans le cadre de la loi 110 adoptée en 2014, explique Marcella Giorgio, toute nouvelle directrice de l’ANA. Les conditions de travail se sont améliorées et notre champ d’action est clair lorsque nous sommes en contact avec les administrations locales, les surintendances ou encore le secteur privé. »
Un secteur privé qui emploie désormais 75 % des archéologues dont la moyenne d’âge a fortement baissé. 63 % de ces « spécialistes du passé » ont moins de 40 ans et les deux tiers sont des femmes. Ils ne sont plus uniquement impliqués dans des campagnes de fouilles sur le terrain mais sont recherchés également pour les activités liées à la valorisation du territoire : de la communication culturelle dans les musées à la planification urbaine. La présence des archéologues est devenue constante dans les commissions sur le paysage, instaurées par les communes italiennes.
« La demande pour trouver des archéologues est devenue supérieure à l’offre, à tel point que les clients se plaignent parfois de la difficulté à trouver des professionnels en raison notamment du plan de relance européen, se réjouit Marcella Giorgio. Je ne pense pas que quiconque s’attendait à un tel boom, en partie parce qu’il y a dix ans, les milliards d’euros du plan de relance européen, dont l’Italie est le principal pays bénéficiaire, ont profité surtout au secteur de la construction. Cela a accru le recours à l’archéologie préventive pour vérifier la présence de trésors historiques dans le sous-sol. » Les archéologues sont également sollicités tout au long de la mise en œuvre du chantier. « Nous étions vus comme ceux qui les bloquaient dès qu’un vestige était retrouvé, explique Marcella Giorgio, mais au contraire, si nous sommes impliqués en amont des travaux, le risque d’arrêter le chantier diminue car nous pouvons trouver les solutions qui éviteront d’interrompre les travaux. »
L’autre grand changement dont a bénéficié la profession d’archéologue concerne leur rémunération. En 2011, lors du dernier recensement mené par l’ANA, 12 % déclaraient des revenus de 15 à 24 000 euros par an qui étaient insuffisants. Ils sont aujourd’hui 48 % à déclarer 18 à 24 000 euros de revenus annuels avec certains experts qui peuvent dépasser un salaire mensuel de 4 000 euros. L’ANA veut consolider les changements intervenus ces dernières années en créant un ordre professionnel.
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L’Italie connaît un boom de la demande d’archéologues
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : L’Italie connaît un boom de la demande d’archéologues