Dans la continuité de l’édition précédente, le Salon du patrimoine privilégie les démonstrations de savoir-faire et l’ouverture à l’international.
Paris - Les allées du Salon international du patrimoine culturel, qui s’est tenu du 8 au 11 novembre dernier, au Carrousel du Louvre à Paris, avaient des allures de foire aux savoir-faire traditionnels, où les maîtres d’art tenaient boutique avec entrain.
Il faut dire qu’avec 217 métiers répertoriés sur dix-neuf secteurs, l’artisanat d’art est un domaine d’activité hétéroclite et atomisé. Le salon « est la seule occasion concernant le secteur du patrimoine de donner de la visibilité à ces métiers » en dehors de la discrétion des ateliers répartis sur tout le territoire français, explique Serge Nicole, président d’Ateliers d’art de France (AAF), qui gère le Salon depuis maintenant quatre ans.
En 2009, le Salon s’essoufflait dans un manque de cohérence, entre associations de défense du patrimoine et professionnels du secteur. « Nous avons ouvert sur l’international, avons fait un effort de scénographie, créé des espaces où les maîtres d’art montrent leur savoir-faire », insiste le président d’AAF. L’accent est mis sur les démonstrations : peinture sur porcelaine, calligraphie, ébénisterie, dorure sur bois, les visiteurs pouvaient voir des gestes devenus rares. Cette démarche a été renforcée avec l’arrivée d’un « off » qui proposait au public de visiter treize ateliers d’art dans et autour de Paris.
Implications écologiques
De son côté, la réunion des associations de sauvegarde du patrimoine, aussi appelée le G8 Patrimoine, est toujours au rendez-vous, et œuvre activement aux conférences qui continuent de faire salles combles. Cette année, avec le thème « Le Patrimoine éco-responsable », le salon a proposé pas moins de dix-huit conférences, qui abordaient les problématiques du développement durable à l’heure où les réglementations du Grenelle II de l’environnement entrent en vigueur. S’agissant de restauration du patrimoine, matériaux anciens et modernes sont devenus des enjeux en termes d’éco-responsabilité. Sur les stands des professionnels, vernis naturels et colles animales montraient une attention à la ressource et un non gaspillage des matériaux intrinsèques à la pratique du métier d’art. « Notre modernité réside dans cette éco-responsabilité », insiste Serge Nicole.
Entendre un porcelainier chinois discuter du kaolin et de son emploi avec un céramiste français, c’est aussi un des aspects du Salon, où les exposants internationaux sont de plus en plus nombreux. Treize pays étaient représentés cette année avec vingt-quatre exposants. Cette internationalisation renforcée est un des grands enjeux des organisateurs de l’événement, pour qui l’étranger est devenu un débouché naturel et constant des entreprises du patrimoine.
Cette formule du Salon, volontairement pluraliste, pédagogique et ouverte au grand public semble emporter l’adhésion des visiteurs : environ 20 000 visiteurs selon les organisateurs, aussi bien que lors de l’édition précédente. Seule ombre au tableau, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti n’est pas venue visiter le Salon, contrairement à l’habitude de son prédécesseur, Frédéric Mitterrand.
Le thème du salon de l’année prochaine est déjà choisi : ce sera « Patrimoine et territoires, la dimension des itinéraires culturels », du 7 au 10 novembre 2013, toujours au Carrousel du Louvre. Si jamais le nombre des visiteurs augmente encore, il faudra penser à un autre espace, la jauge du Carrousel n’étant pas extensible…
Depuis février 2012, l’Union nationale des métiers d’art (UNMA), créée à l’initiative d’Ateliers d’art de France, réunit dans une structure associative les fédérations et les associations des professionnels des métiers d’art. L’objectif : « faire remonter les problématiques » auprès des pouvoirs publics selon son président Serge Nicole. Dans la foulée, un Observatoire national des métiers d’art, en partenariat avec le ministère en charge de l’Artisanat et l’Insee, devraient proposer des études chiffrées et des statistiques plus précises sur ce secteur fortement atomisé. Une première étude sera publiée au premier semestre 2013. Les principaux chantiers de l’UNMA porteront sur l’élaboration d’un statut unique pour les 217 métiers d’art, une fiscalité commune et l’harmonisation de la filière de formation. Le travail de fond s’annonce herculéen, pour un secteur qui a perdu près de 17 000 emplois en l’espace de dix ans.
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Les métiers d’art à la fête
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Les métiers d’art à la fête