MARSEILLE
Laissé à l’abandon ces dernières années, le Musée d’histoire de Marseille rouvre dans une version dépoussiérée, agrandie et enrichie.
Marseille - La réouverture du Musée d’histoire de Marseille est le récit d’une véritable renaissance. En dessous d’un centre commercial bardé de béton, au pied d’un jardin de vestiges un peu triste et souvent désert : le Musée d’histoire de la Ville de Marseille faisait pâle figure et menaçait de fermeture. C’était en 2007, juste avant que la cité phocéenne ne soit choisie comme capitale européenne de la Culture. Depuis, le musée a subi douze mois d’intenses travaux, et si le centre commercial qui le domine est encore en chantier, l’institution a fait peau neuve pour son ouverture le 13 septembre dernier. Avec un budget de travaux de 35 millions d’euros, 3 500 m2 d’espace d’expositions, un auditorium de 200 places et 4 000 pièces exposées, Marseille, pas peu fière de compter vingt-six siècles d’histoire, se voit dotée d’un musée convaincant à de multiples niveaux. L’ancien musée, exigu et sombre, a laissé place à un lieu aéré, les baies vitrées reflétant la verdure du Jardin des Vestiges, site archéologique à ciel ouvert, où est dorénavant situé l’accueil général du musée. L’architecture du Centre Bourse, centre commercial et d’affaires, très datée des années 1970, souffrait d’un déficit de profondeur. Roland Carta et Adeline Rispal, respectivement architecte et scénographe, se sont adaptés au lieu en décloisonnant les espaces et en créant une perspective rasante sur le jardin. Sur le papier, plusieurs hauteurs sous plafond, des déambulatoires et des points de vue multiples rendent complexe le parcours. En réalité, les treize séquences qui déroulent la chronologie marseillaise se déploient avec une étonnante fluidité. La scénographie, volontairement sobre, s’appuie sur la luminosité des verrières pour jouer des effets d’ombre et d’obscurité.
Un itinéraire érudit depuis l’Antiquité
Le conservateur en chef Laurent Védrine a su s’entourer d’un comité scientifique sérieux, entre universitaires, chercheurs au CNRS et agents territoriaux. Et cela se voit : le discours est réfléchi, les objets choisis. Avec 4 000 objets ou supports, le musée a de quoi offrir au visiteur une plongée dans Marseille, de ses origines au VIe siècle avant J.-C. jusqu’à l’extension du port industriel dans les années 1960. L’accent a bien sûr été mis sur la ville antique, grâce à l’abondant matériel archéologique présent dans les collections municipales. Avec six navires antiques et un bateau romain de 23 mètres (exposé pour la première fois), le musée possède une collection unique, largement mise en valeur. De romaine, la ville devient médiévale : la restitution de l’église funéraire mise à jour entre 2003 et 2004 rue Malaval offre une séquence inédite sur les pratiques des premiers chrétiens en Occident, aux Ve et VIe siècles de notre ère. Là aussi, le discours, clair et concis, dispense un savoir pourtant complexe. Viennent ensuite les luttes de pouvoir au sein de cette cité qui devient française sur le tard, en 1487. Les vestiges conservés de l’église gothique Saint-Martin, montrent des chapiteaux ciselés avec soin, et un décor baroque ultérieur au luxe certain. L’édifice fut détruit en 1884, illustration du dédain des édiles de l’époque pour le patrimoine gothique, pourtant très rare à Marseille. Au fil du parcours, on passe devant l’appareil photographique de Nadar, les affiches pour les spectacles de Fernandel à l’Alcazar, la robe de la résistante Berty Albrecht. « Nous avons élaboré un discours scientifique très pointu, mais aussi un discours pour les enfants », explique Laurent Védrine. À chaque séquence, un petit atelier est proposé pour mettre en action les principaux éléments exposés. À cela s’ajoutent un matériel multimédia, des applications de réalité augmentée efficaces et une offre pléthorique d’ateliers pédagogiques. Avec la réouverture du musée, la ville se replonge dans son histoire
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L’histoire de Marseille en lumière
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Abonnez-vous dès 1 €2 rue Henri-Barbusse, 13001 Marseille, tél. 04 91 55 36 00, musee-histoire@mairie-marseille.fr, tlj, 10h-18h.
Conservateur en chef : Laurent Védrine
Architecte : Roland Carta
Surface d’exposition : 3 500 m2
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°398 du 4 octobre 2013, avec le titre suivant : L’histoire de Marseille en lumière