BÂMIYÂN / AFGHANISTAN
Le droit d'entrée pour visiter les ruines dont sont responsables les islamistes est de 3,2 euros pour les touristes étrangers.
En mars 2001, les talibans réalisaient l’un des pires crimes archéologiques de l’Histoire en pulvérisant à la dynamite deux statues géantes de Bouddhas, dans la vallée de Bâmiyân en Afghanistan. Alors qualifiées « d’horreurs impies, synonymes d’une religion pour dégénérés », par le chef des talibans, le mollah Omar, le discours chez certains talibans a aujourd’hui bien changé.
Depuis le retour du régime extrémiste au pouvoir en 2021, les finances du pays se sont effondrées, provoquant ce qu’un responsable de l’ONU a appelé « une contraction économique que nous n’avons jamais vue auparavant », comme l’a rapporté le Financial Times. À court d’argent, certains responsables talibans considèrent les restes des Bouddhas comme une source de revenus potentiellement lucrative. Ils ont ainsi décidé d’ouvrir le site aux touristes moyennant un coût d’entrée de 58 centimes pour les Afghans et 3,2 euros pour les étrangers.
Optimiste, le directeur de l’information et de la culture pour le gouvernement régional des talibans a déclaré que 200 000 touristes enregistrés en 2022, pour la plupart afghans, ont visité la province « Avec des efforts supplémentaires pour promouvoir et revitaliser la région, le tourisme pourrait devenir une source importante de revenus ».
Toutefois, les investissements dans la restauration et la mise en valeur du site nécessitent des moyens dont ne disposent pas les talibans, les amenant à demander aux investisseurs étrangers et aux archéologues de revenir et de reprendre leurs projets, suspendus depuis 2021.
Le Washington Post a rapporté que l’appel n’avait cependant pas été entendu jusqu’à présent, la prise de pouvoir des talibans et son régime dictatorial ayant, entre autres fléaux, provoqué la chute du tourisme dans le pays et le départ des archéologues. Les Bouddhas de Bâmiyân attirent principalement deux types de visiteurs : les soldats talibans et les Afghans urbains instruits en colère contre les talibans.
La décision d’ouvrir le site touristique ne fait cependant pas l’unanimité parmi les talibans. Le gouverneur de Bâmiyân, Abdullah Srahadi, estime que les touristes devraient être dirigés vers d’autres sites et que la destruction des Bouddhas était « une bonne décision ».
Les deux Bouddhas de 38 et 55 mètres de hauteur étaient debout depuis le VIe siècle et constituaient une attraction touristique majeure dans la vallée de Bâmiyân. Suite à leur destruction en 2001, Bâmiyân a été simultanément classé au patrimoine mondial de l’Unesco et inscrit sur la liste des sites en péril, en 2003. Depuis, 27 millions de dollars ont été investis pour sa sauvegarde, le Japon étant le plus gros contributeur avec 14 millions de dollars.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les talibans font payer la visite des Bouddhas de Bâmiyân qu’ils ont fait sauter
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €